VI

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Je suis rentré chez moi en taxi, il a fait de même, un peu trop saoul pour avoir envie de se balader tard le soir, sous la pluie, en plein Londres. Il y avait longtemps que je ne m'étais pas senti comme ça. Joyeux. Apaisé. J'ai réussi à dormir quelques heures, plus que mes deux dernières nuits réunies en tout cas. La nuit a laissé un goût de trop peu. Je pense que j'aurais pu dormir un peu plus si mon réveil n'avait pas sonné. C'est d'ailleurs la première fois depuis des mois que mon alarme me sert à quelque chose le matin. J'ai pris une douche, et je me suis habillé avant de me maquiller légèrement les cernes, sans même plus faire attention à l'égratignure sur le coin de mes lèvres. Je dois réceptionner la livraison des nouveautés ce matin à dix heures. J'aimerais arriver en avance pour tout mettre en place avant que le livreur n'arrive. Ryan compte sur moi, j'aimerais arrêter de foirer ce que j'entreprends. Béa ne travaille pas ce matin, elle commence vers quatorze heures. Donc je vais de nouveau être seul avec Harry, du moins, pendant quelques heures. J'espère en secret que Jeremy lui a parlé pour mettre à jour la situation. Je n'ai pas envie qu'il me déteste trop longtemps...

Il n'est pas encore là, donc c'est moi qui ouvre. On passe par derrière, on pose nos affaires et on ouvre l'entrée avant d'aller faire le fond de caisse. C'est barbant. Tous les jours se ressemblent. Je suis fatigué. Ma vue se trouble. Je me sens

bizarre. Je n'arrive même pas à compter les billets correctement. Je soupire, essayant de faire de mon mieux.

******

J'ai mis plus de temps que prévu. Harry est arrivé quand je de rangeais l'argent dans le coffre. Je m'attendais à ce qu'il m'ignore. Moi, je l'ai ignoré quand je suis passé devant lui pour rejoindre le comptoir, mais au lieu d'en faire de même, il est venu se mettre à ma hauteur pour me dévisager.

— Tu es en avance.

Je hoche faiblement la tête. C'est comme si mon corps était engourdi, et mon esprit avec.

— Ryan m'a demandé de récupérer la livraison de ce matin. Je vais faire l'inventaire aussi, alors je ne voulais pas te... Je ne voulais pas te retarder.

Je cherche mes mots, et les espèces de taches noires qui brouillent ma vue me poussent à fermer les yeux plusieurs fois et à me tenir au mur. J'ai la tête qui tourne.

— Je vois, c'est sympa.

Je souris, un peu gêné qu'il fasse comme si de rien était après m'avoir ignoré toute la journée précédente.

— Jeremy m'a raconté pour hier soir. T'es peut-être pas si con en fin de compte.

Un petit rire amer s'échappe de mes lèvres.

— Merci. Je suppose.

— Je suis désolé pour tout ce que je t'ai dit l'autre jour. C'était gratuit. Tu ne m'as rien fait de mal. C'est juste que... je considère Jeremy comme mon petit frère et...

Je le coupe.

— Si bien que tu ne l'as pas contacté pendant trois ans.

Il ignore ma remarque et poursuit.

— Et maintenant que je l'ai retrouvé, je compte bien rattraper le temps perdu et le protéger un peu.

— Le protéger des connards comme moi ? Plus j'y pense et plus je me dis que Nick n'a peut-être pas tort quand il dit qu...

C'est à lui de me couper.

— Ce n'est pas ce que j'ai dit. Je veux juste que... Ne le fais pas souffrir Ylhan, c'est tout ce que je te demande. Ce n'est pas l'un des gars que tu peux croiser en bas de chez toi et ramener dans ton lit avant de le mettre dehors. C'est mon ami. Si tu veux le fréquenter, ne lui fais pas de mal.

THE DAY I DIED [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant