Chapitre 6

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J'attends l'arrivée de Sarah depuis cinq minutes, debout sur le trottoir. Les gens me dévisagent bizarrement. Y'en a même qui pouffent après m'avoir croisé. C'est quoi ce délire ? Putain je viens de comprendre ! Le collier ! Je le retire vite-fait et le fourre dans mon sac.

- Bonsoir. »

Je me retourne, horrifié.

- Ah ! Salut ! »

Putain, elle a bien failli me prendre sur le fait.

- Ça va ? Vous avez l'air essoufflé. »

- Ouais... J'ai couru. Je ne voulais pas vous faire attendre. »

- C'est quoi cette odeur. C'est... C'est vous ? »

- Ouais... Désolé. J'aurais bien aimé passer chez moi pour me changer... » Dis-je avec gêne en passant une main derrière mon crâne.

- Bah allons-y alors. »

Elle a vraiment un beau sourire.

- Merci, c'est gentil. C'est par-là. »

Je n'arrive pas à croire que j'vais l'emmener chez moi.

- C'est quoi votre adresse ? »

- Rue palmier. Au numéro 18. C'est un studio en fait. »

- Et vous faites quoi dans la vie ? »

- Je suis détective privé. Il me semblait vous l'avoir dit au téléphone. »

- Ah oui, c'est vrai. »

Elle est maline. Elle essaye de vérifier que je ne m'embrouille pas dans un mensonge quelconque. J'n'ai pas intérêt à lui mentir.

- Et vous faisiez quoi quand je vous ait appelé ? » Poursuit-elle sur le même ton faussement innocent.

- Je me planquais pour épier un mec qui trompe sa femme. »

- Ah ouais ? Et vous étiez dans une poubelle ? » Elle rit.

- Exactement ! D'où l'odeur atroce que je dégage. »

- Vous avez le cœur bien accroché ! »

- Vous n'imaginez pas ! C'est ici. Vous voulez entrer ? »

- Non, je vais vous attendre là. »

- Ok. Je ne serais pas long ! »

Je monte les marches quatre à quatre, me précipite dans mon appart, retire mes fringues, me mets du déo, mets un pantalon et... Putain j'ai que des t-shirts de merde ! Celui-là est nul, celui-là a le logo d'un groupe de deathmetal, celui-là une blague sexiste, celui-là et trop simple, celui-là est carrément troué. Putain, j'n'ai pas une seule chemise ? C'est quoi ce bordel ?! Et ça c'est quoi ? Un vieux polo bleu. Ça fera l'affaire.

J'essaye de plaquer mes épis avec du gel pour ressembler à un humain normal. J'n'aime pas ma tête comme ça. Mais ça devrait lui plaire à elle vu que c'est la coupe à la mode. Je me regarde un instant dans le miroir. J'ai un peu la dégaine d'un punk californien avec une colo raté qui va à une réunion de famille. J'ai des cheveux blancs aux racines noirs - c'est naturel, ça pousse comme ça - dont les épis sont difficilement domptables, des yeux bleu électrique, l'oreille droite percée d'un petit anneau argenté. On dirait presque que les fringues propres ça ne me va pas.

En résumé, même si j'aimerais que ça m'arrive parfois, je ne peux pas passer inaperçu.

Je mets ma veste, remplis mes poches avec le contenu de mon sac. Ce dernier sent encore la poubelle. Je ne peux pas le prendre. C'est bon, j'ai tout, mes clefs, mes papiers, mon téléph... Merde ! Où est ce putain de téléphone ? Oh putain ! Je l'ai oublié chez elle ! Meeeeerdeuh ! Tant pis, je sors. Elle est toujours là.

Axel CookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant