THE DAY I DIED [TERMINÉ]

III

Tyler a fini par détendre l'atmosphère en quelques minutes. Il est resté un peu avec Shawn pour lui parler et lui tenir compagnie, pendant que Nick continuait de jouer volontairement la chandelle entre les deux amoureux, histoire de rester loin de Shawn. Bienvenue à Dramaland, ici tout le monde s'amuse et joue ensemble. Sérieusement, des fois, je me demande ce qui me prends de toujours dire oui à Harry quand il me propose une de ces soirées bancales. C'était différent avant. Les rires et les cris ont commencé à fuser. Intérieurement, j'espère que les voisins ne vont pas téléphoner aux flics... J'ai préféré rester en retrait, à les regarder boire de loin avec la bière que Jeremy n'a pas réussi à me voler cette fois. Je garde un œil sur tout de cette façon. Je n'aurais pas l'impression que tout m'échappe... Je porte ma boisson une énième fois à mes lèvres et un léger goût amer se dépose dans ma bouche quand je me rends compte qu'elle est déjà vide. Je soupire, décidé d'aller me resservir, esquive au passage James et Harry, trop occupés à se chicaner pour faire attention à ce qui se passe autour d'eux. Est-ce qu'on boit beaucoup pour fêter le fait d'être tous réunis, tant que c'est possible ? Ou est-ce que c'est parce que tout le monde a une douleur sourde à faire taire et à noyer au fond de soi ? Est-ce que les poissons veulent plus de poison dans l'eau de leurs bocaux ? Il faut au moins ça pour survivre à ce joli monde dans lequel nous vivons. Ça doit être pour cela que tout le monde fume et bois.

James est venu me tenir compagnie pendant que Jeremy et Tyler font connaissance, j'ai eu le droit à des sous-entendus silencieux, des regards lourds et des haussements de sourcils, dirigés vers Jeremy.

— Met-toi tes allusions où je pense.

— Mais je n'ai encore rien dit !

— Alors continue de te taire.

Je croise malgré moi les yeux de Harry qui me lance un regard désapprobateur, il a sûrement saisi le sens de nos échanges. Je

fais comme si je n'avais pas compris le fond de sa pensée, je m'éloigne un peu pour continuer d'observer ce qu'il se passe en silence. Il a peur que je mange le petit agneau tout cru ? Il fait peut-être bien, le grand méchant loup n'a pas mangé depuis un petit moment. Je lui souris, l'air de rien.

Il doit bien être près de trois heures du matin. Shawn, Nick et Harry sont bien amochés. Nos hôtes, Tyler et Jeremy sont en train de danser au milieu du salon, gobelets en plastique dans la main, musique populaire vomie par les enceintes. Harry et James dansent l'un contre l'autre, plus ou moins sensuellement. Regarder des amis se frotter les uns contre les autres comme pourraient le faire des bêtes en rut, me gêne peut-être un peu plus que le regard insistant de Nick. Mais il paraît que c'est de coutume au vingt-et-unième siècle. Quel que soit les préférences sexuelles et les genres, on danse, sans savoir forcément danser. C'est un nouveau genre qui ne nécessite pas d'avoir de talent particulier. Et sur la piste de danse, qui ressemble davantage à un champ de bataille, on se livre une guerre que l'alcool guide avec un certain plaisir. Mais l'issue des combats ne révèle ni perdant ni gagnant. Ce n'est qu'un jeu, le but est de séduire l'adversaire. Quand on y regarde d'un peu plus près, quelles que soient les époques, on remarque que le but est le même. On s'y prend différemment au fur et à mesure que le temps passe. Et comme aujourd'hui, le fantasme n'est plus le sexe, mais l'amour, on séduit avec vulgarité. Les filles dénudent leurs corps et agitent leurs attributs, tandis que les hommes bombent le torse et montrent leurs muscles, accompagnant cette parade de quelques caresses déplacées, sans que personne vienne en vérité s'en plaindre, puisque la mode est à la démesure. Ce qui va trop loin devient amusant. Nous sommes des animaux.

Je vois Tyler entraîner Jeremy avec lui qui bouge comme il peut, ankylosé par l'alcool. Je ne peux m'empêcher d'afficher un sourire hébété en les voyant faire. C'est distrayant. Je les vois se