Prologue

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Hello les amis !

Je sais, je suis actuellement en train d'écrire Les Mares et me voilà qui arrive avec une autre fiction alors que je n'ai même pas encore posté le prochain chapitre des Mares. Je suis désolée...

Comme je dois écrire mon mémoire en ce moment, difficile de m'atteler à un travail aussi poussé que celui d'une urban fantasy... Aussi, pour continuer d'écrire pendant cette période assez dense de travail, je me suis dit que j'allais me lancer dans une romance (ça fait bien longtemps) !

J'espère qu'elle vous plaira, n'hésitez pas à me donner votre avis, vous ne savez pas à quel point vos retours m'aident !

Merci de me lire ✨

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DEAN

J'ai besoin de ce taf. Genre, vraiment. J'ai des frais de scolarité, un loyer et des courses à payer. Cathy ne sait pas dans quelle merde je me suis fourré. Et je ne peux pas lui demander son aide, pas encore...

— Vous n'aviez pas le droit de travailler hors du contexte de vos études, Dean, votre bourse l'a clairement stipulé.

Je regarde mes pieds. La moquette du bureau de M. Cornil est impeccable. Pas de tache, pas de poussière, juste un blanc immaculé que j'ai l'impression de souiller. J'ai envie de vomir.

— Vous êtes obligé d'arrêter cette activité sur le champ, ou je me verrai dans l'obligation de vous signaler à l'administration.

— Ne faites pas ça, s'il vous plaît !

Mes mains sont tellement serrées autour des accoudoirs qu'une douleur éclate au creux de mes paumes. Je suis droit comme un i, les semelles profondément enfoncées dans le sol au point que je crains qu'elles le transpercent.

— C'est la dernière chose que j'ai envie de faire, mais je n'ai pas le choix, Dean : soit vous démissionnez aujourd'hui, soit je vous signale.

— Vous ne comprenez pas, monsieur, sans ce job, je ne peux pas finir mon année, je n'ai pas les moyens !

— Et l'argent de votre bourse, où est-il ?

Allez trouver ma sœur, elle s'est fait une joie de tout me voler dès que la somme a été versée sur mon compte !

— Je l'ai perdu...

— Comment ça, vous l'avez perdu ?

Je n'ai rien d'autre à dire. Je contemple mes vieilles baskets avec toujours plus d'intensité, me noyant dans la honte. Le silence s'étire, si loin, si longtemps, que j'ai l'impression d'entrer dans une faille spatio-temporelle où il n'existe plus que M. Cornil, moi, et mon humiliation qui nous enveloppe dans une étreinte mortelle. Enfin, mon directeur de master pousse un long soupir, brisant cet état de transe qui nous emprisonnait.

— Dean, Dean, Dean... Je ne sais vraiment pas ce que je vais pouvoir faire de vous...

Je ne prononce toujours pas le moindre mot. Je ne lève toujours pas les yeux. Je pense à Laney et je la maudis. Si Cathy apprenait ce qui s'est passé, elle lui ferait la peau, ça, j'en suis sûr ! Ou bien elle essaierait de la défendre, de me rappeler que nous n'avons déjà plus beaucoup de famille, que c'est important de nous entraider...

Nous entraider, mon cul ! J'avais besoin de ce fric, je me suis battu pour l'avoir ! Et à cause de cette idiote, je risque de tout perdre !

— Vous avez un immense potentiel, Dean, mais il va falloir me prouver que vous en valez la peine.

Au son de la voix de mon professeur, l'espoir renaît en moi : tout n'a pas l'air perdu. J'ose un regard sur M. Cornil, qui frotte sa barbe entre ses doigts, l'air songeur.

— Qu'attendez-vous de moi ? demandé-je d'un ton implorant. Je ferai tout ce qu'il faut pour...

— Cessez cela. Vous avez besoin d'un salaire pour subvenir à vos besoins et j'ai besoin que vous me montriez que vous êtes sérieux, et non un petit incapable qui ne respecte aucune règle et qui fait honte à notre université.

J'ai l'impression d'avoir pris un uppercut en plein dans le ventre. Je déglutis, parant le coup aussi calmement que possible. Je l'ai mérité : j'ai obtenu la bourse Prescott, la plus haute distinction possible de l'Université de Londres, nous sommes des milliers à concourir pour y avoir droit, et moi, je l'ai gâchée. Pire, aux yeux de mon professeur, je l'ai certainement perdue en jouant, en m'achetant des joints ou en me bourrant la gueule au pub du coin.

— Que dois-je faire ?

M. Cornil esquisse un sourire satisfait. Il décroise les bras et se lance :

— Je veux que vous décrochiez un poste de tutorat pour les licences.

Je fronce les sourcils.

— C'est-à-dire ? Il y a un poste à pourvoir ? Je n'étais pas au courant ! Ça me va, qu'est-ce que...

— Pas si vite. Je n'ai pas dit qu'il y avait une place à pourvoir et je préfère vous le dire tout de suite : il n'y en a pas.

— Quoi ? Mais alors...

— Je veux que vous suiviez une formation d'encadrement de TD avec la présidente du conseil des tutorats. À l'issue de cette formation, et si vous êtes parvenu à vous montrer assez convainquant, peut-être acceptera-t-elle de vous offrir une place. Alors, seulement, je ferai abstraction de ce que j'ai appris aujourd'hui et vous laisserai terminer votre master sans opposition aucune.

— Je dois la convaincre ? répété-je bêtement.

— Oui, c'est ça.

— De m'offrir un poste ?

— Pas seulement, il faut également qu'elle accepte de vous former.

— Très bien, c'est comme si c'était fait, répliqué-je en bombant le torse, redressant enfin la tête.

L'intello de service, j'en fais mon affaire. J'ai affronté bien pire !

— Ne partez pas si arrogant, il pourrait vous arriver des bricoles.

­— Oui, oui.

Je feins de me calmer, mais je ne l'écoute plus, je suis déjà en train de monter mon plan pour remporter l'accord de cette présidente des tuteurs.

— ling...

— Comment ?

— Dean, un peu d'attention, c'est très important. Je disais : vous devez aller voir la présidente du conseil Ellen Starling. Je vous donne six mois pour obtenir votre poste. Sans cela, vous me verrez contraint de suspendre votre bourse et, par extension, votre année de master. C'est compris ?

— Oui, merci monsieur.

— Et n'oubliez pas : vous devez démissionner aujourd'hui, si je vous revoie une seule fois en train de nettoyer les tables du Costa, c'en est fini de vos études.

— Oui.

— Bien, vous pouvez disposer.

— Merci encore !

Je me lève de mon siège, ragaillardi, prêt à convaincre toutes les Ellen de la terre, et m'engouffre hors du bureau, le cœur battant.

Ellen Starling, à nous deux. 

We agreedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant