Fading lights

Prologue

 — Je ne sais plus comment faire. Imagine s'il revient ? Imagine s'il veut le récupérer ? Et s'il m'en veut encore?

— Ne t'inquiète pas Fiona, il est parti il y a plus de 12 ans. Ce serait ridicule de sa part de se pointer maintenant.

— De toute façon, on est là pour t'épauler, ne t'en fais pas. On gardera un œil sur eux. On gardera un œil sur lui.

— Maman ?

J'entre dans le salon. Ils cessent immédiatement de parler . Je vois bien que quelque chose se trame, mais qu'ils ne veulent pas que Finn et moi soyons au courant. Lui, n'a rien entendu du peu de conversation que j'ai perçue. Complètement plongé dans son nouveau livre que je viens de lui offrir.

Dès que j'ai appris que Finn s'était blessé en tombant dans les escaliers de l'école, je n'ai pas hésité une seule seconde. Je voulais lui offrir quelque chose qui le rendrait heureux à nouveau.

Quand ils sont entrés dans le hall, maman nous a demandé de monter dans ma chambre. Ils doivent avoir une "discussion d'adultes", comme l'a expliqué papa, pensant que je ne comprendrai pas ce qui se passe.

Je remarque depuis quelques jours que Fiona, la meilleure amie de maman, ne va pas très bien. Pas au niveau de sa santé, au contraire, elle rayonne comme Finn qui la suit en entrant dans la maison avec son éternel sourire aux lèvres et un plâtre au bras. Mais elle semble différente.

Elle a toujours ses joues légèrement rouges et son doux sourire quand elle vous regarde. Mais en observant ses traits, je vois bien que quelque chose a changé.

Son mascara a légèrement coulé sous ses yeux et ses paupières. Comme si des larmes s'y étaient logées. Des zones sombres indiquent un manque de sommeil évident. Mais pourquoi ? Pourquoi ne dort-elle plus ?

Au début, j'ai pensé que c'était à cause de son travail, mais je commence à douter. Elle est la première à dire qu'il faut distinguer son métier de sa vie privée. Mais après tout, tout le monde traverse des moments de tristesse et de bonheur, n'est-ce pas ?

Mes moments de bonheur les plus intenses sont en compagnie de Finn. J'espère qu'elle trouve autant de joie que moi quand elle est avec son fils.

J'entends parfois maman et papa discuter de Fiona, mais dès qu'ils me voient, la conversation s'interrompt. J'imagine que je finirai par savoir ce qui se passe. J'espère juste que cela ne concerne pas Finn. Il est si sensible et je veux qu'aucun événement ne vienne perturber la paix qu'il construit jour après jour.

— On se voit toujours ce soir pour le diner ?

— Bien sûr; D'ailleurs, j'apporterai le dessert. Tu veux quoi Nelson ?

Je regarde par-dessus mon épaule.

— Des cinnamons rolls ? ça fait longtemps que je n'en ai plus mangé.

Les yeux de Finn se relèvent, je vois bien que j'ai réussi à capter son attention en choisissant sa gourmandise favorite. C'était exactement mon but.

— Mais ? Je t'en avais fait avant-hier pour le petit déjeuner ?

Je lui fais un clin d'œil. Fiona comprend tout de suite que je veux juste faire plaisir à Finn et mettre un sourire sur son visage. Elle me sourit en retour, signe qu'elle a compris.

— Finn, tu viens avec moi ? Je vais acheter de la cannelle et de quoi faire tout ça.

— Tout de suite !

Il prend sa veste de son unique main libre, nous regarde en faisant son sourire lumineux qui égaye mes journées et saute dehors.

— À tout à l'heure ! Nous dit Fiona.

— À toutes, dis papa

Je m'assieds dans le fauteuil, au côté de maman qui n'a toujours pas bougé. Elle me regarde avec ses yeux toujours aussi tendres, , des yeux qui semblent contenir l'univers entier, un mélange d'amour inconditionnel et de douce mélancolie. Malgré l'ambiance palpable qui règne dans le salon , son regard reste doux quand il se pose sur moi.

Si j'avais su que l'année suivante, maman ne serait plus là, j'aurais savouré chaque instant passé à ses côtés. J'aurais répondu à ce regard aimant en lui disant « je t'aime » avec toute la force de mon cœur, ou en lui offrant un câlin interminable, comme ceux qu'elle me donnait à l'heure du coucher. Des câlins qui semblaient durer une éternité, enveloppés dans la chaleur de ses bras, avec la senteur apaisante de son doux parfum fruité.

Papa nous rejoint, avec cet air grave que je connais trop bien pour comprendre que la conversation qui va suivre ne sera pas des plus joyeuses. Il s'assied dans le fauteuil en face de nous. Je sens une tension palpable, une sorte de prémonition qui me serre le cœur. Mais quoi ?

Lorsque maman commence à parler, ma respiration se fige, mon cœur manque un battement. Ses mots sont lourds de sens, chaque syllabe pèse comme un rocher dans l'air devenu soudainement oppressant.

— Nelson, tu sais garder un secret ?

Je fixe maman, cherchant dans ses yeux une lueur de réconfort, une assurance que tout ira bien. Mais même dans la douceur de son regard, je perçois une tristesse profonde, une ombre qui ternit la lumière de ses yeux. Je réalise alors que ce secret qu'elle s'apprête à me confier n'est pas seulement un fardeau pour elle, mais aussi une nouvelle épreuve pour nous tous.

Ses paroles résonnent en moi comme un écho lointain, porteur d'une vérité que je ne suis pas certain de vouloir entendre. À ce moment précis, j'ai compris que ma vie allait prendre un tout autre tournant.