Tiana

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Kendall, Floride

Le même jour

— Il t'a vraiment dit ça ?

Je lève les yeux au ciel alors qu'Owen me pose cette question pour la troisième.

— Owen, soupiré-je en lavant la dernière assiette.

Owen est la seule personne au courant de ma liaison avec Lee. Il faut dire qu'il m'a souvent exhorté à céder à la tentation lorsque je lui rapportais tous ces petits indices qui me faisaient penser que Lee avait envie de moi. Selon lui, j'avais le droit d'oublier un peu mes responsabilités et de penser un peu à moi. Sans ses encouragements, je n'aurais jamais franchi le pas.

C'est tout Owen !

— Excuse-moi, ma belle, mais c'est étonnant qu'il ait pigé si vite que vous baisez ensemble, toi et Lee.

— Si j'en crois ce connard, j'avais encore les lèvres gonflées et les yeux d'une nana qui venait de jouir.

— C'est vrai que tu as une drôle de lueur dans le regard après le sexe, affirme Owen.

J'attrape le torchon près de moi et fouette sa cuisse avec.

— Qu'est-ce que tu peux bien en savoir ? rigolé-je alors qu'il se frotte vigoureusement l'endroit où le tissu a rencontré son jean.

— Je l'ai déjà remarqué quand tu rentres de tes rencards avec Lee. Et aïe !

Owen prend la bouteille de vin sur le plan de travail et nous resserre deux fonds.

C'est l'un des moments que je préfère dans ma journée. Tim est au lit, la maison est rangée et je m'accorde quelques instants en compagnie de l'être que j'aime le plus au monde – juste après Tim – pour discuter de tout et de rien autour d'un bon verre de vin.

Un plaisir que nous nous accordons trop rarement, malheureusement. Owen travaille à l'hôpital, au service pédiatrique, et son emploi du temps ne nous permet pas souvent ce genre de soirées.

Je range le torchon avant de suivre Owen en direction du salon. La lumière est tamisée, la télévision éteinte, il n'y a pas un bruit, seulement nous. Je m'installe sur le canapé, Owen en fait autant et je tire le plaid posé sur le dossier pour le déplier sur nos jambes. Non pas qu'il fasse froid, mais j'aime la sensation d'être emmitouflée, je la trouve rassurante. J'accepte le verre de vin que me tend Owen avant de me blottir contre lui.

Mon plus grand réconfort, l'unique, depuis la mort de maman.

— Qu'est-ce que tu comptes faire avec ce type ?

Je joue des épaules.

— Rien, dis-je dans un souffle. Je n'ai pas le choix que de le supporter. Heureusement, c'est Lee qui s'occupera de lui.

— Mais il doit être hyper connu pour que Pierce revoit l'organisation du service pour lui.

— Personnellement, je ne le connais pas. Lee m'a expliqué qu'il combattait en MMA.

Je grimace.

— Moi et les sports violents, ça fait deux.

— Toi et le sport en général, glousse Owen.

Bien vu !

Je ris en portant mon verre à mes lèvres pour avaler une gorgée de vin.

— Comment s'appelle-t-il ? me demande Owen en récupérant son portable dans la poche de son jean.

— Aace Ellis.

Il le manipule une seconde avant de siffler d'une manière approbatrice.

— Quoi ?

— C'est lui ? s'enquit-il en pointant son portable devant mon nez.

Je grimace en découvrant une photo d'Aace à demi-nu, les bras levés en signe de victoire au centre d'un ring de MMA.

— Malheureusement, oui.

— C'est un beau morceau.

— Tu m'étonnes ! dis-je en levant les yeux au ciel. Un mètre quatre-vingt-seize. Cent cinq kilos.

Owen continue de fouiller sur le net.

— Et il vient au centre pour s'entraîner, c'est ça ?

— Pour quelle autre raison veux-tu qu'il y vienne ?

— Cet article raconte qu'il s'est vu suspendre sa licence. Il n'a plus le droit de combattre.

— Et pourquoi ça ? demandé-je intéressée.

Owen poursuite sa lecture.

— À cause de son comportement lors d'un combat contre Malone Philips. Il a été disqualifié alors qu'il l'a mis KO en un round. Il combattait pour le titre de champion.

— C'est bizarre.

Owen lance une vidéo d'une durée d'à peine trois minutes. Dessus, je reconnais Aace, mais l'expression sur son visage n'a rien à voir avec celle que je lui connais. Il transpire la haine alors qu'il fixe son adversaire, sans même cligner des yeux. Il a verrouillé sa cible et rien ne semble pouvoir le détourner de l'autre combattant.

Le combat commence et Aace se jette sur l'autre homme sans plus de cérémonie. Ce type, que je devine comme étant Malone Philips essaie de se défendre, de riposter face à l'attaque d'Aace, mais le premier coup de poing s'abat sur lui avec une telle violence qu'il se retrouve projeté contre la cage. Il essuie une pluie de coups plus violents les uns que les autres. Avec les mains, les pieds, il le frappe avec une telle ténacité que son adversaire ne fait que subir la rage d'Aace.

— C'est un animal, constaté-je abasourdie par la violence dont il use contre l'autre combattant.

Malone tombe au sol inconscient, de toute évidence.

L'abrite se jette entre eux pour arrêter le combat, mais Aace le repousse pour frapper à nouveau Malone qui git dans une mare de sang.

— Putain, siffle Owen.

Au bord de la nausée, je déglutis devant ce déchainement de violence. Plusieurs hommes se jettent sur Aace pour le stopper et l'éloigner de ce pauvre homme qui repose au sol, les bras écartés.

— Espèce de fils de pute ! hurle Aace, en se débattant comme un fou.

— Il est complétement fou, murmuré-je en portant une main à ma bouche.

La vidéo se coupe sur Aace qui s'agite dans tous les sens. De toute évidence, il rêvait de le frapper encore.

— Pas étonnant qu'on lui ait retiré sa licence.

— Comment peut-on se défouler avec autant de force sur un autre être humain ? marmonné-je le cœur au bord des lèvres. Je me sens dépassée par cette animosité.

Owen balance son portable sur l'assise du fauteuil à sa gauche avant de me serrer contre lui.

— Merde, excuse-moi, ma puce. Ce n'était pas malin de ma part de te montrer cette vidéo.

Je secoue la tête, le nez enfoui dans son t-shirt. Rien que l'odeur de son parfum m'apaise.

— Non, c'est bien que je l'aie vue. Au moins, je sais qui il est. C'est un fou furieux.

— Laisse Lee gérer ce mec, Tiana. Ne le laisse pas te tourner autour.

— Ça, aucune chance !

Le bruit des marches qui grincent nous éloigne l'un de l'autre et, d'un même geste, nous jetons un regard vers l'escalier.

— Tim.

Sur la plus haute des marches se tient mon petit frère, il tient son ours en peluche à la main.

— Je m'en occupe, m'annonce Owen en se levant. Toi, bois ton verre tranquillement. J'arrive dans une minute.

J'adresse un coucou de la main à Tim qui me répond de la même manière avant de m'envoyer un baiser. La seconde d'après, il disparaît dans les bras d'Owen. 

Main Event - Le réveil du PhénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant