Draker

CHAPITRE 10 : Excès

CHAPITRE 10

EXCES

Il faut que j'y retourne. Et au plus vite ! Je viens de me réveiller, il fait encore nuit. Je découvre l'heure au moment où mes yeux se posent sur l'écran, je grimace. Il n'est que deux-heures-trente du matin. Immédiatement, je ferme les yeux, priant pour retourner rapidement à Derniga mais impossible. Je reste éveillée, agacée de ne pas pouvoir me rendormir. Puis, après un moment, voyant que rien n'y fait, je décide de sortir de mon lit. Je m'assois à mon bureau, saisis une feuille, une règle et des stylos de plusieurs couleurs. Je me remémore le planning de Derniga et reproduis le tableau à l'identique. Une fois terminé, je l'accroche au mur juste à côté de celui du lycée. Puis, je reprends du papier et essaie de les faire concorder. Il y a plusieurs créneaux libres que je peux utiliser pour voyager en plus des week-ends, des soirées et de mon temps de sommeil. J'aimerais pouvoir voyager plus souvent. Le problème c'est que je ne peux pas toujours voyager sur commande. J'ai suivi à la lettre les recommandations de Xolan. La respiration profonde, la visualisation... Je réalise soudain. La machine de Xolan ! C'est elle qu'il me faut.

Faut-il encore qu'il accepte car depuis notre dernière interaction, je doute qu'il ait envie de me revoir. C'est pourtant mon seul recours. Hors de question que je loupe ma rentrée à Derniga !

Le soleil ne s'est pas encore levé. Si je parviens à convaincre Xolan et si j'arrive à temps, je pourrais assister à la première leçon. C'est une séance d'initiation à l'auto défense, j'ai tellement hâte. Peut-être même que je pourrais assister au deuxième cours, celui du lancer de couteau.

Je profite de ma position de Fondateur pour appeler un chauffeur qui m'emmène illico presto à la gare centrale en quelques minutes seulement. J'arrive sur le quai en même temps que le premier métro et mon statut de privilégié me permet de monter directement à bord. Aujourd'hui, je suis reconnaissante de faire partie des Fondateurs. J'ai un peu honte de le penser après toutes les atrocités que j'ai pu balancer par le passé sur mon propre statut. Mais je l'avoue, ce matin, pour rien au monde je n'échangerais ma place. Pourtant, le regard triste de cette petite fille laissée sur ce quai me déchire le cœur. A cause de son statut de Citoyen, cela doit faire plus d'une heure qu'elle et sa mère attendent cette rame. La pauvre a dû être tirée de son lit bien avant l'aurore pour arriver avant l'heure de pointe. J'ignore où elles doivent se rendre mais leur raison est sûrement beaucoup plus légitime que le simple caprice d'une adolescente en pleine crise existentielle. Me sentant coupable, je baisse la tête et garde le silence jusqu'à mon arrêt.

Ma capuche rabattue sur ma tête, je sors de la station dans ce quartier toujours si peu rassurant mais j'ai un seul objectif en tête, et cela me permet de tracer ma route jusqu'à l'immeuble de Xolan. Arrivée au pied du bâtiment, je n'hésite pas un seul instant avant d'appuyer sur l'interphone. Je prie pour que Xolan réponde. J'ai déjà préparé mon speech avec des arguments solides pour le convaincre de me laisser utiliser à nouveau la machine. J'attends un moment devant la porte puis voyant que personne ne répond, je décide d'emprunter les escaliers de secours jusqu'à la fenêtre de son appartement. A l'intérieur de la pièce, il fait sombre, je n'y vois rien. Je toque à la vitre mais je ne détecte aucun signe de vie. Je réitère quelques secondes après mais en vain. Déçue, je m'assois en haut des marches de l'escalier de secours et j'attends.

Les minutes passent et je commence à me faire à l'idée que mon plan est tombé à l'eau. Le soleil est en train de se lever. Je vais louper ma première journée à Derniga et je n'arrive pas à l'accepter. C'était pourtant si bien parti...Tout était parfait jusqu'à cet imprévu. A vrai dire, je savais que revoir Xolan n'allait pas être facile mais je n'avais pas envisagé son absence. Et cette fois-ci, être Premium ne m'est d'aucune utilité.