Ariane

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La musique dans la pièce résonne alors que je suis sur le sol en train de peindre. Le soleil commence à refaire surface sur notre belle ville, il rayonne dans l'appartement. L'ambiance du moment est tout ce que j'aime, du soleil et de la peinture. Avant, ça rendait ma vie un peu moins triste.

En y repensant, ma psychologue serait fière de voir la femme que je suis devenue ces derniers mois. L'anxiété trône toujours un peu dans mon esprit évidemment et les TCA n'ont pas totalement disparu mais je respire beaucoup mieux depuis que j'ai fuit l'environnement nocif de mon ancien foyer.

Plus le temps passe et plus j'apprends à m'accepter. Le fait d'avoir des amis changent tout à ma situation, pourquoi parler de mes douleurs et avoir des épaules sur lesquelles m'assoupir. Ne pas être le pilier de quelqu'un, ne pas devoir me sacrifier pour quelqu'un. Évidemment, je ferais toujours tout pour Pénélope et je joue encore trop la maman avec elle mais je suis beaucoup moins sur son dos qu'avant. Je la soutiens dans ses projets sans avoir peur des conséquences qui peuvent lui tomber dessus. Parce que c'est ça aussi la vie, faire des projets, parfois se rater et parfois réussir.

Je souris, sereine en peignant ma toile à terre. Je suis allongée sur le sol en top et en culotte, en profitant de ma liberté nouvelle. La musique va suffisamment fort pour qu'elle emplisse l'appartement mais pas ennuyer les voisins. Avant, je ne me serais jamais permis cette activité. Je ne peignais qu'à l'université ou au café quand mon patron me donnait l'autorisation mais jamais chez moi. J'avais certainement trop peur qu'elle le voit.

D'ailleurs, je n'ai pas eu de nouvelles d'elle. J'hésite à savoir si je suis déçue qu'elle n'est pas essayé de reprendre contact ou si je suis soulagée qu'elle ne l'est pas fait.

Je sais que Pénélope est allée la voir, elle m'a dit que ça avait été même si elle semblant fort fatiguée et triste de la situation. J'ai écouté ma sœur pendant des heures me parler de notre mère parce qu'elle en avait besoin. Mais je n'ai fait qu'être en conflit intérieur avec moi et moi-même.

C'est si complexe. D'un côté, je voudrais l'insulter et lui hurler dessus pour toute la douleur que j'ai connu. Lui mettre toutes mes incertitudes et mon anxiété sur son dos. Et d'un autre côté, je rêverais de la prendre dans mes bras et qu'on rigole à deux des choses banales de la vie. Lui parler de mes nouveaux amis et de Thésée. J'aimerai qu'elle soit ma maman mais je n'arrive pas à effacer le masque de monstre qu'elle a eu sur le visage pendant des années.

Je ne sais pas si je peux lui pardonner.

Pénélope a l'air de dire qu'elle pourrait éventuellement accepter de la revoir plus souvent et ça me terrifie. Je ne veux pas que ma petite sœur se retrouve dans les crocs acérés du monstre. Mais je ne peux pas lui interdire d'essayer de renouer avec sa maman. Je ne peux pas lui en vouloir de réussir là où je bloque.

Donc je la laisse vivre et faire ses propres choix. Si ça devait mal se passer, je serais là pour la soutenir comme je l'ai toujours fait. Mais j'essaye de me détacher de cette inquiétude constante la concernant.

La peinture face à moi est bientôt terminé, je dois la réaliser pour mon cours d'art. C'est censé n'être qu'un exercice mais il faut dire que je suis plutôt fière de cette œuvre. Elle change de ce que je réalise d'habitude mais pour une fois, ça ne me dérange pas. J'apprécie voir le changement de ma vie s'opérer, sur tous les domaines.

Soudain, le bruit de la clé dans la serrure me fait sursauter. Quand Thésée rentre dans l'appartement, nos regards se croisent directement. Il est avec son casque sur les oreilles et il range ses clés dans son sac tout en gardant son regard posé sur moi. Je me remercie intérieurement d'être dans ce sens là sinon il aurait eu un accueil direct sur mes fesses.

Wanna Be Yours : Ariane & Thésée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant