Forget Me Not

III

Daphné entra dans les toilettes d'Alféa avec une démarche rapide, ses mains tremblaient presque. Elle s'assura vite que l'endroit était complètement vide avant de fermer la porte avec sa magie, afin d'empêcher quiconque d'entrer. La nymphe sortit la serviette dans laquelle la bague était enroulée, puis la posa près du lavabo. Ses doigts la manipulèrent avec précaution, consciente de la chaleur brûlante qu'elle dégageait. 

Cette bague n'était pas ordinaire, elle l'avait fabriquée elle-même, chaque gemme était soigneusement taillée et chaque détail avait été pensé. Elle l'avait faite par amour, seulement quelques années avant la destruction de Domino, elle y avait consacré tellement de temps pour la perfectionner, juste avant de l'offrir à quelqu'un de très spécial. Elle s'était même efforcée de toucher le saphir plusieurs fois et le polir à la main, même s'il la brûlait au toucher. Revoir ce bijou à Alféa après toutes ces années ne fit que réouvrir une ancienne blessure dans son cœur. Des souvenirs affluaient dans son esprit alors qu'elle contemplait la bague.

"Pourquoi un Saphir ?"

Daphné respira profondément, puis elle commença son sort de localisation afin de savoir où se trouvait la propriétaire de la bague. Ses doigts tracèrent des symboles dans l'air tandis qu'elle récitait les incantations.

"Ce n'est pas vraiment un Saphir. Un simple Saphir ne me brûlerait pas au toucher."

Le sort émit une légère lueur, Daphné vit une image se créer dans son esprit. L'arène d'Alféa. 

"Qu'est ce que c'est alors ?"

La nymphe sentit son cœur s'accélérer, elle retint un halètement. La vérité la percuta comme un coup de poing, un tourbillon d'émotions la submergea. 

"Quelque chose qui ressortira la couleur de tes yeux."

Daphné s'appuya lourdement contre le lavabo, comment avait-elle pu se tromper durant toutes ces années ? La détentrice de la bague de saphir était bel et bien vivante.

Pourtant cette nouvelle ne sembla pas la réjouir autant qu'elle l'aurait cru.

***

Bloom marchait à grandes enjambées, essayant de cacher son anxiété derrière un sourire confiant. Du coin de l'œil, elle aperçu Faragonda se ronger nerveusement les ongles dans les gradins, priant intérieurement que tout se passe sans accroc. 

Les deux combattantes prirent position face à face au beau milieu de l'arène. Le public tomba dans un silence qui accentua la tension. Bloom inspira profondément, jetant des regards furtifs vers ses amies qui lui offraient des sourires rassurants depuis les gradins. La fée ressentit quelque peu de déception lorsqu'elle n'aperçut Daphné nul part. 

- "Que le duel commence !" Annonça Faragonda d'une voix forte

Ce fut la rouquine qui lança le premier sortilège. Le duel commença avec une étrange douceur, les deux jeunes femmes échangeaient des sorts assez simples, chacune visait intentionnellement à côté afin d'éviter de blesser l'autre. C'était comme une sorte d'arrangement auxquelles elles s'étaient silencieusement engagées. Bloom lança une série de faibles boules de feu que Spencer esquiva sans grande difficulté. Mais pour une raison quelconque, la fée de la Flamme du Dragon ne semblait pas satisfaite. Le public était bien silencieux, pas un seul applaudissement, les gens semblaient presque ennuyés. La princesse de Domino voulait les impressionner, elle sentit une avalanche de confiance la traverser.

"Oui et puis tu es la détentrice du feu du Dragon ! Une simple sorcière de Tour Nuage n'a aucune chance contre toi."

Bien sur qu'elle était la détentrice du plus puissant pouvoir de la Dimension Magique, personne ne pouvait la vaincre. Et surement pas une sorcière aussi arrogante que Spencer. Bloom invoqua alors une flamme plus grande et plus puissante, l'envoyant directement vers la sorcière. Cette dernière fut prise de court par ce soudain changement de rythme, elle eu à peine le temps de créer un bouclier que la flamme lui brûla légèrement la main. Le public réagit enfin avec des murmures d'excitation. Bloom esquissa un sourire satisfait, elle se sentait puissante. Son adversaire la regarda d'un air interrogateur, comme pour dire : "Le duel est supposé être amical, non ?". Et il l'était, en théorie.