Le refuge

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   Hello ! On se retrouve avec une nouvelle Nouvelle😊. J'espère qu'elle vous plaira !  Sur ce, bonne lecture🌟📚

Thème : Les expressions françaises

(Je vous laisse trouver quelle expression j'ai choisie^^)

   Tes yeux vert pâle, tes prunelles voilées d'absence resplendissent pourtant de rêves et d'amour, plus qu'à tout autre moment de ton existence. Dans un autre endroit où tu brilles de la plus belle des façons, au sein d'un univers qui n'appartient qu'à toi, où tu te sens à ta place.

   Tu voles, tu plonges dans les abysses de ta conscience pour t'y laisser bercer...Tu traverses les nuages, atteints plus profond que le noyau de la Terre.

   Sur un carré de papier, tu te mets à tracer les lignes de ton âme. Tu graves ton désir le plus cher avec cet outil anodin qu'est le crayon de couleur. Tu dessines un chat gris, tu imagines son quotidien.

   Il a un ami écureuil, avec qui il joue chez lui...Ils rient ensemble et s'aident quand l'un est triste. Ils rencontrent un enfant baleine qui les emmène dans ce monde de merveilles qu'est le fond de la mer...Et un éclair d'enchantement allume les yeux du chaton.

   Puis ils remarquent, un jour, une grenouille, toute seule devant un étang. Elle est abattue car personne ne veut d'elle. Car personne ne lui a jamais accordé un seul regard... Mais le petit chat, l'écureuil et la baleine la réconfortent. Ils lui disent : « Tu n'es plus seule, maintenant ».

   Oui, elle n'est plus seule...

   Tu souris à cette pensée. Le petit chat aussi est bien entouré, comme il le faut pour être heureux. Ils ont tous une vie pleine de lumière.

   Tu cours. Tu sautes par dessus les flaques d'eau translucides laissant apercevoir le triste goudron de cette morne journée.

   Seule.

   Comme la grenouille, sauf que toi, tu n'as pas de petit chat pour t'aimer. Tu ne veux surtout pas y penser, alors tu ries, bondis par dessus tes problèmes pour éviter que la pluie ne déborde depuis tes yeux. Pour empêcher de transformer la flaque en étang...

   Un jour, tu en as assez d'être seule. Alors tu t'inventes un compagnon. À travers tes yeux, il bouge, te sourie, tu peux sentir son contact lorsqu'il te prend dans ses bras. Tu comptes pour lui, tu l'aimes, il t'aime. C'est aussi simple que cela. Pour toi, il est plus vivant que n'importe qui d'autre à l'école.

   Pourtant, à chaque sonnerie stridente annonçant le retour du travail, il s'évapore entre deux feuilles mortes.

   Pourtant, il ne se montre jamais lorsque ta profonde tristesse te submerge, lorsque certains mots t'écorchent le cœur et que ta gorge brûle de hurler ta colère au monde entier.

   Comme si le rêve n'avait alors jamais existé.

   Tu es chez toi.

   Tu es loin.

   Dans un monde où tout est possible. Sur un bateau aux voiles gracieuses voguant au large, dans un jardin de fleurs enchantées, partout... Des heures durant tu es persuadée d'être là bas, de vivre toutes ces aventures pleines de magie. Tu chevauches un dragon, fière et déterminée, tu sens le vent t'ébouriffer les cheveux. Le soleil te salue avant de se retirer dans un tempête de couleurs rouge et or. Tu éclates de rire, un rire simple et sans appel, une explosion de joie auquel ton dragon répond par un rugissement triomphant.

   Puis une voix t'arrache à ton paradis. Tes parents t'appellent pour aller manger. Tu ne viens pas tout de suite, tu reposes tes yeux sur les pages du livre. Ton dragon a encore besoin de toi...

   Tes parents te demandent pourquoi tu n'es pas venue. Tu leur réponds d'une voix enrouée :

   « J'ai besoin...d'un petit chat... »

   De retour devant ton cahier, à ton bureau, tu fixes avec attention ton dessin de la veille. les coups de crayon forment de petites oreilles pointues, deux pattes, car tu as déjà essayé d'en faire quatre et ce n'est pas très joli...Deux points noirs innocents pour les yeux, une queue bien droite dressée vers le haut, un grand sourire esquissé d'un trait. Et surtout, son petit nœud papillon bleu, ce détail étrange qui attire l'attention, ce qui le rend unique. En cet instant, tu veux devenir ce petit chat, car cette partie de toi, celle qui est spéciale, ne te rend pas attirante du tout. 

   Tu voudrais te faire disparaître. Sur ce dessin, c'est différent. Tout y est juste.

   Tu restes longtemps à contempler ton rêve. Au fur et à mesure que tu te perds dans les méandres de l'imagination, ton regard devient comme mort. Comme si ton esprit s'était recroquevillé au fond de toi pour se cacher, et s'évader au bon moment du monde réel,  rejoindre cet endroit merveilleux où tout est bienveillant...

   Tu te laisses emporter avec allégresse vers l'irréel. Vers ton refuge, ton remède, ton secours, ton oasis, ton havre de paix au milieu du chaos et de la souffrance.

   Mais soudain le monstre de haine, de peur, de désespoir revient. Tu entends la voix sèche de ta professeur :

   « Eh bien, Lauren, tu es dans la lune ? »

   La petite fille semble effondrée. Elle rougit soudain, se reprend et répond à la question. Je frissonne aux yeux moqueurs des élèves, vois ses larmes poindre, les ressens au plus profond de mon cœur. Aujourd'hui, j'ai encore mal de ces années.

   Mais, petite Lauren, dans le futur, je peux t'assurer que tu le trouveras. Oui, tu rencontreras ton chat. Et bientôt tu n'auras plus besoin de la lune et des livres, de ton compagnon imaginaire. Tu apprendras à faire de ta part « spéciale » une force...

   Tu seras là.

   Dans mon cœur, avec la vie réelle.

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