Chapitre 2

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Mélodies et confidences

Nelson

« all i want – Kodaline »

Cinq heures du matin et mes yeux sont déjà grands ouverts. Dans cette pièce immaculée, mes démons me torturent même dans mes rêves. Plus le temps passe et plus ils m'emportent avec eux. La lumière blafarde de la lampe de chevet éclaire faiblement les murs blancs, accentuant le vide qui règne dans cette chambre parfaitement rangée.

Maman est morte depuis cinq ans. Cinq ans que je ne dors plus tellement elle me manque. Partout où mon regard se pose dans cette maison, je la vois avec ses robes fleuries, virevoltantes autour d'elle. Je l'entends quand j'allume le jet d'eau de la douche, son rire résonnant dans le bruit de l'eau. Je la sens quand je passe à côté des fleurs qui décorent la façade de notre maison, des pivoines, ses préférées, dont elle prenait soin chaque printemps.

Avant de me rendre chez mon meilleur ami et voisin, je vais faire mon footing matinal. C'est mon échappatoire, celui qui me permet d'oublier tous mes problèmes, de faire le vide le temps que mes pas foulent les rues de notre résidence. J'accroche mon téléphone à mon bras, active la musique, et les premières notes de "All I Want" par Kodaline résonnent dans mes oreilles. Cette musique me rappelle tant de souvenirs. Je me souviens de ces après-midis où nous chantions ensemble dans le salon, ses yeux brillants de joie. Mais les mots ne sortent pas quand j'essaye de les aligner. Ce sont les larmes qui coulent encore et encore, à torrents, sur mes joues. La dernière fois que j'ai su chanter cette chanson, c'était à son enterrement. L'ambiance était électrique, mais c'est la seule fois où j'ai eu l'impression qu'elle était encore là, à mes côtés. Sauf qu'elle n'est plus là maintenant. Maman est morte et j'ai droit à des rendez-vous chez la psy une fois par mois.

Quand j'entre dans leur maison, avec mon masque de sourire sur le visage, je cache mes émotions derrière une façade que j'espère ne pas voir se fissurer. Mon meilleur ami ne doit pas voir à quel point je suis brisé. Il me connaît trop bien, il pourrait percevoir la moindre faille. Alors je ris, je parle, je fais semblant d'aller bien. Je m'efforce de vivre, de trouver un semblant de normalité dans un monde qui a perdu tout son sens sans elle.

J'adore venir chez les Lord. Leur maison est si cozy, on croirait que le décor est un copier-coller des salles IKEA, avec une touche de chaleur personnelle qui la rend unique. Les photos de famille accrochées aux murs, les coussins colorés sur le canapé, tout respire la vie et l'amour.

Mon nez me guide directement dans la cuisine, d'où s'échappe une odeur alléchante. Là, je retrouve Fiona qui pose ses délicieux roulés à la cannelle sur la table, un sourire accueillant sur son visage.

— Footing matinal ? me dit-elle en souriant.

Mes cheveux sont humides de la douche prise en rentrant de ma course.

— Ça te dérange si je vais me sécher les cheveux dans votre salle de bain ? Je n'ai pas pris la peine de le faire à la maison, mais j'ai peur de tomber malade avec le froid extérieur.

— Tu es ici comme chez toi, Nels. Touche un mot à Phineas pour qu'il se bouge.

Le concerné crie du haut des escaliers pour qu'on prépare son déjeuner. Il est sûrement resté éveillé jusqu'à pas d'heure pour écrire son manuscrit. Il a un réel don pour l'écriture, et je suis sûr qu'il peut aller très loin s'il s'en donne les moyens. Je monte à l'étage et frappe à la porte.

— Finn ! Dépêche-toi, mec, on démarre dans cinq minutes.

— Oui, oui, je suis prêt, répond-il d'une voix ensommeillée.

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