Le fils de la lune

9 3 0
                                    

Dans un coin perdu, au milieu d'une clairière, un homme charge des sacs dans le coffre de sa voiture. Une femme, assise au sol avec un petit garçon à ses pieds, regarde avec lui la lune, parfaitement ronde, qui trône dans le ciel, à peine dissimulée par des nuages. Elle tient fermement les poignets de l'enfant, qui semble mal en point. Elle se penche alors à son oreille, et fredonne un petit air pour le calmer :

- Et les soirs où l'enfant joue et sourit, de joie aussi la lune s'arrondit. Et lorsque l'enfant pleure, elle décroît pour lui faire un berceau de lumière.

L'enfant finit par s'endormir, et l'homme s'approche d'eux. Ils se regardent, et sourient tendrement en adressant leur regard à l'enfant endormi.

- J'espère que c'est fini, dit la femme. Je veux qu'il ait une enfance normale.
- Ne t'inquiète pas ma chérie, répond l'homme, je suis sûr qu'ici, personne ne pourra nous faire du mal.

Elle porte l'enfant et entre dans l'arrière de la voiture. L'homme s'assoit face au volant, démarre et s'enfonce dans la nuit noire, traversant un panneau où il est marqué : Bienvenue à Nightwing.
---
Alan ouvre les yeux, et se lève brusquement. Sur un lit, complètement bandé et pansé, il voit devant lui Millie, Norah et Lizzy, qui semblent tout aussi surprises de le voir se réveiller.

- Qu'est-ce que vous faîtes là ? demande-t-il.
- Quoi ? C'est moi qui devrais te demander ça ! répond immédiatement Millie. T'es entré dans ma chambre complètement en sang !

Il s'essuie la sueur qui coule de son visage, et se lève d'un bond du lit. Les trois filles, silencieuses, se perdent à admirer ses muscles saillants, dont la sueur semble faire scintiller.

- Il est où, mon t-shirt ? demande-t-il après avoir essayé de le trouver lui-même.
- Il était complètement en lambeaux et rempli de sang, alors j'ai dû le brûler. Mon père pourrait tomber dessus et se poser des questions.

Il s'assoit sur le lit, et se frotte encore la tête.

- Et mon téléphone ? Je l'avais avec moi ?
- Attends tu te fous de nous !? s'écrie soudainement Lizzy. Tu te retrouve en cavale du jour au lendemain, tu réapparaîs tout aussi soudainement, couvert de blessures et de sang, après nous avoir lancé dans une quête aussi surnaturelle que mortelle, et tout ça pour t'occuper de tes affaires !? Tu nous devrais pas des explications !?

Surpris par la pique de colère de Lizzy, il ne dit rien, abandonnant l'idée de chercher son téléphone.

- Tu te rends quand même compte que c'est grave risqué de venir débarquer comme ça chez la fille du capitaine de la police, qui soit dit en passant t'a classé homme le plus recherché de toute la ville ? demande-t-elle.
- C'est pour ça que je leur ai indiqué ma position avant de venir ici, répond-il. J'étais en danger, la chose m'avait retrouvé. Depuis l'incident avec Maylo, elle me traque sans répit. A un moment, je l'ai sentie venir, alors j'ai décidé de quitter l'endroit où j'étais caché. Et comme je n'avais nulle part où aller, j'ai appâté ton père pour pouvoir me réfugier ici. Mais elle m'a poursuivi, et je lui ai échappé de justesse...

Il se lève, et retire ses bandages et ses pansements. Millie s'étonne alors que toutes les plaies qui couvraient son corps sont déjà refermées, même l'énorme trou béant sur ses côtes. Norah, n'en pouvant plus, et par peur que Lizzy ne l'attrape lorgner sur son bien-aimé des bêtes, finit par sortir, gênée, prétextant aller boire un peu d'eau.

- Vous avez pu trouver quelque chose de votre côté ? demande-t-il.
- Ouais, et c'est assez long, même si on n'en sait pas assez... répond Millie.
---
Au bout de la nuit, des dizaines de policiers font la route pour le poste. La chasse à l'homme avait été infructueuse, le suspect peut-être déjà envolé. Robert, dans son bureau, se lamente de ce nouvel échec. Même s'il avait pris toutes les dispositions nécessaires pour empêcher la sortie de Kerbecs de la ville, il continuait à leur glisser entre les doigts. Bientôt, le FBI allait débarquer et se saisir de l'affaire, ce qui signifierait la fin pour lui. Mais il n'en était pas tant préoccupé que ça. Pendant la recherche, quelque chose le préoccupait. Lui, qui au départ soupçonnait le jeune homme, à raison d'ailleurs puisqu'on avait pu prouver sa présence à proximité des différents lieux de disparition, s'est finalement ravisé. Une autre idée lui était venue à l'esprit. Celle que, contre tout attente, Kerbecs cherchait quelque chose, ou quelqu'un. Le coupable ? Peut-être bien.

Détectives de l'étrangeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant