Chapitre 9 : Patriotes et Rôdeurs

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Roxane se regardait attentivement dans le miroir de la coiffeuse en ébène. Dans son dos, Rosalind, prête à la coiffer.

- Alors Roxane, ça se passe comment à l'extérieur ? demandait la rousse.

- Euh... Je sais pas comment t'expliquer... Ça à l'air totalement différent d'ici.

- Explique-moi une de tes journées les plus banales, proposa-t-elle tout en coiffant les cheveux de la jeune fille comme pour essayer de la détendre en espérant que les mots lui viennent.

- Alors, en général je me lève vers neuf heures, dix en plein hiver, quand la luminosité est faible. Ensuite, je prépare le petit déjeuner, c'est à dire un ou deux biscuits secs et un bon bol de thé chaud, puis j'apporte le même petit déjeuner à ma voisine...

- Vous ne le prenez pas ensemble ? demanda Rosalind.

- Si, ça nous arrive de temps en temps je lui apporte au lit. Mais comme elle est âgée et un peu faible dans les moments de sécheresse ou de grand froid...

- Je n'ai jamais pris le petit déjeune au lit... J'aimerai bien essayer un jour.

Rosalind réfléchit un court instant. Elle avait dit ceci comme ci elle n'avait porté aucun intérêt à cette fameuse voisine. Elle ajouta pour se rattraper :

- Et cette petite dame, tu la connais depuis longtemps ?

- Oui, c'est elle qui m'a éduquée après la mort de mes parents.

- Oh, je suis désolée.

- Pas de soucis, tu pouvais pas le savoir, déclara Roxane.

- Et donc, après ce petit déjeuner ? Continua Rosalind un peu gênée.

- Euh... Je donne à manger à Espoir puis...

- C'est qui, Espoir ?

- Mon chat.

- Ton chat ?! Tu as un chat ?! S'écria Rosalind avec un pince à cheveux dans la bouche.

- Bah, oui...

- De quelle couleur est-il ?

Roxane n'eût même pas le temps d'ouvrir sa bouche que sa coiffeuse hurla :

- Mais il est tout seul ! Il faudrait aller le chercher !

- Il est noir, répondit la jeune fille surprise. Et oui, j'aimerai tant le revoir...

- J'enverrai un Patriote le chercher.

- Un quoi ?

- Patriote. C'est un robot qui parte à l'extérieur en patrouille. Il est normalement assez intelligent pour attraper un chat... En j'espère.

- Espoir est très fuyard par nature... Rude mission pour ce Patriote !

Elles rirent ensemble.

- Les patriotes, ce sont ces grands robots de forme humaine qui ont le visage peint en blanc ?

- Oui c'est eux, tu en as déjà vu ?

- Oui, quand j'étais petite. C'est l'un d'eux qui à enlevé mon père.

- Pardon ? Enlevé ton père ?

- Oui... C'est une longue histoire.

- Mais les Patriotes ne font pas ce genre de chose ! Ils sont bienveillants !

- Alors peut-être que c'était pas un Patriote... En tout cas, mon père n'a pas été enlevé par des humains. Ces fameux robots, ou créatures, on leur à donné le nom de Rôdeurs.

Rosalind mit sa main droite sur la bouche de Roxane. La jeune fille ne laissa échapper qu'un petit cri de surprise étouffé par le membre de Rosalind. La femme tendit l'oreille et resta muette. Elle chuchota d'un air craintif :

- Ne dis plus jamais ce mot à voix haute ! C'est dangereux !

Elle attendit que le son des talons des femmes dans le couloir soit assez distant pour continuer :

- Pour nous, les Rôdeurs ne sont pas ce qu'ils sont pour vous. Ils sont bien plus que ça...

- Bien plus que ça ? demanda Roxane en enlevant la main de Roxane de sa bouche.

Des gens rirent dans le couloir.

- Je t'expliquerai une autre fois.

Rosalind restait muette et immobile. Roxane repris le sujet principal pour la faire sortir de ses pensées :

- Enfin bref, après ce petit passage chez ma voisine, en général je dessine un peu, je joue un peu de violon, je tresse des bracelets, je vais aider quelques petits à leur faire lire des bouquins..

La rousse se racla la gorge.

- Ça à l'air plutôt calme, dans un lieu décrit comme apocalyptique d'après les pipelettes de la Reine.

- Non, c'est pas si... Juste un peu vétuste.

- Hum... Je vois. Mais tu n'avais pas un métier ?

- Si ! J'aidais ma voisine justement à donner une certaine éducation aux enfants : leur apprendre à lire, à écrire, et surtout à survire.

Roxane reprit son souffle dans une grand inspiration puis continua :

- Et après... Je sais pas si l'on peut vraiment appelé ça un métier. Plutôt un titre que l'on m'a transmis de génération en génération. Le titre de Gardienne de la Cité.

- Gardienne ? Comment ça ?

- Je veille à ce qu'il n'y ait pas de dommages publics. En général, il n'y a pas de soucis car les habitants de la Cité sont très respectueux du peu qu'ils ont.

- Je comprends.

- Mais aussi, j'annonce les crues.

- Tu annonces ?

- Oui, je joue un certain morceau au violon, et tout le monde sait que cela signifie qu'une crue est proche et qu'il ne faut plus sortir de chez soi.

- Tu était vraiment importante à l'extérieur !

Rosalind déposa un collier qui cerna la cou de la jeune fille.

- Malheureusement, il va y avoir du changement.

Roxane baissa les yeux face à la manière sèche dont la rousse lui avait dit cette dernière phrase.

- Quel est le nom de ce fameux morceau ?

- Le murmure de la pluie.

- C'est contemporain, non ?

- C'est mon père qui l'a composé. Il disait qu'il entendait des voix lui murmurer des phrases étranges les jours de pluie.

- Ton père était... fou ?

- On n'a jamais vraiment su, mais je pense pas qu'il l'était. Il me racontait parfois ce que ces voix lui disaient, et je ne vois pas comment mon père pouvait me dire des choses aussi horribles avant même qu'elles n'aient lieu.

- Il avait un don ? Il était devin ?

- Hum... Je ne sais pas. Et toi, tes journées ?

- Elles sont bien plus remplies !

- Raconte moi !

- Allons donc discuter de ça autour d'une tasse de thé chaud. Cela nous changera les idées.

LE MURMURE DE LA PLUIE | Science-FictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant