— Wes, je travaille.
— M'en fous. Je veux récupérer mon casque.
Je tente de conserver mon calme, malgré la frustration qui m'envahit. Prenant une profonde inspiration, je sauvegarde mon mémoire avant de fermer mon ordinateur pour regarder mon ex dans les yeux.
— Je t'ai dit que je te rendrais tes affaires ce week-end, je pense que tu peux bien accepter ça, après ce que tu m'as fait.
— Moi, j'aurais aimé garder le meilleur des deux apparts, on n'a pas tout ce qu'on veut dans la vie, El. J'en ai rien à foutre que t'aies du taffe. Je veux récupérer mon casque maintenant, un point c'est tout.
Le sang bouillonne dans mes veines. Mon pied commence à marteler son tempo prestissimo sur la moquette. Heureusement, celle-ci étouffe la cadence et me permet de masquer mon énervement.
— Je n'ai pas le temps. J'ai promis à mon directeur de recherche que j'allais lui rendre un premier plan ce soir. Je dois à tout prix le terminer et tu es au courant !
Ma voix est montée trop haut, ce qui me vaut plusieurs regards noirs. Je renfonce ma tête dans mes épaules et me mordille machinalement la lèvre. Je ne pensais pas que Wes irait jusqu'à venir m'embêter au centre étudiant. C'est un endroit calme où les gens se réunissent pour travailler. Il n'y a jamais eu d'esclandre, ici.
Jusqu'à aujourd'hui.
— Je t'ai dit que j'en ai rien à foutre de tes problèmes, siffle-t-il entre ses dents.
Personne ne l'entend. Personne ne discerne l'agressivité qui flotte à la surface de sa voix. Seul son timbre, grave et doux, caresse les oreilles alentour.
Wes est excellent en la matière.
Il sait comment frapper fort sans pour autant provoquer le moindre remous. C'est hélas loin d'être mon cas. Je crie, je pleure, je m'arrache les cheveux. Je prends toujours beaucoup plus d'espace qu'il ne m'en faudrait. C'est un de mes traits de caractère que je déteste le plus. J'ai l'impression de passer ma vie à exagérer, à faire mon intéressante... Comme en ce moment, alors que je sens les jérémiades se faufiler dans ma gorge. J'essaie de les ravaler tant bien que mal, craignant de reproduire la scène de vendredi, à Gustave Tuck.
Depuis, j'ai dû désactiver la totalité de mes comptes sur les réseaux sociaux, ayant reçu des insultes par milliers, des appels au suicide par dizaine et même quelques menaces de mort. Je vis recluse dans mon studio et ne sors que pour étudier au centre étudiant de UCL. Je n'ose même plus me rendre en cours, de peur de subir un harcèlement physique auquel je n'aurais pas d'échappatoire.
— Wes, attends au moins que je finisse, j'en ai pour une heure, tout au plus. On peut se dire qu'on se retrouve devant chez moi à dix-sept heures, si ça te va, proposé-je, des sanglots pesant sur la langue.
J'ai besoin qu'il accepte. Je ne peux pas gérer son mauvais caractère. Pas aujourd'hui. Pas après les derniers jours. Pas après la fatigue que j'ai accumulée. Je suis épuisée, désespérée, abandonnée. Je n'ai plus que mon diplôme pour me consoler, plus que ce putain de mémoire pour me changer les idées. Il ne peut pas me gâcher ça aussi !
— Non. Ça ne me va pas.
Mon ventre se tord. J'ai envie de vomir.
Encore.
Wes Matthews est quelqu'un de particulier. Major de promo, c'est ce garçon capable de convaincre tout un chacun. Ce jeune homme charismatique qui sait comment séduire une foule entière, qui se distingue par son intelligence et dont tout le monde est sûr qu'un brillant avenir s'étend devant lui. Wes Matthews, c'est un peu le tombeur, l'intello sexy qu'on rêve d'avoir.

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We agreed
RomanceDean risque de perdre sa bourse d'études. Ellen vient de se faire plaquer par Wes, le major de promo dont tout le monde rêve, et se retrouve paria de son master sans avoir eu le temps de cligner des yeux. Il a besoin qu'elle le forme pour intégrer l...