chapitre 3

26 5 16
                                    


Sydney, Australie, 18 heures

Je me brossais les dents dans ma salle de bain, chantonnant un air de musique. Je m'amusais à danser seule devant mon miroir. C'était une sensation reposante et agréable, l'un des seuls moments où je me sens bien avec moi-même. Une fois finie, je descendis au salon pour me servir à manger. C'est alors que je le vis, mon téléphone à la main.

Mon père me lança un regard noir rempli de mépris et de rage, rien de bon en perspective.

-C'est quoi ça ? Dit-il en pointant le téléphone du doigt.

Mon corps se crispa. Que faire ? Lui mentir ? Si je lui disais que ce téléphone m'a été donné par un homme cherchant à me rendre ma liberté, l'accepterait-il ?

- Je t'ai demandé d'où vient ce téléphone, tu es sourde ?! Cria-t-il avec rage.

Il s'approcha dangereusement de moi. J'avais peur et, pour une fois, je m'échappai en courant à toute allure vers la porte d'entrée. Il fallait que je m'enfuie, que je m'échappe de cette vie misérable. Je reçus un coup sur le crâne, je sentis du liquide chaud couler le long de ma nuque et je tombai au sol, encore consciente.

Mon beau-père prit mon téléphone et l'éclata par terre.

-Pour qui te prends-tu ? Tu penses avoir de l'importance, tu penses pouvoir t'échapper avec ton prince charmant, mais crois-moi, les hommes ne franchissent jamais les frontières du roman.

Il n'avait pas tort sur ce point-là. Mais je préfère mille fois m'évader avec un faux prince charmant que de rester bloquée avec un psychopathe.
Ces mots, je voulais les lui balancer, mais j'en étais incapable. Mon corps ne répondait plus. Il continua à me donner des coups, plus forts, encore plus forts que toutes les autres fois où je criais de douleur sans que personne ne m'entende. Mais il était déjà trop tard, je ne sentais plus rien. Je fermai les yeux, une larme coula le long de ma joue. Je murmurai un simple "Désolé" avant de sombrer dans un sommeil profond.

Sydney, Australie, 3 jours plus tard

J'ai mal. J'ai mal partout. J'ai mal au cœur, j'ai mal pour mon corps, j'ai mal pour ma famille. Je n'arrivais même plus à bouger mon corps, j'étais bloquée sur ce lit. En fin de compte, ce n'est pas si mal, au moins je peux rêver encore et encore d'une vie paisible.

Cela fait 3 jours, 3 jours durant lesquels je suis restée confinée dans mon lit. Mon corps allait mieux, mais mon cœur était meurtrit ; j'étais détruite de l'intérieur, comme l'enfant qui avait perdu sa famille sous ses yeux. Ma vie n'avait plus aucun sens. Où est mon ange gardien ? Hein, où est-il ? Nulle part, encore une fois. Que des paroles en l'air. Il m'avait promis la protection, laissez-moi rire, c'est ça qu'il appelle la protection ?

15 heures

Je descendis au salon, tombant nez à nez avec mon père. Il semblait paisible, comment fait-il pour se sentir bien même après avoir presque tué sa petite fille ? C'est un monstre, de toute façon, il ne changera jamais. Il gardait ses yeux sur la télé pendant que je traversais le salon pour aller manger. J'entendis une voix me parler du salon.

Est-ce qu'un jour j'arriverai à manger, putain ?

-Demain soir, je suis invité à une soirée spéciale, tu viendras avec moi, s'écria-t-il.

Une seconde, ai-je bien entendu ? Mon père me faire sortir ? Je sautillai dans tous les sens. Mon dieu, je n'y crois pas, c'est la première fois qu'il m'emmène dehors. Je suis si excitée ! Notre relation n'est peut-être pas perdue finalement, peut-être qu'il reste encore du bon en lui malgré toutes ces années.

Le soir, je ne cessais de me poser des questions sur sa soudaine annonce. Je n'arrivais pas à y croire, j'allais enfin sortir, voir le monde extérieur et passer un bon moment avec mon beau père. J'ai hâte d'y être.

Le garçon qui franchit les frontières du roman Où les histoires vivent. Découvrez maintenant