Chapitre 17 - Ouverture

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D'un fragment du Déicide à un autre, il était plutôt aisé pour Edelweiss de reconnaître ses semblables. Ce n'était pas Dracaena, mais simplement une partie de son pouvoir. Malheureusement, elle ne pouvait rien faire en l'état, mais cette avancée restait notable.

La préceptrice regarda les serpents faiblissants. Ils symbolisent certainement quelque chose, la conscience sans doute. Edelweiss soupira, avant de se 'déconnecter' de sa victime, qui n'avait rien remarqué, pas même son propre état.

Edelweiss commença à déambuler à nouveau. Les bâtiments aussi montraient de faibles signes de liquéfaction. Si ce rituel à grande échelle se déclenchera d'ici un mois, alors à quoi ressemblera cette cité ?

A cette heure ci, Sonah en avait probablement fini avec ses quelques visiteurs, alors elle décida de marcher en direction du refuge. Et elle avait raison, car au détour d'une rue, elle croisa le lycanthrope.

"Alors, comment va ton cher Clymene ?"

Il haussa les épaules, l'air assez peu convaincu.

"Je ne sais pas... Je suis un peu perdu."

"Je présume que ce qu'il t'as dit va à nouveau te hanter pour les semaines à venir..?"

Sonah secoua la tête nerveusement pour montrer son désaccord.

"Non ! C'est juste que... Il a toujours ses cauchemars, ses tremblements et ses convulsions. Rien n'a changé en un an..! C'est... C'est épuisant."

"Pour qui que ce soit d'autre, tu aurais déjà abandonné. J'imagine donc que tu... Va continuer ?"

"Oui ! Même si..."

Il regarda ailleurs, avant de reposer son regard sur Edelweiss, essayant tant bien que mal de paraître déterminé.

"C'est surtout moi qui ai parlé. Je lui ai parlé de Celes, puis de... De moi."

"C'est le principe."

"Vraiment..?"

La préceptrice souffla un rire, avant d'acquiescer.

"Naturellement. En définitive, être capable d'ainsi parler tous les deux va bien au-delà du simple rôle de 'confident', c'est une forme d'entraide dont il ne faut pas avoir honte. Elle montre que vous entretenez une relation privilégiée."

"Une relation..?"

Un mot qu'il ne comprend pas. Et forcément, Edelweiss comptait bien ne pas expliquer, c'était à lui seul de comprendre.

"En toute franchise, et en sachant que vous vous voyez deux fois chaque semaine, je doute que vos discussions aient pour seul sujet les problèmes de l'un ou de l'autre. Peut-être que tu ne l'as pas remarqué, mais je suis certaine que cela fait bien des lunes que tu n'es plus un simple 'confident'."

"Quoi, alors..?"

"Tu sais très bien que je ne vais pas te répondre."

Il n'y avait aucune animosité dans ces quelques mots, ses intentions étaient bonnes, et le lycanthrope le savait. Il se contenta d'acquiescer. Il devait y réfléchir par lui-même.

"Et-... Il m'a promis qu'il allait changer mon monde. Donc-... Je suis décidé, j'irais voir son opéra ! Même s'il y a... des gens."

Il avait un air moins confiant sur ces deux derniers mots, ce qui arracha un sourire à Edelweiss, quand bien même la raison derrière la peur de Sonah n'est pas à prendre à la légère. En vérité, il a peur que s'il se retrouve débordé par ses propres sentiments, il en vienne à perdre le contrôle, au point de prendre son apparence de monstre. Et donc d'attaquer des innocents. Il n'a pas peur des conséquences pour lui, mais bien pour les autres. Aussi, cela exposerait au grand jour des traits de lui-même qu'il veut absolument cacher. 

Edelweiss ne savait pas si elle devait parler du rituel en préparation ou non. Elle connaissait très bien Sonah, et elle se doutait de son état d'esprit actuel, c'est bien pour cela qu'elle ne voulait pas ajouter une pression supplémentaire. Après réflexion, elle laissa tomber. Elle lui racontera le tout après leur visite à l'opéra. Ce  n'était pas urgent, et la situation était parfaitement sous contrôle pour l'instant.

"Edel..?"

"Mh ? Oh, mes excuses."

Sa réflexion intérieure avait duré quelques secondes de trop, sans doute.

"Il reste plus d'un jour... Oh, et ! Clymene veut me revoir demain matin."

"Tu sais, Sonah..."

"O-oui..?"

Edelweiss avait l'air sérieuse, presque dramatique, tant que Sonah put sentir la peur le saisir au cou. Rien n'aurait pu le préparer à ce qui allait suivre.

"J'admire ton talent pour les transitions. Ne change jamais !"

Il souffla, presque soulagé.

Ad astra per asperaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant