Chapitre 6 - L'après

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Après plusieurs mois de relation, Anthony prit une décision importante : il me proposa de vivre avec lui. Son statut de professeur lui offrait une stabilité professionnelle, tandis que j'avais trouvé un emploi, marquant ainsi mon entrée officielle dans le monde adulte. La proposition d'Anthony dépassait largement la simple cohabitation. Elle symbolisait un engagement sérieux, une démonstration de sa volonté de construire un avenir solide et durable à deux. J'acceptai avec une grande joie, convaincue que cela renforcerait encore notre lien. Nous étions impatients de débuter ce nouveau chapitre de notre vie, prêts à créer des souvenirs inoubliables ensemble. En pensant à mon vieux sac d'étudiante, témoin de mes années d'études et de toutes les épreuves traversées, je réalisai qu'il serait le gardien de nos souvenirs : photos, lettres, tickets... chaque objet devenant un précieux symbole de notre amour.

Le jour de mon emménagement avec l'homme de ma vie arriva enfin. Dans un état d'excitation et de bonheur indescriptible, je courus vers Anthony dès que je l'aperçus sur le pas de la porte, me jetant dans ses bras pour l'embrasser langoureusement et tendrement.

« Je t'aime, mon bébé, je t'aime tellement, je n'ai plus peur ! » lui dis-je en lui souriant. Il me serra si fort que je sentis toute sa réciprocité.

Les jours et les semaines qui suivirent, notre amour grandit encore davantage. Chaque retrouvaille après une journée de travail était un moment de complicité et de joie partagée. Nous ne pouvions nous empêcher de nous taquiner, de rire, de chanter ensemble. Chaque instant était un trésor, chaque moment une promesse de bonheur à venir. Mais malgré cette harmonie, je commençai à remarquer un changement chez Anthony. Il semblait plus réservé, moins enclin à partager ses pensées et ses émotions. Chaque fois que je lui demandais ce qui le préoccupait, sa réponse était toujours la même : « Rien, je vais bien ».

Mon dieu, cette phrase, j'aurais dû y prêter plus d'attention, mais il savait tellement me rassurer avec son sourire charmeur.

Cependant, il était de plus en plus clair dans mon esprit que quelque chose le tourmentait, quelque chose qu'il n'était pas prêt à partager. Devais-je insister pour qu'il m'en parle ou simplement lui laisser l'espace et le temps nécessaire pour résoudre ses propres préoccupations ?

« Mon chéri, s'il te plaît, parle-moi. Dis-moi si je peux t'être utile ? » Anthony, assis dans le canapé, releva la tête et en une fraction de seconde, je revis ce regard ténébreux, celui que j'avais connu étant élève. Un frisson me parcourut le dos.

D'un ton sec et assez brutal, un non cinglant prononcé avec une telle violence me fit l'effet d'une gifle ! Ne voulant pas entrer en conflit, je partis dans la cuisine afin de préparer le repas de ce soir. Il se leva, tituba légèrement et s'en alla vers notre chambre à coucher.

En le voyant tituber, une angoisse me monta. Était-il malade ? Je commençais à me diriger vers la chambre, mais je stoppai net. Son non résonnait encore en moi et me fit opérer un demi-tour. Je ne voulais surtout pas le contrarier. Mais son état m'inquiétait de plus en plus.

Je retournai à mes fourneaux afin de terminer la préparation du dîner tout en gardant un œil sur la chambre. Je dressai la table en y ajoutant quelques petites bougies, en créant une ambiance tamisée comme celles que l'on se faisait afin de se détendre et de parler durant des heures.

Tout était prêt et malgré mes appels, je ne le voyais pas arriver. Je partis donc vers notre chambre et le trouvai allongé sur le lit, endormi profondément.

Ne voulant pas le réveiller, je retournai discrètement vers la salle à manger, espérant qu'il se réveillerait reposé et en meilleure forme afin de profiter du dîner et de notre soirée.

État de fatigue ? Cela expliquerait son vacillement de tout à l'heure. Son travail le surmenait un peu plus depuis quelques temps à cause de la réforme dans l'enseignement, son sommeil doit être perturbé, pensais-je.

Assise sur le canapé, je me laissai aller à la réflexion, plongeant dans les souvenirs que je partageais avec Anthony. Cependant, au fur et à mesure que je repensais à tous nos moments précieux, un vent de tristesse commença à m'envahir.

Le « non » qu'Anthony m'avait adressé plus tôt, ce refus si violent et brutal, n'était pas le premier de ce genre. Sa réaction, même si je ne voulais l'accepter et le voir, était devenue un motif de mes préoccupations. La tristesse que je sentais grandir en moi était de toute évidence un signe que notre couple était en proie à une crise, qui je l'espérais, ne serait que passagère.

Les minutes se transformèrent en heures, Anthony était toujours endormi. Je me résignais, commençant à débarrasser la table. Attendons demain, me disais-je. Nous en reparlerons quand il sera bien reposé et calme. Il était primordial d'aborder ce sujet dans un état d'esprit serein.

Tout en débarrassant la table à manger, je sentais les larmes me monter aux yeux. Depuis combien de temps ne m'avait-il plus regardée avec cette étincelle d'amour dans les yeux ?

Je me ressaisis en me disant à moi-même : « Mon dieu, Eva, arrête de penser de façon si négative et égoïste ! Il a des préoccupations et cela doit jouer sur son moral. Pauvre idiote, va. Il t'aime et il en sera toujours ainsi ! »

À cet instant, les mots qu'Anthony me disait tout le temps résonnèrent plus fort en moi :

« Mon amour, je t'aime très fort, beaucoup plus encore. Jamais je ne pourrais vivre sans toi, jamais je ne pourrais te laisser dans les bras de quelqu'un d'autre. Tu es à moi et ce jusqu'à l'éternité. »

Ce à quoi je lui répondais toujours : « Je t'aime très fort, encore plus. » Ce petit jeu de mots avait le don de le faire rire car il considérait que je me trompais systématiquement. Ces deux petites phrases étaient bien plus que de simples mots, elles étaient le reflet de notre complicité fusionnelle, du lien fort et indestructible qui nous unissait.

« Comme je l'aime tellement, il est mon tout et je dois tout faire pour préserver notre amour », me disais-je.

Le lendemain matin, Anthony était dans la cuisine, sirotant son café avant d'allumer sa première cigarette de la journée. Au son de mes pas, il se retourna et m'offrit le plus beau des sourires. Mon cœur s'allégea directement. J'étais sûre maintenant qu'il était exténué par son travail, et comme il ne voulait pas imposer ses problèmes professionnels dans notre maison, cela le conduisait à un état de fatigue extrême.

Anthony se planta devant moi et, dans un murmure au creux de l'oreille, il me dit ces quelques mots qui chassèrent directement toutes mes angoisses.

« Excuse-moi mon amour pour hier soir, je n'aurais pas dû te répondre de cette manière si brutale. »

Je posai un doigt sur sa bouche comme pour lui dire « chut », et l'embrassai tendrement. Un baiser empreint d'amour et de passion, faisant monter notre désir l'un pour l'autre.

Tout en nous embrassant avec passion, Anthony fit courir ses mains le long de ma colonne vertébrale, caressa mon visage, effleura ma poitrine ; ses mains se promenant sur chaque centimètre de ma peau. Même si nous devions nous séparer pour le travail, ce moment d'intimité, de sensualité, de fougue, était un moment que nous n'avions plus partagé depuis un certain temps. Il fit glisser mon déshabillé et, avec des gestes délicats, me coucha sur le sol de notre cuisine.

Nos deux corps s'unirent dans une extrême passion et nos regards remplis d'amour ne pouvaient se détacher l'un de l'autre. Je retrouvais la passion brûlante d'Anthony et me délectais de sa façon de faire l'amour avec cette intensité mêlée de tendresse. C'était comme retrouver l'énergie et la connexion puissante qui nous consumaient tous les deux.

En nous dirigeant vers la salle de bains, nous nous retrouvâmes sous la douche. Il me frotta le dos et me murmura : « Tu es belle, je t'aime, si tu savais à quel point je t'aime ! » Je ne pus m'empêcher de me blottir dans ses bras et de respirer sa peau. Mes yeux se levèrent vers lui : « Je t'aime tellement ! Que rien ne nous sépare ! »

C'était le dernier souvenir empreint de tendresse et d'amour que je me rappelais. Je ne savais pas, à ce moment précis, qu'une journée particulière serait annonciatrice de la descente aux enfers que j'allais connaître.

Tu ne me tueras pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant