CHAPITRE 12: LA JETÉE

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Je me suis réveillée le lendemain matin avec un petit sourire aux lèvres, si je suivais mon plan tout devrait être fini pendant l'après midi. Je me suis apprêtée pendant une trentaine de minutes puis je suis descendue rejoindre les autres qui étaient déjà attablés autour du petit déjeuner. J'ai fais une grosse bise à ma mère qui était entrain de tartiner les pains et un câlin à Ezéchiel que j'ai senti se crisper entre mes bras.
-Depuis quand tu te crispe quand je t'embrasse Ezéchiel ?
-Euh... Je me suis pas crispé a-t-il répondu en marmonnant.
- Et aussi je voulais te demander des excuses pour la dernière fois, ai-je continué en m'installant à ma place habituelle, je n'aurai pas dû te crier dessus, tu es mon grand frère et je devrais toujours te respecter même si tu es en tort.
- C'est pas grave, je te disais ça juste pour ton bien.
- Je sais merci.
Il était nécessaire que je sois en de bons termes avec tout le monde avant de littéralement me "jeter". Mon père est venu nous rejoindre quelques minutes plus tard et après la petite prière matinale, nous avons commencé à manger.
- J'ai l'impression que ça va un peu mieux depuis hier Gwendal, a dit mon père, qu'est ce qui s'est passé entre temps ?
- Oh j'ai juste décidé de prendre certaines résolutions, des résolutions plutôt drastiques mais nécessaires.
- Et quelles sont ces résolutions, a demandé maman en me donnant un morceau de pain, et pourquoi sont-elles drastiques ?
- Je ne peux pas vous en parler, vous verrez juste les résultats.
- Tu as cours aujourd'hui ? Je pourrais t'accompagner si tu veux.
- Non merci maman, je me débrouillerai.
À la fin du petit déjeuner, je suis allée récupérer mon sac dans ma chambre et je suis descendue dire au-revoir.
- Tu ne veux vraiment pas que je t'accompagne ma chérie ?, a insisté ma mère, je dois juste aller là haut au bureau récupérer mes documents et...
- Chérie, a coupé papa, elle a dit qu'elle se debrouillerait, elle a sûrement ses raisons d'y aller seule.
J'ai jeté un regard de gratitude à mon père auquel il a répondu par un sourire discret.
- Vous passez une bonne journée, leur ai-je souhaité en les embrassant à tour de rôle, à ce soir.
Je suis sortie de la maison et me suis dirigée vers le carrefour où j'avais l'habitude d'emprunter une moto qui devait me laisser à la sortie du quartier. J'ai stoppé un benskineur qui quelques minutes plus tard m'a laissé à la sortie du quartier où je devais prendre un taxi qui me conduirait au campus. Mais aujourd'hui, je ne me rendais pas au campus, a quoi ça me servirait de continuer à faire les cours? J'avais besoin de tout autre chose, de calme et de sérénité. J'avais besoin de me rendre dans ce parc où ma descente aux enfers avait commencé. Ce parc où j'aurais fermée ma bouche si j'avais eu une petite idée de tout ce qui devait découler de cette foutue déclaration. Et dire que j'étais certaine qu'il allait me dire "je t'aime aussi" ce jour là, plus sotte tu meurs.
Après être arrivée dans le parc qui était plutôt vide ( nous étions un vendredi matin, les élèves étaient à l'école, les étudiants dans leurs différents campus et les adultes dans leurs différents lieux de travail), je me suis assise sur un banc qui avait l'air plutôt propre et confortable. J'ai sorti un format A4 et un stylo à bille de mon sac à dos. J'ai déposé un cahier comme support sur mes genoux, le format et j'ai commencé à écrire :

           À mes chers parents,

Ce n'est nullement de votre faute ce qui va arriver. Vous vous êtes toujours évertués à me donner les meilleurs conseils, vous m'avez toujours dit "aimes toi tel que tu es. Sois toi et le monde s'ajustera." Je n'ai pas su être moi, je n'ai pas pu être moi. Pourquoi? Parce que je trouvais que le moi que vous vouliez que je sois sortais trop de la norme, je voulais tellement être comme les autres que j'ai oppressé ce moi là et maintenant je ne suis plus sûr qu'il existe. Je le répète, ce n'est nullement de votre faute si je m'apprête à faire ça. J'aurai dû vous écoutez depuis le début, peut-être ça aurait changé quelque chose.
J'ai fais de grosses bêtises, d'énormes bêtises qui briseraient à coup sûr nos vies si je reste avec vous. Si je pars, ils n'auront plus aucune raison de faire ce que je craigne qu'ils fassent depuis des jours.
Dites à Ezéchiel que sa copine est une personne mal intentionnée, la personne la plus méchante que j'ai eu à rencontrer durant mes 20 années de vie.
Dites à Guy que je l'aime de tout mon coeur ( papa est au courant je le sais)
Ne pleurez surtout pas, je ne mérite pas qu'on le fasse pour moi.
Je vous aime de tout mon cœur, pour toujours.
                                                                                                                    Gwendal.

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