Chapitre IV

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<<Matthew Wilson ; Paranoïa.>>

La même voix le hantait, une prédominante odeur de cigarette mélangée à celle de l'alcool, et du Nirvana à en faire trembler les murs, voilà à quoi ressemblait l'univers de Mattew. Pour être sincère tout n'a pas toujours été ainsi, il n'a pas toujours été cet adolescent rebelle quelque peu perturbé, il était seulement un gamin pommé dans un monde d'enfoirés comme il le disait si souvent avec un étrange sourire en coin. Ce n'était pas sa faute, c'est seulement un concours de circonstances qui l'a fait devenir ainsi, si sa mère n'avait pas trompé son père devant ses yeux un soir de premier janvier, si par la suite son père ne s'était pas suicidé en apprenant la terrible nouvelle, si toute sa vie n'était pas un tel merdier il aurait pu être différent, mais il y a tellement de « si » que la question devient irrévocablement inutile.

Il était couché vulgairement sur son sofa, une bouteille vide à ses pieds, la respiration saccadé il essayait de se ressaisir mais en vain c'était impossible. Il gardait bien trop de choses en lui, bien trop de souvenirs, de conversations chuchotées devant le coin du feu, de gestes involontaire. Au bout d'un moment le cota explose, les épaules lâchent et tout ce qu'on a refoulé s'échappe comme une vague déferlante. L'alcool était devenu l'un de ses échappatoires, l'une de ses solutions les plus rapide pour faire taire toute ces voix, faire taire tout ces sentiment qu'il s'entêtait à faire disparaître jour après jour.

Il se releva difficilement, tanguant de gauche à droite tandis qu'un liquide brûlant remontait dans son oesophage. Il se dirigea sur l'un des tabourets en posant ses bras sur le comptoir en marbre luxueux.

-« Je ne comprends pas, c'est un bordel monstre dans ma tête. Pourquoi t'as fais ça? Hein pourquoi? qu'est ce que j'ai fais pour que tu me laisses ainsi, comme si je ne valais rien. Explique moi, car franchement j'ai rien fait, j'étais le gosse exemplaire que tout les parents souhaitaient avoir, et toi t'es parti, comme si t'était jamais venue, comme si nos souvenirs ensemble étaient seulement une hallucination, comme si nos fous rires à s'en tordre le ventre n'étaient que l'effet de la chaleur. Ca me dégoute, tu me dégoute, et d'autant plus de m'avoir fait ça, de m'avoir fait endurer ça. Et maman, elle, qui n'a fais que pleurer ta mort alors qu'elle en était l'unique responsable, qui devait la consoler? Moi. Qui devait la faire sourire ? Moi. Qui devait s'occuper d'elle ? Moi. Et qui été là pour essuyer mes larmes? Personne ou pour me dire que tout allait bien se passer? Personne, y'a jamais eu personne pour moi. C'est triste hein? Pas autant que ça en fin de compte, je me suis fais à ton absence, j'ai fait comme si tu n'avais jamais été là, comme si tu n'était qu'un fantôme errant dans mes souvenirs, j'ai même réussi  à oublier le son de ta voix, où même la forme de ton visage, tu vois ces trucs débiles. Mais aussi étrange que ça puisse paraître c'était plus facile après, plus facile à me faire à l'idée que t'étais mort et que tu ne reviendrais jamais.»

Non réponds pas, cette fois c'est moi qui parle, te justifie pas d'accord? C'est trop tard les dès sont jetés d'façon.

A cause de toi j'étais seul, vraiment seul. J'avais personne pour m'écouter, pour parler. Mais c'est aussi à ce moment là qu'elle a fait éruption dans ma vie, tu sais comme un ange déchu qui tombe du ciel. Elle a fait de mon monde quelque chose de merveilleux, d'extraordinaire, mais le problème c'est que je suis une cause perdue et elle aussi, on est tous les deux fatigués de la vie. On est en quelque sortes les Roméo et Juliette des temps modernes, la mort est notre échappatoire, mais je ne peux la forcer à faire ça, ce serait tellement égoïste de ma part.

Alors papa, je veux simplement te dire que t'es un enfoiré, un putain de lâche et que jamais je ne te pardonnerai tout le malheur que t'a causé autour de toi. Tu m'as détruit, t'as fais de moi ce que je suis, et ça jamais, jamais je pourrais le pardonner. »

Criait-il en retirant du revers de sa main une larme tandis que de l'autre il s'emparait d'une nouvelle bouteille, il la monta en l'air en un signe courtois puis la vida aussi rapidement qu'il le pouvait, malgré le dégoût présent dans sa gorge il ne s'arrêta pas, il devait faire taire cette voix, il ne la supportait plus. Le jeune homme s'étala une nouvelle fois sur le canapé puis composa le numéro de Payson, il serra entre ses bras le cadavre de la bouteille puis se recroquevilla sur le côté comme un gamin effrayé par un monstre. Il avait besoin de lui parler, d'entendre sa voix et de la serrer contre lui.

/Conversation téléphonique/

-« Oui? »

-« Ouais Payson c'est Mattew, j'ai b'soin de t 'voir maintenant. »

-« Tu es où? »

-« Chez moi, j 't'attends. »

Le temps entre l'appel et la venue de Payson parût une éternité pour Mathew, comme si les minutes sans sa constante présence était vouées  à être interminablement longues, comme un sablier que l'on retournerait sans cesse. La porte s'ouvrit en un coup de vent, ce qui fit frissonner le corps du jeune homme, il entendit des pas incertains avancer jusqu'à sa position, des larmes vagabondes s'échappaient de ses yeux tandis que ceux de Payson scrutaient attentivement les siens, essayant de décrypter quelque chose, de sonder un sentiment.

La main de la blonde s'était posée sur sa joue tellement délicatement que ce geste paraissait irréel, presque paradisiaque, la chaleur de sa paume contre sa joue, ses doigts faisant des cercles sur sa joue humide. Ca en était presque reposant, relaxant au point de pouvoir tout oublier, de faire un croix sur la douleur. Il sentit un manque lacérant lorsqu'elle retira sa main pour enlever la bouteille vide qu'il gardait précieusement entre ses bras. Il la regardait faire sans broncher, jusqu'à qu'elle se soit assise à ses côtés posant cette fois-ci sa main sur la sienne lui provocant une décharge électrique.

-« Payson.. »

-« Mattew, je suis là. T'inquiète pas. » répondit-elle d'une voix étonnamment douce.

-« J'ai cru que tu n'allais pas venir. »

-« Ne dit pas de bêtises... Mattew, je serrai toujours là pour toi. On a une promesse. Maintenant tu vas dormir d'accord? »

-« Seulement si tu restes avec moi... »

Les chaussures de Mathew fut déposées dans un coin de la pièce, un plaid recouvrait à présent son corps et ses yeux bouffit était à demi-clos. Il continuait de regardait la blonde alors qu'elle semblait partir, il attrapa vivement son poignet ne souhaitant en aucun cas la voir partir. Il respira lourdement.

-« Payson... implorait-il. Restes avec moi. »

Il n'entendit aucune réponse, il s'apprêtait à dire autre chose mais le corps de l'adolescente entra en collision contre son torse, son bras entoura sa taille fine comme par habitude puis il inspira son parfum dans sa nuque pour se prouver que rien n'avait changé, elle était là, près de lui, et ça ne risquait pas de changer.

-« Bonne nuit Matti. » lui avait-t-elle chuchotait en entrelaçant ses doigts avec les siens.

<<Cette voix était le reflet d'un manque, d'un manque constant qui lui déchirait les tripes, malheureusement ça le détruisait, ça grillait chaque cellules de son organisme. >>

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