All the King's Horses // Minchan //

8

Un bruit de pas précipités lui fit lever les yeux et se concentrer sur celui qui venait de se planter devant sa cellule. Chan. Un soupir épuisé lui échappa et il marmonna pour la énième fois, las :

« - Je n'ai pas enlevé Felix je-

- Il a disparu, le coupa son père. »

Quoi ? Minho plissa le front :

« - Comment ça ?

- Il n'est pas dans sa chambre, personne ne l'a vu sortir du palais et- il n'est plus là. »

La panique était audible dans sa voix mais le mage devait bien admettre qu'il masquait bien ses émotions. Lui aussi cacha son inquiétude pour persifler :

« - Si tu penses que j'ai pu l'enlever, tu oublies que je suis emprisonné ici depuis je ne sais combien de temps ! »

Hors de question qu'il vouvoie son interlocuteur. Mais à sa grande surprise, le père de Felix se passa une main sur le visage avant d'avoir un signe de tête pour un garde, qui ouvrit la porte de sa cellule. Et une fois devant le mage, il plongea son regard dans le sien, sérieux :

« - Si je te libère... Me promets-tu de ne pas t'enfuir ? Je- je dois le retrouver. »

Sans voix, Minho fronça les sourcils pour étudier la moindre de ses expressions. Mais il ne plaisantait pas. Il voulait le libérer. Alors il hocha la tête :

« - Je t'aiderai à trouver Felix.

- Si tu tentes quoi que ce soit... menaça son père en faisant approcher le garde. »

Celui-ci lui tendit une clé, et ce fut Chan qui déverrouilla les gants de fer. La sensation de liberté était grisante après tout ce temps à être un prisonnier. Le mage se leva. Pour aussitôt chanceler, comme frappé par la foudre. Le flux de magie qui revenait en lui était bien trop important pour qu'il puisse le canaliser. Ses yeux devinrent d'un violet aveuglant, se révulsèrent, et il s'effondra, seulement retenu par les bras musclés du père de Felix. À l'instant même où il arrêta sa chute, sa magie s'emballa et le garde et lui furent projetés contre les barreaux de la cellule alors que Minho tombait, à genoux, le souffle irrégulier.

« - Non, n'approchez pas ! s'écria Chan. »

Le mage se replia sur lui-même, les poings serrés, des veines violettes évoluant sur sa peau. Sa magie courait dans ses veines comme un feu libre et fou, inarrêtable. Les sourcils froncés, concentré, il essaya de la canaliser avec des grognements. Mais elle lui échappait, affleurait à la surface, au bord de l'explosion. Il ne lui restait qu'une seule solution, qu'il n'avait jamais employée mais qu'il avait gardée en dernier recours. Un geste des doigts fit apparaître une dague. Sans prêter attention aux exclamations qu'il entendit, il s'entailla la paume de la main jusqu'à saigner. La dague disparut. Avec son propre sang, les mâchoires serrées, il traça un cercle de runes au sol en marmonnant :

« - Ça suffit ! »

Évidemment, sa magie ne l'écouta pas, elle se manifestait jusqu'à ses cheveux tressés qui prenaient des mèches violettes. Il grogna en se relevant sur des jambes hésitantes, et il manifesta une boule améthyste qui flotta au-dessus de sa paume, orbe scintillant et instable. D'un geste sec, il la projeta au sol, au centre du cercle. Aussitôt, les runes aspirèrent le trop-plein de magie, Minho reprit son apparence normale et le contrôle de lui-même. Il referma sa plaie d'une simple pensée pour ensuite lever la tête vers le père de Felix, l'expression déterminée :

« - Je suis prêt. »

Chan l'étudia longuement avant de murmurer :

« - S'il te plaît... Trouve-le. »