4. Alma

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S'il s'est battu avec Pedro au bar, cela signifie qu'ils se connaissent, et ça... ça veut dire qu'il pourrait... Et s'il parlait à Pedro de notre rencontre ?

Si ça arrive à ses oreilles, il ne nous loupera pas. Je viens de creuser ma propre tombe et celle d'Alma, pensai-je, le cœur battant à tout rompre. Je suis tellement stupide, j'aurais dû y penser avant. Ici, tout le monde connaît tout le monde.

J'aurais dû passer directement par Chavo, au lieu de me mettre inutilement en danger. Cela m'aurait permis de conserver mon anonymat.

Prise de court, je baisse immédiatement la tête et me lève brusquement de la chaise sur laquelle j'étais assise. Je quitte le bar à toute vitesse, sentant le regard intrigué de l'homme peser sur moi.

Une fois dehors, je réalise l'ampleur de la situation. Si cet homme parle à Pedro, il saura tout et il pensera qu'Alma et moi voulons le tuer. C'en est fini de nous.

Je hèle un taxi avec précipitation, le cœur battant la chamade pour rentrer à la maison. Une fois dans mon appartement, je ferme la porte derrière moi alors que mon corps tremble comme une feuille, incapable de me calmer.

Je regarde alors par la fenêtre qui donne sur la rue principale, pour voir si on ne m'avait pas suivi. La rue est déserte, mais cela ne m'apaise en rien.

Soudain, un bruit sourd me fait sursauter : quelqu'un cogne violemment à ma porte. Mon cœur s'emballe, prêt à exploser de peur. Je crains le pire et commence à me faire toute sorte de scénario dans ma tête.

J'ai...j'ai peur... peur qu'on me retrouve assassinée chez moi. Quelle triste fin !

Les cognements recommencent, cette fois-ci plus frénétiques. Je reconnais immédiatement cette façon de frapper à la porte.

— Al...Al...Alma, ¿eres tú? [ Al...Al...Alma, c'est bien toi ? ] dis-je en m'approchant prudemment de la porte, un pas après l'autre.

Le silence qui suit est presque aussi angoissant que les coups eux-mêmes. Puis, enfin, une voix familière répond de l'autre côté de la porte :

— Oui, c'est bien moi... Écoute, je... Je comprends si tu ne veux pas m'ouvrir la porte. Je suis désolée de ne pas t'avoir donné de nouvelles plus tôt.

Un poids immense se leva de mes épaules. C'était bien Alma. Je sentis un mélange de soulagement et d'émotion me submerger.

J'avance lentement vers la porte, mes pieds tremblants sur le sol. La main posée sur la poignée, je pris une grande inspiration avant d'ouvrir enfin la porte.

Alma était là, devant moi, les yeux rougis par les larmes. Sans un mot de plus, je la pris dans mes bras, la tenant fermement contre moi.

—Désolé de t'avoir fait peur, et de ne pas t'avoir donné de mes nouvelles plus tôt, mon amour... mais tout va bien maintenant, tout est fini. Je suis là maintenant, me rassurera-t-elle

Alors que je la serrais fort contre moi, comme si c'était la dernière fois, mes yeux tombèrent sur une valise posée non loin d'elle. Une vague d'inquiétude me traversa, mais je m'efforce de rester calme.

—Dis, notre colocation tient toujours... même si... même si je t'ai abandonnée en cours de route ? demande-t-elle d'une petite voix, un sourire nerveux flottant sur ses lèvres.

L'imposteur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant