De la drogue, un verre de jus, Reuben, mes vêtements, l'appartement... Ces mots ne cessaient de retourner encore et encore dans ma tête. J'avais l'impression d'être dans un état semi-comateux, j'étais consciente mais je ne parvenais pas à ouvrir les yeux. Des brefs flashs de ce qui s'était passé en journée me revenait en mémoire : le coup de fil de Reuben, la petite rencontre avec Guy, l'arrivée chez Reuben... L'arrivée chez Reuben puis le trou noir. Que s'était il passé ? M'avait il vraiment drogué ? Ou tout ceci n'était qu'un cauchemar ? Il fallait que j'en ai le coeur net et la seule solution était d'ouvrir les yeux.
J'ai ouvert les yeux tout doucement en espérant me retrouver dans ma chambre, en souhaitant de tout mon coeur que tout ceci ne soit qu'un cauchemar mais j'ai vite déchanté lorsque mes yeux ont balayé la chambre. Elle ne ressemblait ni à la mienne, ni à celle d'Ezechiel, ni à celle de mes parents. Elle m'était totalement étrangère. Les murs étaient totalement peints en blanc cassé, des posters que je ne parvenais pas à identifier étaient collés à divers endroits, un grand placard et une petite table qui disparaissait presque sous des tonnes de documents constituaient le tout de la chambre.
J'avais la très nette impression que je n'étais pas seule, il y avait quelqu'un d'autre dans la pièce, Quelqu'un d'autre dans le lit. Je me suis retourné et je suis tombé sur un Reuben qui avait l'air de dormir profondément. Il avait pour tout vêtement un bermuda blanc. Qu'est ce que je faisais dans un lit avec Reuben presque nu? Oh non non non! J'ai passé mes mains sur mon corps sans oser me regarder, je n'avais plus que ma culotte sur moi. Où étaient mes vêtements ?! J'ai rapidement saisi le drap qui trainait à côté de moi et je m'en suis recouverte. Il fallait à tout prix que je retrouve mes vêtements et que je sorte d'ici.
J'ai secoué énergiquement Reuben qui dormait toujours.
- Reuben! Reuben! Reuben! Lève toi! Oh mon Dieu, qu'est ce qui s'est passé ?!
Pour toute réponse il s'est contenté de pousser des grognements en ouvrant peu à peu les yeux et en s'étirant.
- Reuben ! Mais réveille toi!, ai-je crié au bord de la crise de nerfs, dis moi ce qui s'est passé !
- Ce qui s'est passé ?, A-t'il répété en s'appuyant sur un coude pour me regarder, il s'est passé ce qui se passe d'habitude entre deux adultes qui sont attirés l'un par l'autre.
Mon coeur a raté un battement, ce que deux adultes font lorsqu'ils sont attirés l'un par l'autre... Il voulait dire qu'on avait couché ensemble? Non, non, non, non, non..
- Tu veux dire que... Qu'on.... Qu'on a couché ensemble ?lui ai-je demandé d'une voix presque éteinte.
- Oui Gwendal, a-t-il répondu d'une voix amusée, on l'a fait.
- NON, me suis-je écrié, ÇA NE PEUT PAS ÊTRE VRAI! C'EST IMPOSSIBLE ! JE NE ME SOUVIENS DE RIEN! QU'EST CE QUE TU M'AS FAIS ?!
- Baisse d'un ton Gwen, je ne t'ai forcé à rien. Tu as répondu à mes avances et nous nous sommes retrouvés ici, tu aurais pu m'arrêter lorsque nous étions encore au salon mais non tu ne l'as pas fais. Tu étais totalement consentante Gwen.
- NON C'EST FAUX! TU M'AS DONNÉ QUELQUE CHOSE, TU M'AS DROGUÉ ! IL Y AVAIT QUELQUE CHOSE DANS LE VERRE! ON EST MÊME PAS ENSEMBLE POUR SE RETROUVER DANS UN LIT!
J'ai quitté le lit en catastrophe et je me suis mise à fureter partout. Il fallait que je retrouve au plus vite mes affaires pour pouvoir quitter cet endroit. Être drogué et finir dans le lit du cousin de la personne qui me fait du chantage, une très belle manière de perdre sa virginité. J'ai jeté un regard furtif vers le lit que je venais de quitter, aucune trace de sang mais ça ne me rassurait nullement. Des études avaient montré que toutes les filles ne perdaient pas forcément du sang lors de leur premier rapport sexuel.
- Où est ce que tu vas ?
- Je rentre chez moi, dis moi où est ce que tu as laissé mes vêtements ?
Il s'est levé du lit et s'est approché de moi les bras grand ouverts, le sourire aux lèvres.
- QU'EST-CE QUE TU ESSAIES DE FAIRE ?, ai-je explosé en le repoussant violemment, ÇA NE T'AS PAS SUFFIT DE ME DROGUER ET DE COUCHER AVEC MOI ALORS QUE J'ÉTAIS INCONSCIENTE ?! EST CE QUE TU TE RENDS MÊME COMPTE DE CE QUE TU VIENS DE FAIRE ?
Bien-sûr que non, il ne mesurait pas l'ampleur de ce qu'il venait de faire car je n'avais jamais mentionné le fait que j'étais vierge lors de nos longues causeries. Et le dire là maintenant n'allait pas arranger les choses.
- SANS MON CONSENTEMENT ! C'EST DU VIOL REUBEN !
Je me suis prise la tête entre les mains avant de m'effondrer au sol en pleurs.
- Qu'est ce qui pourrait m'arriver de pire mon Dieu?
- Oh parce que tu crois que ça c'est le pire?, m'a demandé une voix qui n'était pas celle de Reuben.
J'ai levé la tête et je me suis figée. Renée, elle se tenait dans l'encadrement de la porte, un large sourire qui n'avait rien d'humain aux lèvres et une tablette entre les mains. Elle s'est approchée de moi tout en me toisant.
- Orh pauvre petite Gwen, a-t-elle commencé en se baissant à ma hauteur, tu veux voir le pire? Regarde.
Elle a penché sa tablette vers moi et là... L'horreur. Des photos de moi, dans des poses langoureuses et suggestives tantôt nue tantôt en sous vêtements. J'ai ouvert grand la bouche, incapable de prononcer un mot. D'où venait la haine que cette fille ressentait contre moi?
- Moi, à ta place j'aurais été aussi incapable de parler.
- Tout ce temps tu ne jouais que la comédie Reuben? Je te croyais différent de ta cousine.
- Orh s'il te plaît Gwen, a répondu celui ci d'un air dédaigneux, ça s'appelle le karma.
- le Karma mais je ne vous ai jamais rien fais, jusqu'en décembre dernier je n'étais pas au courant de votre existence !
- Orh, s'il te plaît arrête de jouer à ça Gwendal, maintenant tu veux jouer à l'innocente ?? Tu ne te rappelles pas quand...
- Chut Reuben laisse moi finir, a intimé Renée à son cousin, je ne sais pas encore ce que je ferai des ces photos Gwendal puisque j'ai déjà une arme contre toi: ta relation avec ton cousin.
- Toi, tu étais dans le sale coup de ta cousine depuis le début ?! Tout ce temps tu jouais la comédie ???
- Oui, il jouait la comédie ! Et c'était moi qui lui disait quoi faire, je te connais comme ma poche grâce à ton grand frère. Ce que tu aimes, ce que tu n'aimes pas, il me suffisait de transmettre toutes les informations à Reuben pour qu'il te prenne dans ses filets.
- Qu'est ce que tu veux en échange de ces photos ?, Ai-je demandé en essayant de ne pas laisser transparaître la peur dans ma voix, j'imagine que tu veux de l'argent.
- Oh de l'argent ? Je pourrais vendre ces photos sur mym ou my only fan et je gagnerai des milles et des centaines, beaucoup plus que ce que tu peux m'offrir. Tu connais ces sites n'est ce pas ?
Mym et only fan étaient des plates-forme permettant à des créateurs de contenu de partager des contenus exclusifs et payants à leurs abonnés, mais ceux ci sont la plupart du temps détournés de leur véritable objectif. Des contenus " pornographiques" se vendaient de plus en plus. J'en avais entendu parler lors d'une émission "sept à huit" qui y avait consacré de nombreuses minutes expliquant comment des personnes surtout des filles pouvaient changer leur niveau de vie en vendant des "contenus exclusifs" à leurs abonnés. Elle n'oserait pas faire ça... Divulguer ma nudité juste pour une poignée de billets ?
- Tu n'en serai quand même pas capable Renée ? Je ne dirai jamais rien à mon frère par rapport à ta relation avec ilian, je ferai tout ce que tu veux s'il te plaît efface ces photos, lui ai-je supplié les mains jointes, ne fais pas ça Renée s'il te plaît.
Elle m'a détaillé quelques secondes, son regard méchant allant de mes mains à mon visage puis elle est ressortie de la chambre en prenant le soin de la bloquer de l'extérieur. Comme sous l'effet d'un ressort, je me suis levée et me suis mise à tambouriner à la porte.
-RENÉE S'IL TE PLAÎT ! NE FAIS PAS ÇA ! NE FAIS PAS ÇA ! JE TE DONNERAI TOUT CE QUE TU VOUDRAS, JE FERAIS TOUT S'IL TE PLAÎT !
Reuben m'a observé pendant quelques secondes puis il m'a prise par les épaules pour m'éloigner de la porte.
- Lâche moi ! Qu'est ce que tu fais?, Ai-je crié le frappant de partout, lâche moi!
- je te ramène chez toi, tu n'es visiblement pas en état de pouvoir stopper un taxi ou tout autre chose.
Il avait complètement raison, je n'étais pas en état de rentrer par moi même.
*........*...........*...........*.........*.........*.........*
*Quelques jours plus tard*
- Gwendal ma chérie, je peux entrer ?
- Bien-sûr papa, entre.
J'ai balayé quelques livres qui étaient sur le lit pour lui faire de la place.
- Ça va bien?, m'a-t-il demandé en s'installant, tu as l'air plus déprimé que d'habitude ces derniers temps.
Déprimé c'était peu dire, j'avais perdu mon prétendu meilleur ami, l'amour de ma vie même si c'était mon cousin et des personnes mal intentionnées détenaient des photos très suggestives de moi. Avec tout ça, n'importe qui se sentirait plus que déprimé.
- Plus déprimé que d'habitude? Comment ça ?
- Je vis avec toi Gwendal, je suis ton père. Je sais que tu souffre au fond de toi parce que selon toi tu n'es pas comme les autres mais tu n'as pas à être comme les autres, tu es parfaite telle que tu es ma chérie. Intelligente, Belle, solaire...
Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire tandis qu'il deballait la liste de mes qualités selon lui. Si seulement il était au courant de ce qui se passait dans ma vie actuellement.
- Tu dis ça parce que je suis ta fille, tu ne peux pas penser du mal de moi. Ce serait bizarre.
- Mais non, je te dis la vérité. Dis moi, qu'est ce qui s'est passé au point de te faire rester dans ta chambre toute la journée ? D'habitude tu es toujours à la terrasse où à la cuisine.
- Des histoires de jeune papa, tu ne comprendrais pas de toute façon.
- Des histoires de cœur ?, m'a-t-il demandé avec un petit sourire, les histoires de jeune riment toujours avec les histoires de cœur.
- Humm non pas forcément, ai-je répondu en riant doucement, tu n'y connais rien papa.
- J'ai remarqué que tu riais vraiment lorsque tes cousins étaient là.
J'ai tiqué en entendant sa phrase, avait-il une idée de ce qui se passait avec Guy? Mais non, il a dit "tes cousins" sans plus de précision.
- la famille c'est le plus important papa, c'est normal que je sois heureuse quand mes cousins sont là.
- Laisse moi te dire petite fille, il faut parfois transgresser les règles. On ne sait jamais à quoi s'entendre, tu peux transgresser une règle que tu penses être règle alors qu'elle ne l'est même pas.
Qu'essayait-il de me dire? De m'en foutre du regard des autres et de vivre au grand jour mon amour "immoral" avec mon cousin? J'aurai bien aimé mais celui ci m'avait bloqué, il n'avait pas supporter de me voir main dans la main avec un autre gars.
- et parlant de la relation de ton frère, a-t-il continué en se dirigeant vers la porte, moi non plus je ne l'aime pas beaucoup sa copine, un mauvais pressentiment.
- C'est une sorcière cette fille, ai-je sifflé entre mes dents, je ne vois même pas ce qu'Ezechiel lui trouve.
Il a ouvert la porte et a posé un regard bienveillant sur moi.
- Tout ira bien ma chérie, j'ai confiance en toi.
Il a fermé la porte et je l'ai senti s'éloigner. Me regarderait il de la même manière s'il voyait des photos de moi nue circulant sur le web? Je me suis mordu la lèvre inférieure pour m'empêcher de pleurer, je ne faisais que ça ces derniers temps. Pleurer, encore et encore.
Depuis ce jour là, je n'avais reçu aucune nouvelle de Renée, ni de son cousin. Je n'avais aucune idée de ce qu'ils avaient l'intention de faire avec ces photos. Je m'étais cloîtrée dans ma chambre, je ne sortais que pour manger ou faire quelques petits travaux.
J'ai pris mon téléphone qui traînait sur ma table de chevet puis je me suis dirigée vers mon balcon bien aimé, qui m'aidait toujours à me calmer. Personne ne devait payer pour mes erreurs, mes parents ne méritaient pas d'être humiliés à cause d'une sotte qui n'avait pas su faire le distinguo entre de bonnes et de mauvaises personnes. Il est clair que ma vie allait ressembler à un enfer si ces deux sorciers là publiaient ces photos.
Je ne me sentais pas capable de le supporter, ma décision était claire.
J'ai envoyé un message à Ilian: " Tu ne connais pas la fille avec laquelle tu sors mais je ne t'en voudrais pas."
Oui, je devais le faire.