All the King's Horses // Minchan //

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S'il y avait bien une chose que Minho avait apprise en deux jours de voyage avec Felix, c'est qu'il était inépuisable. Et bavard. Et toujours prêt à s'accrocher à lui comme une liane. Et émerveillé à la moindre manifestation de sa magie. Et qu'il lui vouait une confiance sans bornes qui le dépassait et qui lui était incompréhensible.

« - Minho ! Regarde ! l'appela le jeune garçon. »

Le mage leva des yeux tranquilles de la soupe qu'il remuait dans un chaudron. Si quoi que ce soit était arrivé à Felix, sa magie l'aurait immédiatement averti. De l'autre côté du feu de camp, l'enfant lui tendait un gros caillou avec une excitation qui faisait affleurer sa magie de manière inconsciente :

« - On dirait un lapin ! »

Il trottina jusqu'à lui pour lui présenter sa trouvaille de plus près :

« - Regarde ! Là c'est les oreilles et- et les dents ! Et là la queue et- »

Minho l'observait avec une tendresse réticente. Felix ne semblait pas avoir conscience de son potentiel magique, il ne réalisait pas que la moindre excitation provoquait une explosion relative de magie que le mage savait blanche, pure. Il avait du potentiel. Beaucoup de potentiel.

« - C'est pour toi ! »

Le caillou fut déposé sur ses genoux. Minho cligna des paupières, interdit, avant de souffler :

« - Merci... »

Il reçut, comme souvent, un sourire radieux en réponse. Ignorant les pulsations de sa magie, il demanda :

« - Redis moi encore où tu habites ? »

Comme s'il s'agissait de son histoire préférée, Felix tapa dans ses mains :

« - C'est grand ! Et- et il y a toujours plein de monde et- et papa est occupé toute la journée mais je peux l'accompagner quand il parle avec les vieux monsieurs et- et- j'ai un chat ! »

Minho tendit l'oreille pour essayer de débusquer le moindre élément pouvant l'orienter dans ses recherches du père de Felix, mais celui-ci n'avait pas la même notion de ce qui pouvait lui être utile.

« - Et papa il a dit oui pour que je peigne les murs de ma chambre en bleu ! Même qu'on a mis nos mains dans la peinture pour faire des traces de mains comme ça quand je vais dormir le soir je vois que mon papa il sera toujours là pour moi ! »

En effet, peu utile. Il ravala sa déception pour forcer un sourire :

« - C'est très gentil de sa part.

- Mon papa c'est le meilleur papa du monde !

- Et comment il s'appelle ? »

Felix le regarda comme si sa question était la plus stupide qu'il n'avait jamais entendue :

« - Il s'appelle papa ! »

Son toupet agita la magie de Minho, mais il garda son expression neutre afin d'insister :

« - Tu n'as jamais entendu personne l'appeler autrement ? »

L'enfant secoua la tête, faisant voler ses cheveux blonds :

« - Non il est que- ses yeux se fixèrent sur les cheveux de Minho. Je peux avoir des tresses moi aussi ? S'il te plaît ! »

Il retint un soupir devant le changement inattendu de sujet :

« - Pourquoi ?

- Pour être comme toi ! »

La réponse semblait évidente et elle toucha Minho. La confiance sans borne que lui vouait Felix était visible dans ses yeux bleus, et il ne pouvait y résister. Alors, après quelques secondes de fausses réflexions pour ne pas sembler céder trop vite, il abandonna sa cuillère en bois dans le chaudron, la soupe oubliée. Un geste des doigts fit tourner l'ustensile tout seul, et il se tourna pour s'éloigner un peu du feu :

« - Viens. »

Tout content, Felix sautilla et se laissa tomber entre ses jambes ouvertes, dos à lui :

« - Merci Minho ! »

Il eut un son indistinct mais teinté de bougonnerie comme réponse. Bientôt, un peigne entre ses doigts, il s'appliqua à démêler ses cheveux pour ensuite les tresser. La chevelure blonde du jeune garçon ne lui arrivait qu'aux épaules, donc il eut vite terminé. Ça n'avait rien à voir avec la sienne, châtain foncé, qui poussait jusqu'au milieu de son dos et qu'il avait tressée avec élégance, mêlant des perles aux différentes nattes, fines ou plus épaisses, qui se rejoignaient en un entrelac délicat et raffiné.

« - J'ai fini.

- Je veux voir ! s'excita Felix. »

Il fit apparaître un miroir légèrement dépoli, qui suffit à l'enfant pour arborer un immense sourire :

« - C'est trop joli ! Merci Minho, maintenant je suis beau comme toi ! »

Occupé à vérifier que la soupe était prête, le mage faillit en laisser tomber sa cuillère. Quoi ? Aussi beau que lui ? Il tourna un visage perplexe vers lui :

« - Que viens-tu de dire ? »

Mais Felix était déjà occupé à courir après un papillon qu'il avait aperçu, le laissant sans réponses.