15

435 98 23
                                    

Il était occupé à arroser les pots de sa table quand il entendit gratter à la porte. Un sourire amusé lui échappa, qu'il s'empressa de réprimer, et il l'ouvrit d'un geste de la main. Les mains sur les hanches, faussement moralisateur, Minho se tourna vers son visiteur, un chiot labrador qui s'immobilisa aussitôt, la patte encore en l'air :

« - Et bien Mong-Mong ? Tu viens encore dévaliser mes placards ? »

Le chiot se contenta de laisser sa langue pendre hors de sa gueule dans ce que le mage considérait comme un sourire, et il trottina jusqu'à la cuisine sans même venir le saluer. En secouant la tête, il marcha vers la porte pour passer sa tête dehors :

« - Je sais que tu es là Iyen, ce n'est pas la peine de te cacher. »

Au bout de quelques secondes, un petit renard des sables sortit de derrière le fauteuil présent sous le porche et fit quelques pas jusqu'à pouvoir se frotter contre ses chevilles. Amusé, Minho s'accroupit pour pouvoir le caresser avec douceur :

« - Je me disais bien que tu étais là... L'un ne va pas sans l'autre. »

Iyen autorisa quelques secondes de caresses avant de mordiller ses doigts par surprise et de prendre la fuite entre ses jambes et dans la maison. Sûrement pour rejoindre Mong-Mong et dévorer la nourriture qu'il laissait à leur disposition dans des gamelles. Minho ne put retenir son sourire et il rentra à son tour chez lui. Il termina d'arroser ses plantes en écoutant les bruits étouffés de mastication et, alors qu'il venait tout juste de terminer, le chiot daigna enfin s'asseoir à ses côtés en jappant.

« - C'est bon, monsieur exige des caresses ? s'amusa Minho. »

Il lâcha tout de même son petit arrosoir pour s'accroupir et caresser son pelage clair. Les deux animaux étaient apparus un jour, ensemble, sur son porche. Il les avait entendus aboyer et glapir, gratter à sa porte et, depuis, ils venaient quasiment tous les jours manger ce qu'il leur préparait, dormir près du feu, s'étendre dans les jardinières de fleurs et mordiller ses pieds de chaises. Mais pour rien au monde il ne les aurait mis dehors, pas alors qu'ils étaient ses seuls amis. Ils étaient les seuls qu'il voyait, même s'ils étaient de véritables menaces et un duo de petites terreurs. Ils étaient bien trop attachants pour son cœur solitaire. Et ils n'avaient jamais uriné sur son potager ou sur ses plantations et, de temps en temps, ils ramenaient ensemble un oiseau ou un lapin qu'ils déposaient à ses pieds comme une offrande alors qu'il n'avait jamais aperçu un seul animal dans les environs.

Pour occuper Iyen, qui trépignait près d'eux alors que Mong-Mong était allongé sur le dos à savourer ses gratouilles sur son ventre, Minho agita ses doigts et matérialisa une sphère translucide, que le renard s'empressa de chasser. Le chiot l'observa avec la gueule entrouverte, peu décidé à le rejoindre. Il lui sembla, et pas pour la première fois, que son cœur débordait d'affection, et il se força à ne pas penser à des yeux tendres accompagnés d'un sourire creusé de fossettes. Il n'avait pas besoin de Chan. Il n'avait besoin de personne.

All the King's Horses // Minchan //Où les histoires vivent. Découvrez maintenant