𝑨𝒓𝒊𝒂/1

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🎵: Stan, de Eminem et Dido.

⛥ Retour en enfer ⛥

« On pense souvent avoir vécu le pire, mais le jour où on le connaît, on fuit »

Pour toutes les personnes qui sont habituées à leur solitude, j'espère qu'Aria ne vous détruira pas.

« You make me hate this city » Billie a toujours raison.

Aria

Franklinville, USA,
Novembre 2022.

Mes béquilles claquent contre le sol granuleux, je fais attention à ne pas glisser à cause des flaques d'eau qui ornent le trottoir. Ce temps maussade me déprime encore plus que je ne le suis déjà.

Les nuages gris tirent vers des teintes blanches, c'est presque aveuglant. Aucun rayon de soleil ne perce ce tableau de brouillard. Je déteste ce temps déprimant.

Mon humeur dépend souvent de la météo, s'il pleut je suis triste, et pas motivé, alors que quand le soleil brille, je suis très productive. Le gris c'est une belle couleur, elle se situe entre le blanc et le noir, la clarté et l'obscurité, le bien et le mal, pourrais-je dire. Et moi ? Vous me situez où ? La déesse de la clarté, la luminosité et pureté ? Ou la prisonnière du mal et de l'obscurité noircit par les péchés ?

Mon long jean bleu est déjà trempé, je croise les doigts pour qu'il ne soit pas trop sale, ça ne serait pas la première fois. Je haie la sensation du jean mouillé qui colle contre la peau, ça me gratte, je ne supporte vraiment pas cela.

Je respire un bon coup de cet air moite et humide pour essayer de me détendre. Il fait lourd, très lourd, l'air devient même étouffant.

Je mords fermement la peau de mes joues jusqu'à sentir l'horrible goût du cuivre envahir ma bouche, je fais abstraction à la douce souffrance que je m'engendre.

Je ferme deux ridicules secondes mes paupières. Les yeux clos, je me mets dans ma bulle pour ne plus entendre les murmures des gens autour de moi. Juste un instant, si je ne les vois pas, tout va bien, si je ne dis pas que je vais mal, je vais bien. Si on ne le dit pas, ça n'existe pas.

En ouvrant les yeux, je recommence à marcher pour rejoindre l'enfer.

J'arrive devant un portail, un tout nouveau portail. Trop de portails. Une douleur tel un coup de poignard se loge du côté droit de ma poitrine, peut-être que je fais une attaque au cœur, ce serait un cadeau du ciel.

Les portes de l'enfer sont en face de toi, Aria.

Je ne sais absolument pas où je dois me rendre. Je jette un coup d'œil à la rue dans laquelle je suis, je suppose que la direction a voulu que j'arrive en retard histoire de me prendre à part.

Super.

En revanche dans la cour, la foule ne manque pas, entre les garçons qui jouent au basket, les filles qui se sont installées sur le banc pour refaire leur maquillage et les surveillants qui fument une cigarette, je pense que je vais vite étouffer.

Effrayée par tout ce monde et les rires des autres, je suis complètement figée, ma jambe valide s'ancre dans le béton ne me permettant plus de bouger.

Bon retour en enfer, Aria.

– Mademoiselle, Angel ?

À l'entente de mon nom, je me fige, les battements de mon cœur s'accélèrent, je peux même l'entendre battre tellement les pulsions sont puissantes, je me retourne en direction de cet homme au crâne lisse que je suppose être un surveillant. Il est minuscule, peut-être légèrement plus grand que moi.

Inverted Mirrors Où les histoires vivent. Découvrez maintenant