CHAPITRE 7 : Derniga

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CHAPITRE 7

DERNIGA

     Étouffée par les parois de la capsule, la voix de Xolan disparaît au loin.Mes paupières sont lourdes. Il m'avait pourtant averti que les effets ressentis étaient similaires à la phase d'endormissement d'une anesthésie générale. Je n'ai pas le temps de paniquer que je suis déjà partie. 

    J'ouvre les yeux et reprends rapidement mes esprits. Je n'y vois rien mais je sais déjà que je suis dans l'ascenseur. Cette fois, inutile d'analyser autour de moi. Instinctivement, mon cerveau fait le lien. Je sais que dans quelques secondes, je me retrouverai propulsée dans tous les sens, alors j'anticipe. Je me couche au sol, recroquevillée sur moi-même. Gardant mon calme, je n'essaie pas de résister et curieusement, les secousses sont beaucoup moins violentes. Je sais où je suis et ce qui est en train de m'arriver. 

    Dans l'obscurité, émane un halo de lumière, moins agressif que la dernière fois car je m'y étais préparée. J'aperçois le symbole qui rayonne au-dessus de ma tête. Tout est similaire aux fois précédentes à un détail près, j'ai le contrôle sur la situation. Je ne peux hélas envisager la suite car je ne l'ai jamais rêvée.

    Au moment fatidique, au lieu de me réveiller, je demeure toujours dans ascenseur qui monte de plus en plus haut. Désormais, je distingue nettement le symbole. Il se rapproche de moi. Je peux à présent admirer ses contours en détail. Soudain, l'ascenseur s'arrête, les parois s'abaissent. Je réalise que le symbole n'est qu'un infime détail présent au cœur d'un immense dôme en vitrail qui surplombe le hall dans lequel je me trouve. Les rayons du soleil se répercutent sur le verre, faisant scintiller le symbole plus intensément que les autres parties du dessin. La prééminence de bleu et de violet donne un aspect céleste à la coupole. C'est magnifique. Je devine autour, des ailes semblables à un oiseau majestueux ou à un ange. Je ne parviens pas à discerner ce que cela représente exactement mais je reste subjuguée par la beauté de cette œuvre d'art.

    — Ah ces nouveaux, déjà perdus avant même d'avoir passé le test ! s'exclame une voix derrière moi.

    Je pivote sur mes talons et je vois dans mon champ de vison, deux jeunes hommes en uniformes noirs qui se tiennent face à moi, assis sur les premières marches d'un immense escalier. Je me retourne, instinctivement, pensant qu'ils parlaient à quelqu'un d'autre car je me souvenais des paroles de Xolan qui me disaient que là où j'allais, je serais invisible. Avait-il tort ? 

    Ils se lèvent et viennent vers moi. Je remarque le symbole du vitrail présent sur le fermoir argenté de leur cape. 

    — Ah ces Apprentis, persuadés d'être Gardien avant l'heure, tonne une voix pleine d'autorité les arrêtant dans leur approche. Je lève la tête. Du haut de l'escalier, un autre homme, grand, blond, portant le même uniforme noir descend les marches d'un pas assuré. Mes yeux se portent sur sa cape d'un velours vert émeraude qui le rend beaucoup plus majestueux.

    — Vous savez que ce n'est pas en restant plantés là que vous allez y arriver ? 

    — On faisait juste une pause.

     — Fichez le camp !

Saisis par le ton inflexible de l'homme, les deux Apprentis quittent la salle sur le champ. 

    — Salut ! me lance l'homme d'un ton beaucoup plus jovial. Je ne crois pas qu'on se connaisse. Je suis Fhin, Gardien de Derniga et également formateur. Au vu de ta tenue, je pense que tu n'es pas au bon endroit.

    Je passe en revue ma tenue en question. Mes vêtements ne sont plus les mêmes que ceux que j'ai choisi ce matin avant de me rendre chez Xolan. Je porte moi aussi le même uniforme mais dans les tons gris foncés. Un pantalon cargo soutenu par une ceinture à boucle en métal, rentré dans des bottines noirs et un haut à manches longues qui contrairement aux autres paraît peu sophistiqué, sans plastron ni ornements. Porté très près du corps, il épouse parfaitement mes formes comme un corset mais le ressenti n'a rien à voir. La matière du tissue m'est inconnue, robuste mais souple et extensible. Elle offre une vraie liberté de mouvement. Je suis vraiment à l'aise dedans.

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