Mes racines

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Dans la pénombre de ma chambre, je me tiens devant la fenêtre, observant silencieusement les rues calmes de la Nouvelle-Orléans qui s’étendent sous mes yeux. Le soleil matinal commence à percer à travers les rideaux, illuminant doucement la pièce et révélant les détails familiers qui la composent. À vingt ans, j’incarne la grâce et la beauté discrète d’une héroïne de roman, comme le souhaite mes parents. Mes cheveux bruns, semblables à des cascades de soie, encadrent délicatement mon visage. Mes yeux, d’un bleu profond semblable à l’océan, ont toujours captivé ceux qui s’y plongent. Je pense qu’ils reflètent la sagesse et la détermination d’une âme bien plus ancienne que mon jeune âge ne le laisse paraître.

Ma peau pâle et immaculée est parsemée de taches de rousseur délicates, comme autant d’étoiles dans un ciel nocturne, témoignant des heures passées sous le doux baiser du soleil. Ces petites constellations terrestres ajoutent une touche de magie à mon visage comme me l’a toujours répété ma grand-mère. Ma silhouette gracile, sculptée par les danses secrètes des rues de la Nouvelle-Orléans, semble flotter avec une grâce irréelle, tel un ange descendu des cieux pour éclairer les ténèbres de la nuit. Je porte des vêtements qui épousent mes formes avec une élégance naturelle, une copie conforme de ma mère.

En dépit de ma beauté héréditaire, j’accorde peu d’importance à mon apparence extérieure. Je préfère me fondre dans la foule plutôt que d’être au centre de l’attention, trouvant un certain réconfort dans l’anonymat. Heureusement, je peux me dissimuler parmi mes trois sœurs, qui me ressemblent, et ainsi passer inaperçue à leurs côtés. C’est dans cette discrétion que je trouve ma véritable force. Ce qui me rend vraiment unique, c’est une marque de naissance discrète mais distincte qui orne mon épaule droite. Pour la plupart des gens, il s’agit simplement d’une petite tache de naissance, mais pour mes parents dévots, c’est la marque angélique des anges, une bénédiction céleste qui a justifié mon prénom.

Je suis la troisième fille d’une fratrie de quatre sœurs, toutes nommées d’après des figures bibliques, comme le voulaient mes parents.

Rachel, l’aînée de notre famille, est celle qui a ouvert la voie en matière de mariage. À l’âge de dix-huit ans, elle a échangé ses vœux avec David Jacobson, le fils du pasteur de notre paroisse. Cette union a semblé sceller non seulement leur amour, mais aussi les liens entre les deux familles. Pour moi, cette union a toujours été empreinte de questions : était-ce un mariage basé sur un amour sincère, ou simplement un moyen de satisfaire les attentes des parents ? Après leur mariage, Rachel a mis de côté ses aspirations universitaires pour se consacrer entièrement à sa nouvelle vie d’épouse. Pendant ce temps, David a poursuivi ses études en médecine et est devenu médecin généraliste. Il a ouvert son propre cabinet près de l’église où son père officie, ce qui a renforcé les liens déjà solides entre les deux familles. La dévotion de Rachel envers son mari est exemplaire, reflétant celle de la mère de David envers son propre époux, ainsi que les valeurs inculquées par leurs propres parents.

Sarah, la seconde fille de notre famille, a choisi un chemin différent de celui de notre sœur aînée Rachel. Après avoir terminé ses études, elle a attendu d’avoir vingt-quatre ans pour se marier. Sarah travaille désormais comme infirmière à l’hôpital de la Nouvelle-Orléans, mettant ses compétences au service des autres avec dévouement et compassion. Son époux, Antoine Boudreaux, âgé de vingt-six ans, a repris l’entreprise familiale de menuiserie de son père. En tant que fils unique, il a hérité non seulement du métier, mais aussi de la responsabilité de perpétuer la tradition familiale. Je sais que l’union de Sarah et Antoine est née d’une passion d’adolescente, nourrie par les sorties nocturnes de ma sœur et que ce mariage était inévitable.

La plus jeune de notre famille, Leah, est âgée de seize ans et elle est encore étudiante au lycée catholique local. Elle est la plus rebelle de la fratrie, souvent la source de préoccupations pour nos parents, qui craignent qu’elle ne suive pas le chemin de la vertu tracé pour elle. Malgré ses écarts de conduite occasionnels, Leah a un cœur en or et une soif insatiable de liberté et d’aventure.

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