Wanna Be Yours : Ariane & Thésée

Ariane

En ouvrant les yeux ce matin, je me suis demandé ce qui me retenait ici. J'ai dressé une liste. Après avoir reçu mes résultats et avoir validé mes examens, j'ai ma cérémonie de diplôme qui me retient. Pouvoir vivre de ma passion, exposer mes œuvres un peu partout dans le pays et pourquoi pas à l'international, un jour ?

Ensuite, il y a mes amis. Eryn, Gabriel et Lou.

Évidemment, Thésée.

Mes grands-parents.

Et Pénélope.

Je relève le regard quand Thésée rentre dans la pièce, avec son costume noir. Il me sourit légèrement triste et me tend la main. Je me lève et pars le rejoindre.

Aujourd'hui, on enterre ma maman. Je suis révoltée de savoir qu'elle aura le droit à un enterrement chrétien comme si elle n'avait le choix, comme si notre religion ne valait rien face à la grande religion monothéiste. Nous nous sommes battus avec ma famille pour lui donner l'enterrement qu'elle aurait voulu mais on nous a gentiment répondu que ce n'était pas possible à cause des démarches, etc.

Ensuite, j'ai failli sauter au cou du salaud qui nous a rit au nez en nous disant qu'on devrait arrêter de regarder la télévision et qu'on devrait se concentrer sur les véritables religions qu'on nous propose.

Depuis qu'elle est partie, je ne suis que colère. Je n'ai plus lâché une seule larme depuis que j'ai quitté l'hôpital, trop occupée à en vouloir au monde entier et même parfois, aux dieux de nous avoir abandonnés. Je ne demandais pas grand-chose, juste qu'on me laisse l'opportunité de vivre. On m'a fait croire pendant des mois que j'en avais le droit. Avec Thésée à mes côtés, je pensais que les dieux m'envoyaient un cadeau ou un signe que le malheur était derrière moi. Je pensais que j'avais déjà assez donné. Et pourtant, on m'a pris ma maman. Un énième coup dans le cœur, que je ne peux plus offrir à personne. Il n'est plus qu'un organe scabreux et douloureux.

Dans la voiture de Gabriel, nous sommes cinq. Il ne manque que Pénélope et notre petit groupe est au complet. Ils m'ont tous demandé un millier de fois si j'avais besoin de quelque chose, si j'allais bien.

J'ai besoin de ma maman. Non, je ne vais pas bien.

Après ça, le silence est apparu dans la voiture comme une vieille amie sur laquelle je pouvais me reposer.

En arrivant au parking de l'église, Gabriel se gare près de la voiture de mes grands-parents. Je croise le regard de ma petite sœur directement mais je le détourne. Autant je me suis renfermée dans la colère et la haine, autant Pénélope a pris toute la tristesse. Je ne pense pas l'avoir déjà vu sans pleurer depuis qu'elle est partie.

Je descends de la voiture et pars serrer ma sœur contre moi. Je ne dis rien, parce qu'il n'y a plus rien à dire. Et elle le sait comme moi. Je dis bonjour à mes grands-parents qui me demandent comment je vais, je ne réponds toujours pas. On finit par tous rentrer dans l'église, en sachant que nous ne sommes vraiment pas beaucoup. Ma maman n'avait pas d'amis, elle a été mangée par la maladie depuis presque toujours et elle lui a privé une vie avec des amis. Ça me brise le cœur, qu'elle soit partie sans avoir eu le temps de découvrir à quel point c'était délicieux d'avoir des amis, d'être soutenue.

Quand je m'assois au premier rang, avec ma sœur et mes grands-parents, mon premier réflexe est de prier pour me faire pardonner auprès des dieux. Ce n'est pas ce que je voulais pour elle, comme fin ou comme enterrement. J'espère qu'ils le comprennent de là-haut. Et j'espère qu'elle ne m'en veut pas de ne pas m'être plus battu, je n'ai plus de force.

Le prêtre commence son discours mais je n'écoute rien, trop occupé à prier dans ma tête.

Aussi étonnant que ça puisse paraître, cela s'est passé très vite. Je n'ai jamais connu d'enterrement avant celui-ci, je ne savais pas que ça se passait comme ça. Je n'ai pas pleuré. Alors que la plupart des gens présents l'ont fait. Je sors de l'église sans rien dire, toujours auprès du cercueil de maman. Je ne le lâche pas, jusqu'à ce qu'on me le reprenne pour partir au cimetière.

Je remonte dans la voiture de Gabriel, toujours sans un mot. Quand nous arrivons, je me remets auprès du cercueil avec Pénélope. Nous restons auprès d'elle jusqu'à ce qu'on la mette en terre et que mon monde disparaisse avec elle. Que mes espoirs se taisent à jamais.

Pénélope s'effondre à terre et est soutenue par mes grands-parents. Je suis toujours debout, ne bougeant pas. Je ne sais pas comment lui dire au revoir, comment partir sans elle. Comment je suis censée accepter ça ?

Nous repartons quelques minutes après, en essayant de retenir Pénélope. Je n'arrive pas à lui parler, à trouver les bons mots pour la sauver. Elle semble en avoir si besoin mais je n'y arrive pas. Je ne peux pas être sa bouée, son pilier. Je ne peux plus être rien de tout cela. Alors je la laisse dans les mains des personnes qui peuvent l'aider. Je me dirige vers la voiture de mes amis, sans un mot.

-       Ariane ?

Je me tourne et je vois mes amis en cercle autour de moi, tous démolis.

-       Tu rentres avec nous ? me demande Eryn.

Je secoue la tête, en refusant toujours sans rien dire. Je veux juste rentrer chez moi.

-       Je vais la reconduire, se propose Thésée.

Mes amis hochent la tête et repartent. Soudain, je vois Pénélope s'approcher de nous. Elle sèche ses larmes et fond dans mes bras. Je la câline contre moi en caressant ses cheveux.

-       Je t'aime, Pénélope.

Et ils sont mes premiers mots depuis des jours.

Elle me sourit tristement avant de me lâcher pour me laisser partir. Je souris un peu en la regardant, elle s'en sortira. Elle a toujours été la plus forte de nous trois, la plus courageuse et ambitieuse.

Thésée et moi partons dans la voiture, il respecte mon silence et nous rentrons à la maison sans rien dire. Quand il se gare devant, je lui dis de retourner avec les autres. Je veux rester seule.

-       Tu es sûre, Ariane ?

-       Oui, j'en ai besoin.

-       D'accord, je rentre dans pas longtemps. Je t'aime, Ariane.

-       Je t'aime, Thésée.

Et ce furent mes dernières paroles. Pour mon sauveur.

Mais il n'y a plus rien à sauver ici.

Eryn, Gabriel, Lou.

Mes grands-parents.

Pénélope.

Thésée, mon âme-sœur.

Désolée. Je n'ai plus la force de me battre.

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Hey !

Désolée du retard jpp, j'avais complètement zappé qu'on était samedi 😭

Sinon, ce chapitre ? Vous survivez ?👩‍🦯‍➡️

Bisous Xxx