Le spectacle que je découvris derrière la porte me coupa le souffle. La pièce était sens dessus dessous. Des papiers déchirés traînaient, les pieds du bureau étaient griffés, la couverture du lit éventrée. Mais Codd ne s'y trouvait pas. Je me précipitais vers la fenêtre ouverte, remarquant des traces de griffes dans le bois. Ma gorge se noua et mon coeur battait la chamade. Des gouttes de sueur perlaient à mon front. Qu'avait-il bien pu se passer ici ? Comme ses parents n'étaient encore au courant de rien, tout cela avait du avoir lieu dans la journée, alors qu'ils étaient au travail. Mais comment une bête pareille avait-elle pu entrer ? Un frisson parcouru mon échine, et je continuais à énumérer toutes les possibilités. Je tentais de marcher le plus calmement possible afin de ne pas alerter les parents de mon ami et sortis après avoir bredouillé une excuse, et que Codd ne voulait pas être dérangé.
J'errais dans la rue, perdu dans mes pensées pendant un bon moment. Lorsque je relevai la tête, je fus surpris que mes pas m'eurent guidés jusqu'à la lisière de la forêt. L'air frais me ferait du bien, je continuai donc mon chemin entre les arbres.
Quelques minutes s'étaient écoulées quand quelque chose me frappa. Aucun oiseaux ne chantait, tous les animaux s'étaient terrés dans leurs tanières. La crainte commença à me gagner, mon pas se fit moins assuré. Tous mes sens en alerte, je sursautais au moindre bruissement, même créé par mes propres pieds. Je finis par m'arrêter dans une clairière. Le vent se leva, agitant les branches des arbres de façon menaçante. Je me recroquevillai. Pourquoi au juste avais-je peur ? Ce n'est pas comme s'il y avait quoi que soit dans cette forêt. Cette pensée me galvanisa et je repris confiance, me redressant.
Le craquement d'une branche toute proche me fit sursauter. J'aperçus une ombre se mouvoir entre les buissons. Je reculai d'un pas, puis d'un autre, à mesure qu'elle se rapprochait de moi. Soudain, un loup roux aux yeux ambrés surgit devant moi. J'ouvris ma bouche mais aucun son n'en sortit, mes jambes ne m'obéissaient plus, refusant de bouger. Le loup s'approcha, grondant. Ce fut le déclic, et je regagnais le contrôle de mon corps. Pourtant, je ne bougeais pas. Quelque chose chez ce loup me semblait familier, me fascinait.
Le grognement du loup gagna en intensité, et il se fit plus menaçant. Ses poils se hérissèrent et il retroussa ses babines, dévoilant des crocs acérés. Mon instinct de survie reprit le dessus et je pris mes jambes à mon cou. En me retournant je discernai la forme du loup qui me suivait sans aucune difficulté. Il me rattrapait même. L'air peinait à entrer dans mes poumons, j'étais essoufflé. Je regrettais à présent de ne pas avoir pris plus de goût aux cours de sport. Comble de la malchance, je trébuchai sur une racine. En quelques secondes, la bête fut sur moi.
Ses crocs luisaient à quelques centimètres de ma gorge, et son haleine me chauffait le visage. Incapable de bouger, je serrais les dents, pétrifié. Ah, quelle ironie, moi, craint par presque tous les caïds du lycée allais mourir ici, à l'écart du monde, par les crocs d'une bête entrée dans la légende ! Mes yeux croisèrent celui du loup, où, l'espace d'un instant je crus discerner du regret. Mais ce fut court. La bête entrouvrit sa gueule, dévoilant deux rangées de crocs prêts à s'enfoncer dans ma gorge. A la dernière seconde, je roulai sur le côté, échappant de peu à l'étau mortel, qui se resserra sur mon épaule. J'étouffai un cri de douleur et envoyai un coup de pied dans les côtes du loup, qui me lâcha en couinant. La vision de mon sang coulant le long de mon torse et teintant l'herbe verte me fit tourner la tête. Une vague de colère pure voila mon esprit, ne laissant place à aucun autre sentiment. Le loup le sentit et se fit plus prudent. Il garda cependant une attitude menaçante, prêt à planter à nouveau ses dents dans ma chair. Je me mis tant bien que mal sur les genoux, et j'attendis. Le loup fondit sur moi, et je réagis à une vitesse dont je ne me serais pas cru capable. Le loup se fit encore plus menaçant, et je fus obligé de reculer. Ma plaie était profonde, et le sol glissait sous mes pattes... Mes pattes ?! Je tentai de pousser un cri de surprise et un glapissement sortit de ma bouche devenue une gueule. Pourquoi m'étais-je transformé en loup ?

VOUS LISEZ
Dans l'oeil du loup
WerewolfTerry, un lycéen belliqueux, se voit transporté du monde des hommes au monde des loups, qu'il va apprendre à connaître. Et surtout, à y survivre.