Chapitre I

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<<Isobel DARWIN ; borderline.>>

Ses cheveux dorés étaient rassemblés en une tresse bâclée sur le côté gauche de sa clavicule, sa tête reposait délicatement contre le rebord de la fenêtre d'où elle observait silencieuse, la pluie s'éclater contre la vitre finement recouverte d'une couche de buée. L'adolescente était une fois de plus plongée dans le noir le plus complet, des larmes dévalées de ses yeux bouffit pour ruisseler le long de ses joues rosâtres. La maison familiale était emplie d'un silence morne, ses parents s'étaient envolés pour faire une seconde fois le tour du monde, tandis que son frère ainé était partie pour la plus prestigieuse université du Connecticut, tandis qu'elle, elle était toujours là, les genoux repliés contre son thorax pour minimiser les horribles sanglots qui s'échappait de ses lèvres gercées. C'est alors qu'elle se leva de sa place initiale pour se diriger rapidement à la salle de bain, elle poussa les serviettes empilées dans le meuble pour pouvoir dévoiler une trousse noire, cachée de la vue de tous. Elle ouvrit minutieusement la fermeture éclair afin d'en extirper une lame étincelante. Elle déposait avec délicatesse ce petit objet tranchant sur le vasque du lavabo puis, inspecta son triste reflet dans le miroir. Comme une suite logique, apprise et maitrisée, elle se dévêtit retrouvant seulement vêtue de ses sous-vêtements noirs dentelés. Un étrange sourire se dessina instantanément sur son visage lorsqu'elle saisit la lame entre ses frêles doigts. La blonde se décida à planter la lame horizontalement dans sa chair, faisant de multiples traits sur des cicatrices encore bien trop fraîches. Malheureusement le manège ne faisait que commencer, après s'être attaquée à la totalité de ses cuisses elle se résigna à ouvrir ses bras par manque de place. Quelques perles de sang vives coloraient à présent ses bras et ses cuisses mais aucune douleur n'était présente, ça la tuait oui, ça la consumait de l'intérieur comme l'effet d'une cigarette mais en bien plus dévastateur.

Satisfaite de voir ses membres ensanglantés dans le miroir, elle rangea soigneusement la lame dans la pochette et fila dans la baignoire afin de stopper l'excès de sang qui commençait à dégouliner sur le carrelage blanc en petite flaques. Elle ouvrit alors le robinet d'eau en laissant le liquide brûlant la submerger lentement jusqu'à que son crâne soit enseveli sous quelque centimètres d'eau qui prenait une délicate teinte pourpre. Après plusieurs secondes la tête sous l'eau, elle se décida à sortir de son bain pour s'envelopper dans un drap beige tout en se dirigeant vers sa chambre. Elle posa brièvement ses yeux sur son téléphone ou de nombreux messages étaient visibles sur l'écran de veille. L'adolescente s'empressa de le saisir de sa main libre avant de le déverrouiller d'un geste habile.

Message texte de Seth x : a 19h58

«yo, se soir c'est la fête chez moi. Je t'attend à 21h et ramène une bouteille de bourbon de tes vieux merci d'avance Iso' x.»

Message texte de Calvin : a 20h55

«hey petite, ce soir party chez seth oublies pas blondie x.»

Elle laissa tomber sa serviette à ses pieds nus, puis s'empressa de bander une à une chaque entaille avec le plus grand soin afin qu'aucun soupçon ne soit en relaté pendant la soirée. Elle enfila dans la foulée une robe dont le noir contrastait parfaitement avec cheveux clairs, puis descendit dans le salon pour, comme l'avait demandé précédemment son ami, récupérer une bouteille. Elle laissait ses prunelles de jades s'attarder sur les nombreux contenant en verre avant d'en dérober un au hasard, ça ferait l'affaire, se disait-elle.

L'adolescente claqua quelques secondes après, la porte de son immense demeure, s'efforçant de sourire pour paraître heureuse, alors qu'elle ne l'a jamais vraiment été. Son sourire factice avait toujours été sa meilleure arme, son double visage voire son masque. Elle paraissait impassible lorsqu'elle souriait, personne ne pouvait suspecter son mal-être, pourtant, il était bel et bien présent. En l'observant naïvement, elle ressemblait à toutes les autres adolescentes de son âge ; innocente, équilibré, comblée mais en vain, c'était tout l'inverse.

Isobel avait cette faculté là, elle pouvait dissimuler ses sentiments alors qu'ils étaient bien plus décuplés que les autres, elle y arrivait, elle arrivait à faire croire aux autres qu'elle allait bien alors qu'elle était une sorte du Titanic humain, elle sombrait chaque jours un peu plus que le précédent.

<<Elle était comparable à la lune, une partie d'elle était toujours cachée autre part.>>


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