Maturité et respect

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Connor
5:30

Mon réveil sonne, brisant le silence de la nuit encore noire. L'odeur persistante de la cigarette imprègne mes draps, mêlée au parfum citronné qui emplit chaque pièce de mon appartement. Je me lève,  la gueule de bois de la soirée précédente m'a laissé en lambeaux.

D'un geste fatigué, je passe une main dans mes cheveux noirs ondulés avant d'enfiler une chemise blanche et un pantalon noir. Une montre argentée vient parachever ma tenue. J'allume la radio et les premières notes de "Put Your Head on My Shoulder" résonnent, une mélodie douce et familière qui apaise mes pensées tourmentées. Put your head on my shoulder...

"Put  your head on my shoulder , holding me in your arms , babyyy.."

Je prépare mon café du matin et des toasts à l'avocat, m'installant devant la télévision, l'esprit embrumé par l'anxiété de cette rentrée en tant que professeur de SVT. Mon regard se perd dans le vide, espérant que cette journée se passe sans encombre. J'enfile mon manteau, ferme la porte derrière moi et monte dans ma voiture, direction le lycée "Ambrose".

Chaque kilomètre parcouru me rapproche un peu plus de cet endroit où mes démons intérieurs menacent de resurgir, où chaque instant pourrait basculer dans l'inconnu.

En sortant de ma voiture, l'air lourd et chargé de tensions, des professeurs se hurlent dessus, probablement à cause de leurs emplois du temps ou de leurs salaires du mois. Mais franchement,
J'en n'ai rien à foutre.

Cette année, jusqu'à la fin, je ne m'occuperai que des terminales. Je sens déjà que ce sera une torture quotidienne pour moi. Peut-être finirai-je, moi aussi, à me lamenter dès l'aube, prisonnier de ce purgatoire moderne...?
Je rigole dans ma tête à ma propre blague en mettant mes clés dans mon sac et part en direction de mon premièr cours.

13:00

" Bonjour , Allez, silence merci. "
C'est bien la première fois que je vois une classe aussi calme en arrivant, surtout les filles. Un jeune homme m'adresse alors la parole :

"Franchement, le prof de SVT, j'avoue que les filles avaient raison, vous êtes vraiment stylé."

Des rires et des gloussements se font entendre au fond de la classe. Je lève les yeux au ciel et chuchote pour moi-même :

"Qu'est-ce que je vais faire de cette information ?"

Je me retourne sans un bruit, prends un marqueur et note mon nom au tableau : "Bellingtown". Chaque élève reste silencieux, comme s'ils préparaient quelque chose. Je me retourne et vois les filles sourire de manière exagérée, prêtes à baver. Je dois probablement parler avant qu'elles ne commencent à imaginer des scénarios sur moi...

"Je vais commencer par faire l'appel," dis-je, en espérant retenir leur prénoms...
Je dois avouer que retenir les prénoms est mon pire défaut.
Je commence à faire l'appel, des rires et des chuchotements se font entendre. Certains essaient de se passer des papiers, ce qui me distrait.

"Jenny."
Un silence se fait entendre.
"jenny ?"

Une fille lève la main et je la regarde pour lui faire comprendre que je l'écoute.

"Excusez-moi, Jenny n'est pas encore arrivée."

Mes sourcils se lèvent avant de se froncer :
"Encore des gens qui se permettent de sécher les cours même le jour de la rentré ?"

"Non, elle ne sèche pas..."

"Tu diras à cette Tori de venir à la fin des cours dans la salle des professeurs."

"C'est Jenny, pas Tori, monsieur."

Et merde.

Je bégaye et dis : "Je... je n'ai jamais dit ça. Encore des élèves qui ne comprennent rien ! Et puis, sortez une feuille enfin ! Vous êtes en terminale !"

30 minutes plus tard...

La porte frappa violemment. Encore un détraqué mental. La porte s'ouvrit et je vis une fille. Elle n'était vraiment pas grande, des cheveux brun foncé et un teint pâle. Je la regardai de haut en bas, elle était complètement essoufflée :

"Bon-bonjour, je suis vraiment ! vraiment désolée. Mon bus était en retard et, et après j'a-"

Je la coupai en la fixant sévèrement.

"Vous n'allez pas me la faire, mademoiselle ? Allez vous asseoir. Je veux vous voir à la fin du cours."
Je continuai mon cours, reprenant au moins dix personnes pour arrêter de parler. Décidément, certaines personnes manquent cruellement de respect, mais surtout de maturité... Au loin, j'aperçus cette jeune fille, qui avait soi-disant raté son bus, presque endormie sur sa table.

" Mademoiselle Jenny ? Certes, votre bus était en retard, mais vous n'avez aucun droit de dormir dans mon cours, à moins que je vous ai dit de faire une sieste, ce qui, je pense, n'est pas dans mon caractère."

Je croise les bras contre ma chemise blanche. En faisant ce mouvement, la chemise semble vraiment serrée, révélant un peu trop le relief de mon corps.

Jenny se releva, les cheveux complètement ébouriffés, l'air complètement perdu, comme si elle sortait littéralement d'hibernation. Des filles gloussèrent et rigolèrent entre elles, tandis que d'autres regardaient la situation avec intérêt.

Je sens que cette année avec cette fille va être...difficile ?

Connor Où les histoires vivent. Découvrez maintenant