Chapitre 1 • 1e jet

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Aaron

Après avoir raccompagné Éden chez elle, je repris seul la route que nous avions parcourue ensemble. J'aurais pu la laisser rentrer seule lorsque nous étions passés devant chez moi, mais je ne l'ai pas fait. Je savais que rentrer plus tard signifierait prolonger un peu l'inévitable, retarder le moment où je devrais affronter l'atmosphère lourde et les éclats de voix qui m'attendaient à la maison.

Le chemin du retour me semblait interminable, chaque pas me rapprochant un peu plus du tumulte familial que je redoutais tant. Arrivé devant la porte, j'hésitai un instant, espérant naïvement que peut-être, juste peut-être, ce soir serait différent. Mais à peine avais-je posé la main sur la poignée que les cris de mes parents traversaient la porte, me rappelant brutalement à la réalité.

Je poussai la porte, traversai le hall d'entrée en essayant de me faire aussi discret que possible. Leurs voix montaient de plus en plus fort, se renvoyant des reproches et des accusations comme des balles de ping-pong. Je ne m'arrêtai pas, ne pris même pas le temps de poser mon sac, et filai droit vers l'escalier.

Arrivé à l'étage, je me précipitai dans ma chambre et verrouillai la porte derrière moi. Mon sanctuaire. Mon refuge. Je pris mon téléphone et mis la musique à fond, espérant noyer le son des disputes dans une mer de mélodies. Les basses vibraient dans la pièce, mais ce n'était jamais assez fort pour faire disparaître complètement les échos de leurs querelles.

Je m'allongea sur mon lit, fixant le plafond sans vraiment le voir, des pensées tourbillonnant dans ma tête. Pourquoi ne pouvaient-ils pas simplement s'entendre, ou au moins essayer ? Les disputes semblaient toujours revenir aux mêmes sujets, les mêmes reproches resurgissant encore et encore. Ils se déchiraient, et avec chaque mot acerbe, une partie de moi se déchirait aussi.

Je fermai les yeux, essayant de me concentrer sur la musique, sur les souvenirs de ma journée avec Éden, sur n'importe quoi qui pourrait me distraire de la guerre qui se déroulait en bas. La voix douce de la chanteuse me parvint, chaque note une tentative désespérée de construire un mur sonore entre moi et la réalité de ma maison.

Je ne savais pas combien de temps je pourrais continuer ainsi, à fuir derrière une porte verrouillée et un volume trop élevé. Mais pour l'instant, c'était tout ce que j'avais. Tout ce qui me permettait de tenir. Alors, je me laissai emporter par la musique, priant pour que le lendemain soit différent, pour un peu de paix dans ce chaos.

Le silence prit enfin place, les cris cessèrent, et mon père monta et toqua à ma porte pour m'indiquer qu'il était l'heure de manger. Je déverrouillai ma porte et descendis les escaliers, mon cœur battant encore rapidement après la dispute de mes parents. Arrivé en bas, l'odeur du dîner me parvint et je m'efforçai de respirer calmement.

À table, mes parents semblaient soudainement transformés, comme si l'atmosphère lourde qui régnait quelques minutes auparavant s'était dissipée.

— Alors, mon grand, comment s'est passée ta rentrée ? demanda ma mère avec un sourire bienveillant, en posant un plat de lasagnes fumantes au centre de la table.

— Ça s'est bien passé, répondis-je en m'asseyant, essayant de ne pas montrer mon agitation intérieure. Je suis dans la même classe que Gabriel.

— Gabriel, toujours là depuis l'école, dit mon père en hochant la tête, un sourire en coin. Vous devez être contents d'être encore ensemble.

— Oui, c'est génial. On a passé toute la journée ensemble, répondis-je en me servant une portion de lasagnes.

— Et les professeurs, ils sont comment ? demanda ma mère en s'asseyant à son tour.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 15 ⏰

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