Amor Vitae Meae (OS)

- II -

Le bâtiment principal de la firme Vitam se démarquait de tous les autres, bien plus imposant. En levant un peu la tête, il était possible de le voir depuis l'autre bout de la ville. Tout en bas de celui-ci, Livio se sentait minuscule et particulièrement insignifiant. Sa paume serra la plaque militaire. Il faisait ça pour Saul.

D'un pas décidé, il remonta les quelques marches en marbre blanc devant la porte d'entrée et sentit les battements de son cœur s'accélérer. Avec son jean déchiré et sa veste molletonnée en cuir, il dénotait de tous ces gens parfaitement habillés avec des tailleurs ou des smokings noirs. Mais il ne pouvait pas se permettre de faire demi-tour. À l'accueil, deux femmes et un homme s'occupaient déjà de visiteurs. Livio rangea ses mains dans ses poches, le temps qu'une place se libère. L'endroit paraissait beaucoup plus grand que sur les photos de la brochure que l'entreprise lui avait envoyée ou ce que l'on pouvait voir sur Internet. Et c'était également beaucoup plus blanc. Une jeune femme à la peau mate, coiffée d'un chignon parfait, attira son attention avec un grand sourire digne d'une star de série télévisée. La personne qu'elle venait de recevoir quittait le bâtiment en marmonnant.

— Bonjour, je peux vous aider ?

— Oui. Hum... J'avais rendez-vous pour le programme.

Livio donna pour preuve la convocation qu'il avait reçue. La jeune femme lit rapidement le message et lui demanda sa carte d'identité, qu'il donna. Elle se déplaça de quelques centimètres avec sa chaise pour se tourner vers un ordinateur et commença à taper sur le clavier.

— Tout est en ordre monsieur Moreno.

Elle se leva d'un seul bond, surprenant le vétéran.

— Si vous voulez bien me suivre.

Elle quitta le comptoir de l'accueil et tendit à sa collègue une feuille en papier bleu avant de demander à Livio de la suivre. Elle sortit une carte magnétique de la poche de sa veste de costume et la passa sur un boîtier noir pour finalement appuyer sur le bouton d'appel d'un ascenseur. Livio observait tout autour de lui avec attention. Personne de son entourage n'avait eu la chance de pouvoir aller plus loin que le guichet d'accueil. Wyatt avait bien tenté une fois de postuler en tant que développeur, mais il s'était fait recaler bien rapidement.

Personne ne pouvait venir travailler ici sans posséder un curriculum vitæ parfait. Et des contacts déjà présents dans l'entreprise étaient obligatoirement nécessaires.

— Vous semblez nerveux.

Il jeta un regard à la jolie métisse, bien plus petite que lui malgré ses hauts escarpins noirs.

— Ne vous inquiétez pas. Il n'y a aucun risque que vous soyez recalé maintenant.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent devant eux et la jeune femme entra dans l'espace clos pour appuyer sur le bouton du trente-deuxième étage. Livio ne franchit pas le seuil.

— Tout va bien ?

— Je n'aime pas les espaces réduits.

— Ne vous inquiétez pas. Ça ne durera pas longtemps. Nos ascenseurs sont réputés pour être les plus rapides. Nous serons là-haut en un rien de temps.

Un peu méfiant, Livio pénétra dans l'habitacle avec une certaine crainte au creux du ventre. Il n'allait pas abandonner maintenant. Un lourd soupire s'échappa d'entre ses lèvres et il se plaça à côté de la jeune femme. L'ascenseur se mit en marche et Livio pressa avec sa main la médaille à son cou. Les murs étaient transparents et ça ne faisait qu'augmenter son angoisse. On pouvait voir chaque étage du bâtiment où chaque département spécifique travaillait. Les finances, le marketing ou tout ce dont le public pouvait avoir accès sur Internet. Le reste demeurait confidentiel.