Chapitre 1

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Lyra fixait le plafond sans bouger, couchée sur le dos et emmitouflée dans sa couverture, profitant du calme. Aucun bruit extérieur ne venait troubler ses rêveries, aucune horloge pour la rappeler à l'ordre. Cette journée si apaisante pour l'instant n'allait pourtant pas le rester longtemps. Sa mère ouvrit soudainement la porte.

— Lyra Willis !

Sa voix la sortit de ses flâneries et elle se redressa en sursaut, se souvenant seulement maintenant que cette journée allait s'avérer chargée.

— Mais que fais-tu encore au lit ? dit sa mère, les sourcils froncés. Il est déjà 8 h, tu devrais être prête depuis des heures. Je me suis retrouvée seule au magasin, avec le monde qu'il va y avoir aujourd'hui ce n'est pas une possibilité !

Bon sang, la fête de Sollern! Comment avait-elle pu oublier ça ?

— Je suis vraiment désolée, ça m'était totalement sorti de la tête. Je te rejoins dans un instant, répondit-elle en balayant une mèche de cheveux blonde de son visage.

— J'ai dû retarder l'ouverture de la boutique le temps de venir te chercher. Si tu ne te dépêches pas, nous allons perdre des clients et tu sais à quel point cet évènement est important.

— Je me rattraperai demain. Mais ne t'en fais pas, tes bouquets sont les plus beaux du pays, personne n'irait voir la concurrence.

— Cesse les flatteries et va plutôt t'habiller jeune fille, dit-elle en laissant échapper un rire. Rejoins moi en bas une fois prête.

Lyra hocha la tête et se dépêcha de sortir de son lit. Sa mère tenait une petite boutique de fleurs, modeste mais très appréciée en ville. La fête de Sollern était pour elle une des journées les plus importantes de l'année. C'était une célébration en reconnaissance à la protection que les dieux apportaient. Les festivités duraient une semaine et des gens du royaume d'Etheria tout entier se déplaçaient à Solare, la capitale, pour y participer. C'était ici que résidait la déesse de la lumière et leur protectrice : Callista. Cette fête était d'ailleurs l'une des rares occasions où il était possible de l'apercevoir sortir du palais. De nombreux présents étaient offerts à la déesse en gage de reconnaissance ou bien dans l'espoir de rejoindre sa cour. Chaque année, les meilleurs bijoutiers, tailleurs, boulangers et inventeurs lui faisaient don de leurs plus belles créations. Ce grand cortège coloré passait en ville avant d'atteindre le palais, c'était le moment de la journée que Lyra préférait : admirer ces cadeaux, tous plus merveilleux les uns que les autres, déambuler dans les rues de la cité. Malheureusement, elle n'avait jamais beaucoup le temps de les admirer, en tant que fille de fleuriste elle devait aider sa mère au magasin. Pendant cette journée, ses fleurs se vendaient comme des petits pains et elle ne s'en plaignait pas.

Après avoir enfilé une robe beige toute simple et noué ses cheveux dans un chignon décousu, elle était prête. En voyant sa tête dans le miroir, elle se rendit compte qu'elle manquait cruellement de sommeil. Elle avait un teint blafard et des yeux cernés par la fatigue. Pour ne rien arranger, des mèches de cheveux s'échappaient de tous les côtés de son chignon dans un tout peu présentable. Tant pis, elle n'avait de toute façon ni la patience ni le temps d'arranger les choses. Elle enfila ses bottes en quatrième vitesse et courut rejoindre sa mère. Sa chambre se trouvait au troisième étage de leur petite maison biscornue et le magasin, lui, au rez-de-chaussée. Elle descendit l'escalier en colimaçon aussi vite que possible et débarqua en trombe dans la boutique. Sa mère s'était encore dépassée dans ses compositions cette année. Elle balaya la pièce du regard : des bouquets de toutes les couleurs, de toutes les formes et de toutes les espèces de fleurs décoraient présentoirs et étagères dans une harmonie quasi parfaite. Le simple parfum des fleurs parvenait à faire voyager quiconque entrait dans la petite boutique. On retrouvait des glanys roses d'Oural, des mielines épicées de Cyntra ou encore des caliopes cristal de Lanos. Elle remarqua la tignasse rousse de sa mère entre deux énormes bouquets de lys de lune. Le sourire aux lèvres et les yeux pétillants, sa mère semblait passionnée par sa discussion avec un client. Sans doute quelqu'un qui affectionnait les plantes également. Un jardinier peut-être ou bien un botaniste.

D'ombre et de lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant