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Sourire alors qu'il avait envie d'hurler sa peine au monde entier. Voilà une chose que Orion savait faire, même devant sa psychologue, Madame Martin, elle qui était pourtant là pour l'écouter parler.

- Alors Orion, dis-moi ce qui t'amène ici. De quoi veux-tu me parler en particulier ?

Pouvait-il lui faire confiance ? Pouvait-il parler sans faire attention à ce qu'il disait ? Allait-elle le juger ? Allait-elle penser qu'il en faisait de trop ?

Sous la table, ses mains se mirent à trembler, son pouls s'accéléra et sa respiration s'emballa. Ses mains étaient moites, il les essuyait sans cesse sur son pantalon.

Pourquoi avait-il pris cette décision ? Que faisait-il dans ce cabinet ? Pourquoi avait-il écouté Sacha ? Non, ce n'était pas une bonne idée. Elle n'allait pas l'écouter, elle allait souffler en l'entendant parler, elle allait lui dire que tout n'était que dans sa tête.

Il avait l'impression d'être pris au piège dans ce bureau, sans issu de secours pour fuir loin de cette situation.

Oui, il voulait changer les choses. Oui, il voulait aller mieux. Mais le changement lui faisait peur, la suite des évènements le terrifiait.

- Les gens pensent qu'il est facile de sortir de la dépression, qu'il suffit de se bouger un peu. Commença la jeune femme, le surprenant. Mais ce n'est pas le cas. Il y a beaucoup de travail à côté, cela peut faire peur, et c'est une réaction tout à fait normal. Peut-être que tu t'es installé dans une routine, et sûrement que cette routine ne te plaît pas, et contribue à ton mal-être. Sortir de la dépression, c'est aussi sortir de cette routine, les changements peuvent êtres gros, mais mon travail est de t'accompagner dans ce changement, je ne suis pas là pour te juger.

Orion respira lourdement. Il ferma les yeux en secouant la tête.

- Comment ? Il demanda d'une voix faible.

- Comment j'ai deviné ce à quoi tu pensais ?

Il hocha la tête, incapable de parler.

- Si je ne savais pas un minimum analyser les comportements des personnes sollicitant mon aide, je pense que j'aurais beaucoup de mal à exercer mon métier.

Il sollicitait son aide. Elle le voyait comme cela. Il n'était pas vu comme un patient comme un autre dans une liste longue. Il n'était pas juste " Le rendez-vous de quinze heure. ", mais un être humain qui sollicitait l'aide d'un autre.

- Je... J'ai l'impression de ne pas pouvoir m'empêcher d'analyser le comportement des gens... Il choisit de continuer sur cette discussion.

Elle se redressa, le regardant en lui donnant toute son attention. Doucement, elle l'incita à poursuivre, et entama avec lui un résonnement sur cette habitude qu'il avait.

Ils abordèrent ce point pendant une heure, tout le temps de la consultation. En premier temps, Madame Martin l'aida à comprendre la raison de ce comportement qu'il avait. D'où il venait et pourquoi il se déclenchait. Puis, ensemble, tout en restant dans une discussion qui semblait toujours dirigée par Orion, ils trouvèrent des solutions, pour l'accepter, ou pour l'atténuer, pour apprendre à s'en défaire.

Lorsque Orion sortit du cabinet, sa mère l'attendait dans la voiture, elle semblait légèrement inquiète pour lui, mais se détendit en le voyant sourire. Il se sentait bien plus léger, débarrassé d'un poids. Celui de la peur du premier mouvement vers la guérison.

Mais la réalité le rattrapa tout aussitôt. Il n'était qu'au début de ce processus. Forcément, il voyait les choses en grand, il pensait que tout allait aller très vite. Cependant, il se rappela qu'il ne devait pas se faire de fausse idée. Tout serait difficile. Certes, une personne l'avait écouté, certes, il avait été pris au sérieux par la psychologue, mais ce n'était pas elle qui allait le sauver de ses idées noires. Elle l'accompagnait juste, et il ne savait pas s'il allait trouver la force d'aller jusqu'au bout.

TᎯᏦℰ ℳᎽ ℋᎯℕⅅ (ℙℒℰᎯЅℰ...)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant