~ Chapitre 3 : Contre nous de la tyranie... ~

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Le lendemain, les deux sœurs eurent beaucoup de mal à se réveiller. Les conciliabules nocturnes n'avaient clairement pas favorisés leur sommeil, et si leurs hôtes n'étaient pas entrés en tapant du pied et en parlant fort, elles ne se seraient sûrement pas lever ! Elles réussirent finalement à suivre Elisabeth et Gaspard, mais en ressemblant plus à des zombies qu'à des humains. Les deux cousins les menèrent dans la forêt attenante au village, où ils s'enfoncèrent. Les filles perdirent rapidement le sens du temps et de l'espace, il n'y avait que des arbres à pertes du vue, et elles commencèrent à s'inquiéter :

-Euh...Elisabeth...tu sais vraiment où on est? S'inquiéta Sybille au bout de vingt minutes de marche.

-Oh arrêtez de jouer aux peureuses! Grommela la résistante. Je connais cette forêt depuis que je suis toute petite!

-Ah..euh...bah tant mieux alors...

Le petit groupe arriva à destination après avoir traversé quelques buissons bien fournis en feuilles.
Ils se trouvaient dans une petite clairière cachée par la végétation qui l'environnait. Dans un coin, une minuscule cabane était recouverte de feuilles et de branchages. Au centre de l'espace dégagé, il y avait les traces d'un feu de camp, surplombées par un trépied qui soutenait une marmite. Quelques hamacs, tendus dans les arbres, servaient de refuges aux quelques personnes déjà présentes.

Gaspard grimpa avec agilité sur un arbre d'où il ramena une petite clé, en la tenant entre les dents.

-Bienvenue dans le QG du réseau de Résistance de Seichebrière! Annonça Elisabeth. C'est ici que nous cachons toutes nos affaires, disons...peu désirées par les nazis!!!

-Mais alors...Bertrand c'est un...

- Résistant, oui. Il a pris le maquis il y a à peu près deux mois car il avait été surpris en train de saboter une ligne de chemin de fer... il risque l'arrestation !

-Mais, vos parents sont au courant de tous ça? Demanda Sybille, un sourcil plus haut que l'autre.

-Bien-sûr ! Ils sont eux mêmes partis en mission pour le chef du réseau !

-Et qui est ce chef de réseau?

-Nous même nous ne le savons pas! Alors vous... Expliqua Gaspard. Seules certaines personnes reçoivent ces ordres, le plus souvent par écrit. Entre nous, on l'appelle planqué, il nous laisse prendre tous les risques et reste caché !

-Bon c'est pas tout mais il va falloir nous aider! Dit Élisabeth en ouvrant la cabane, et en en sortant une petite boîte, ouverte par la clé de son cousin. Elle en tira des objets ovales, qu'elle tendit vers le garçon. Tiens, Gaspard prend la grenade et explique à Brune comment ça fonctionne ! Il faut s'entraîner ! Pendant ce temps, je vais monter la garde avec Sybille.

La journée s'annonçait longue et rude. Pour commencer, Élisabeth fut obligée de tirer sa compagne dans l'arbre pour faire le gué, car celle-ci en était incapable toute seule! Heureusement qu'il y avait Louis, un autre résistant, qui se tenait sous l'arbre en assurant à la jeune fille qu'il la rattraperait si besoin.Arrivée en haut, Sybille pesta après les feuilles qui la décoiffaient et la sève qui lui collait aux mains. La jeune Résistante dut lui poser la main sur la bouche pour ne pas se faire repérer par la patrouille qui passait.
Quant à Brune, elle refusa de toucher à la grenade et poussa les hauts cris (ce qui fit tressaillir les allemands qui s'éloignaient déjà ) quand on essaya de lui poser dans la main, tant que Gaspard ne lui ai pas assuré qu'elle était désamorcée (bien que lui-même eut quelques doutes là-dessus).

Le déjeuner fut plus calme, et chacun put apprendre à se connaître davantage. Au fond, les deux cousins se ressemblaient assez : ils pouvaient tous deux paraître calmes et posés, mais pouvaient tout aussi bien exploser d'un moment à l'autre. Des cordes archi-tendues sur un arc, voilà ce qu'ils étaient. De la façon, dont ils en parlaient, il était facile de comprendre que, à leur yeux, Bertrand était autant un ami, qu'un protecteur ou un héros.
Quant aux deux soeurs, si au premier abord elles pouvaient semble horriblement superficielles, elles étaient en réalité amusante et pleine de caractère. Malgré tout, aucune des deux ne semblaient rassurer par leur situation actuelle.

D'autres personnes du maquis vinrent les rejoindre dans l'après midi, et se présentèrent aux deux sœurs. Elles rencontrèrent ainsi, Claire, une jolie femme, Alain, son mari, Victoria leur fille d'environ 10 ans, et Hélène, une jeune fille de 18 ans. Rajoutez à cela Louis, un jeune homme blafard et timide, et les deux cousins, et le maquis étaient quasiment au complet !

-On est les plus jeunes du maquis, expliqua Gaspard. Victoria ne participe que très rarement aux missions.

-Et Bertrand, c'est qui? Enfin, vous nous avez un peu parlé de lui mais pas assez pour qu'on le connaisse.

Elisabeth rougit légèrement.

- Il est un peu comme le second du maquis, c'est l'un des informateurs du planqué ! Toutes les semaines le chef lui transmet des ordres, dans une cachette bien précise ! Lui aussi fait partie des plus jeunes du maquis, alors personne ne sait pourquoi le planqué l'a choisit lui... Il est né en 1925, il n'a que 15 ans !

Dans la voix de la jeune fille, on pouvait sentir son inquiétude pour son ami. Ce fameux Bertrand ne devait pas être là personne la plus prudente et la plus raisonnable du monde...
La conversation continua sur d'autres sujets, tout aussi futiles mais intéressants, jusqu'au moment où il fallut reprendre le travail. Devant l'air déconfit des filles, Gaspard proposa d'échanger les rôles des deux sœurs, ce qui les enthousiasma.

Sibylle aida donc le jeune garçon à nettoyer et ranger les armes, ce qui lui plu beaucoup. Elle se révéla très habile avec la mitrailleuse, ce qui inquiéta assez son aînée ( "On est d'accord que ce truc reste ici, hein? Elle ne le ramène pas dans la chambre !")
Pendant ce temps, Brune montait tout en haut de l'arbre, avec une agilité qui surprenait même Élisabeth. Arrivée en haut, et pendant qu'elle jouait au cochon pendu, elle interrogea sa nouvelle amie sur leur mode d'alerte quand ils étaient repérés.

-A vrai dire, ça ne s'est jamais passé, donc pas de signal d'alerte. Dit Élisabeth en haussant les épaules. Mais tu fais bien de m'y faire penser, on sait jamais ce qui peut arriver !

-Vous pourriez pousser le cri d'un oiseau. Proposa Brune. Ils font ça dans tous les films.

-Pourquoi pas, c'est une bonne idée. J'en parlerai à Bertrand, la prochaine fois que je le verrai ! Enfin, si monsieur daigne se remontrer prochainement !

Le reste du jour passa rapidement, chacun étant à ses occupations. Sybille découvrit plein de nouvelles armes à feu, et les testa toutes, une par une, ce qui amusant la plupart des résistants.
Quant à sa sœur, elle fit un concours avec Hélène de celle qui monterait le plus haut dans un grand sapin, mais leur petit jeu finit vite en attaque de sève sur sa concurrente. Une surveillance très active !

Le soir tomba avec une rapidité surprenante, et les quatre enfants rentrèrent dans la maison des grands-parents des jeunes résistants. Après un rapide dîner, Elisabeth se leva, et, se raclant la gorge, commença à parler d'un ton grandiloquent :

-Je vous annonce à tous les trois que nous avons enfin notre propre mission! Nous avons reçu des ordres de l'un de nos informateurs. Demain soir, certaines personnes du maquis devront partir sur quelque chose de secret! Mais pour éviter que Franz ne leur barre la route, nous allons devoir lui tendre des pièges ! Nous avons toute la journée de demain pour les préparer ! Et Victoria va venir nous aider !

Tous se regardèrent en souriant, ravis.

-Mais attendez, demanda Brune, qui est Franz ? Vous n'arrêtez pas de nous en parler, mais on ne sait toujours pas pas qui il est.

-C'est un sale collabo, un type qui est passé du côté des boches. Un traître quoi.

-Mais d'habitude les collabos sont Français, non? Hasarda Sybille, Parce que Franz franchement ça fait plus autrichien ou allemand !

-D'où tu nous sors les Autrichiens? Demanda sa sœur.

-Bah de Sissi...tu sais le prince, il s'appelle Franz!

- C'est son surnom ! Soupira Brune. Et tu vas me tuer un jour avec tes réfs.

-En réalité il s'appelle François, expliqua Élisabeth. François Micquevaut. Mais depuis que nous avons été envahis, il porte ce nom, pour être à la mode en quelque sorte!

-Berk ! On n'a vraiment pas les mêmes modes! se moqua Brune.

Et sur cette dernière bonne parole, ils allèrent se coucher, non sans rêver à de multiples idées pour piéger le collaborateur, toutes plus farfelues les unes que les autres.

Tempora 1:Résistez Résistants! Où les histoires vivent. Découvrez maintenant