Chapitre 1 / Nate

15 1 2
                                    


— C'est le paradis sur terre, s'exclame Philip en bombant le torse.

Je hausse un sourcil et suis son regard. Si l'on considère que des enceintes hurlant de la musique douteuse et des filles se déhanchant dessus s'apparentent au paradis, effectivement nous y sommes.

— Tu as toujours eu mauvais goût, rétorqué-je à mon ami, tout en jetant un œil circulaire sur la plage de l'hôtel.

— Fais pas ton rabat-joie ! claque-t-il en me donnant une tape sur le torse. Même si tu n'aimes pas faire la fête et boire comme un trou, avoue que cette ambiance est folle. Puis, c'est d'ailleurs toi qui as insisté pour venir en agitant sous mon nez que ce spring-break serait notre dernier...

Impossible de ne pas rouler des yeux, Philip a la mémoire courte.

— Si je suis ici, c'est uniquement parce que tu m'as supplié...

Mon ami soupire et reporte son attention sur la plage. Il repère sa proie quelques minutes plus tard et m'entraîne avec lui.

— Regarde un peu l'expert agir, chuchote-t-il en s'approchant de la jolie brune qu'il a détectée.

Je frémis, mais ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire. Philip est mon ami depuis toujours. Nous avons fait nos pires bêtises ensemble, avons eu la chance de suivre des cursus identiques et d'être toujours dans les mêmes classes. Il est ce qui s'apparente le plus à un frère.

Nous ne sommes pas d'un milieu social équivalent, cependant, il n'a jamais fait de différence entre moi et les autres. J'ai travaillé d'arrache-pied afin d'obtenir toutes les bourses possibles et inimaginables pour côtoyer les meilleures écoles.

Cela a fini par payer puisqu'à la rentrée prochaine j'intègre Harvard pour des études de droit. Mon rêve depuis que je suis tout petit, si d'autres aspiraient à devenir pompier ou médecin, être avocat m'a toujours fasciné.

Nous nous rapprochons sans aucune subtilité de la jeune femme que Philip a repérée, quand j'entends une voix s'élever au-dessus de tout ce brouhaha.

— Tu as intérêt à enlever tes sales pattes de mes fesses, au risque de te retrouver sans bijoux de famille !

Une nuée de sifflements retentit, des éclats de rire et même quelques applaudissements. Curieux, je m'avance du troupeau formé par cette réflexion, pour découvrir une jolie brune prête à castrer un gars.

— Je t'ai dit d'enlever tes sales pattes de mes fesses.

Vu l'angle de ses mains sur les fameux bijoux de famille, je conseille fortement à ce type de la lâcher immédiatement. Il fait semblant de protester pour la forme et finit par oter ses mains sous les rires graveleux des gens nous entourant. Des noms d'oiseaux fusent, des verres sont balancés et une fois que l'attraction prend fin, tout le monde se disperse.

Je reste à bonne distance de cette tigresse, tout en jetant un œil vers Philip. J'ai promis de le surveiller et je compte bien tenir parole. La jeune femme qu'il avait repérée a l'air sensible à son charme. C'est une excellente nouvelle, je n'aurais pas à le chercher sans arrêt.

— Tu as du cran pour l'avoir rembarré de cette façon.

Je me suis décidé à aborder Wonder Woman. Peut-être n'aurais-je pas dû au regard noir qu'elle me lance.

— Pourquoi ? Parce que je suis une fille ? Sous prétexte que nous sommes au spring-break, ces types estiment avoir le droit de peloter n'importe qui. Spoiler alerte, joli cœur, ce n'est pas permis, même si certaines exhibent leurs atouts sans aucune gêne sous votre nez.

La Fille de TijuanaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant