Chapitre 6 : La Chasse

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      La vie repris un cours à peu près normal pour Codd et moi, examens du baccalauréat oblige. J'étais loin d'être confiant. Avec les événement des deux dernières semaines, je n'avais pas vraiment eu le temps de me consacrer à mes révisions. Nous entrâmes dans la salle de classe pour la première épreuve.


      Samedi midi. Liberté ! Enfin, j'espère... Je me séparai de Codd pour rentrer chez moi. Nous avions rendez-vous avec la meute en début d'après-midi. Je pressai le pas, impatient.


     Une fois tout le monde dans la petite maison en bois, Thomas annonça :

- Aujourd'hui, nous partons chasser le gros gibier.

L'attention de la meute augmenta en un instant. Sylia leva le nez de son livre, s'intéressant pour la première fois à la conversation. Fina s'était déjà transformée sous le coup de l'excitation.

- Codd et Terry, vous resterez à l'arrière pour observer.

Une fois les instructions données, la meute pris sa forme de loup et s'enfonça dans la forêt à la recherche d'une piste.


      L'Alpha à la tête du groupe, nous avancions nez au vent. Des effluves sucrées venaient des parterres de fleurs, brouillant les pistes. Des branches d'arbustes brisées, ou encore privées de toutes feuilles, nous indiquèrent qu'un troupeau de cervidés était passé par là. Thomas ralentit le pas. En avançant lentement, nous prenions soin de marcher sur nos coussinets pour minimiser le bruit de nos pas.


      La piste nous mena sur un sentier étroit, que les cervidés empruntaient régulièrement. Dans la terre meuble, des empreintes apparaissaient. L'Alpha estima leur nombre à une dizaine d'individus. Peu importe dans quel sens j'observais les traces, je fus incapable d'en faire de même.


     Nez au sol, je finis enfin par flairer les animaux. Évidemment, les adultes les avaient depuis un petit moment. Les différentes senteurs de la forêt ne me rendaient pas la tâche facile. Un bruit d'eau se fit entendre. Nous nous rapprochâmes prudemment du ruisseau. Un cerf et quelques biches s'abreuvaient. La chasse pouvait commencer.


     Thomas envoya Benjamin et Sylia sur la gauche pour tenter de prendre une biche à revers. Le loup doré et Fina allaient essayer de rabattre un animal sur les loups qui avaient pris de l'avance. Le signal donné, toute la meute s'élança.


     Les cervidés détalèrent sans se faire prier. Les loups noirs n'eurent pas le temps d'aller bien loin et courraient à côté du troupeau. Le terrain accidenté jouait en notre faveur. Les biches avaient du mal à prendre de la vitesse. Codd et moi suivions l'Alpha et la louve rousse de très près. L'adrénaline de la course montait, la peur des bêtes me chatouillait les narines, galvanisante. Mes pattes trouvaient leur chemin à travers les arbres, buissons et rochers, sans fatiguer. J'eus l'impression de pouvoir courir ainsi sur des kilomètres.

      Le loup doré se décala sur la droite du troupeau, où peinait à suivre une jeune biche. Paniquée, elle trébucha et perdit de la vitesse, permettant à l'Alpha de courir à côté et d'essayer de planter ses crocs dans son flan. Tina les rattrapa et harcela le cervidé, lui mordillant les pattes arrières tout en restant prudente. Un coup de sabot mal placé pouvait tuer. Haletante, la proie se déporta vers la gauche dans l'espoir d'échapper au loup sur ses flans. Mais l'étau se resserra. Benjamin jaillit d'un buisson. Il tenta de mordre la gorge, mais manqua son coup. Ses crocs se refermèrent sur l'épaule de la biche qui, entraînée par le loup, tomba à genoux. L'Alpha en profita pour prendre le cervidé au cou. Ce dernier se débattit un peu, avant d'abandonner. Asphyxiée par le prédateur, la biche rendit son dernier souffle.


      L'excitation de la chasse eu du mal à retomber, et je n'allai pas manger immédiatement. Mais les autres ne se firent pas prier. Fina, bien qu'encore pleine d'entrain, semblait déçue de ne pas avoir eu l'occasion d'assener un coup de crocs. Thomas la rabroua d'un grognement lorsqu'elle se fit trop insistante. La louve s'écarta avec un morceau de viande dans la gueule. Cette scène réveilla mon estomac et je me décidai à prendre ma part. Je m'attendais à avoir plus de résistance à tuer pour me nourrir, mais l'instinct faisait son travail, et fouiller dans la carcasse ne me posa aucun problème.


      Une fois rassasiés, nous laissâmes les restes aux renards et corbeaux. Nous allâmes sur un terrain plus dégagé, où le soleil réchauffait la mousse sous les arbres. L'Alpha s'installa sous un rocher, préférant l'ombre, tandis que Benjamin et Fina se couchèrent côte à côte au soleil, somnolant. Codd vint vers moi avec une patte de la biche qu'il avait ramenée dans sa gueule, enthousiaste, sa queue battant l'air derrière lui. Il plaqua son poitrail au sol, l'arrière-main levée, m'invitant à jouer. J'y répondis en saisissant l'objet entre mes crocs, bien déterminé à ne pas lâcher. Tirant chacun d'un côté, ce fut la patte du cervidé qui se brisa. Surpris, le loup roux tomba à la renverse. Plus stable sur mes pattes, je lui sautai dessus. Il répliqua en me mordillant l'épaule et me repoussa avec ses pattes arrières. De nouveau debout, il s'ébroua avant de revenir à la charge. Nous luttâmes ainsi pendant quelques minutes, sous l'oeil attentif de Sylia. La louve noire s'était assise un peu plus loin.


     Fatigué par la chasse et le jeu, je me couchai alors que Codd tentait de me convaincre de continuer. Quand il vit que je n'avais plus l'intention de me relever, sa queue retomba. Il fut déçu, mais pas pour longtemps, car il vint se coucher contre moi, sa tête reposant sur ses pattes avant. La meute passa le reste de l'après-midi à faire la sieste.

     Le chant des oiseaux annonçait le début de l'été.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 31, 2020 ⏰

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