Au crépuscule

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Dans les rues de Venise, je cours, encore et encore, pour rejoindre ce pont où j'ai vécu tant de choses, joyeuses ou tristes.

Le spectacle s'est terminé sans encombre et j'ai reçu beaucoup de compliments. Je ne sais pas si tous ont saisi le sens de ma chorégraphie mais peu importe. Pour moi, ce n'était pas le plus important. D'autant plus que j'étais pressée de quitter le théâtre. Le temps était compté.

Quelques minutes plus tard, je réussis à atteindre ma destination et il n'était que vingt-trois heures quarante-sept. Je n'étais pas en retard.

Il faisait froid, après tout, nous étions fin novembre mais c'était nécessaire. Je m'asseyais donc sur la rambarde du pont qui se trouvait au-dessus de l'eau et j'ouvris mon sac à dos où se trouvait différentes choses qui avaient toutes une symbolique importante pour moi.

Je sortis en premier une boîte de maquillage puis la jeta sur le sol du pont. S'ensuivit de mon journal intime, où j'avais décrit toutes les horreurs que je pouvais vivre, qui se retrouva aux côtés de la boîte désormais détruite.

Enfin, le dernier objet qui se trouvait dans mon sac était le masque que j'avais porté toute la soirée. Après une légère hésitation, celui-ci rejoignit mes autres objets. Je sortie ensuite mon briquet et commença par faire brûler mon carnet, puis ma boîte de maquillage. J'appréciais les voir disparaître, me permettant de passer à autre chose. Et lorsque le tour de mon masque arrive, je ne peux me résoudre à le brûler. Cependant, je ne peux pas me permettre de le garder, il me ferait trop souffrir.

J'observe alors les alentours et prise d'une impulsion, je me retourne vers le bord du pont et sans plus de questions, je lance le masque dans l'eau, le voyant couler petit à petit.

Et lorsque minuit sonne, un sourire atteint mes lèvres. Ça y est. J'en ai fini avec toute cette histoire. Certains trouveront ça ridicule mais pour moi, cette symbolique m'aide à avancer.

Alors oui, en ce 28 novembre, en ce jour de mes 18 ans, je passe à autre chose. Ce 28 novembre à longtemps été mon plus grand cauchemar. J'ai souvent regretté d'être venue au monde alors, pendant plus de trois ans, chaque année, j'ai tenté de le quitter ce monde... Mais chaque année, je n'ai jamais pu sauter ce pas, excepté le jour de mes 17 ans où j'ai sauté. Seulement voilà, Inès était là et il m'a sauvé. Je ne le remercierai sans doute jamais assez.

C'est donc en ce jour si important pour moi que le crépuscule de mon adolescence prend fin pour laisser place à l'aurore de ma vie d'adulte...

Entre l'aurore et le crépuscule Où les histoires vivent. Découvrez maintenant