𝑨𝒓𝒊𝒂/3

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🎵: Dark Beach.

⛥Mettre des mots à ses maux⛥

« Les gens ne vous croiront jamais tant qu'ils ne l'ont pas vu de leurs propres yeux »

Aria

Franklinville, USA,
Novembre, 2022.

Hier après-midi, quand je suis rentrée de l'hôpital, maman m'a directement ramené à la maison, il me restait seulement une demi-heure de cours après tout.

Le radiologue a confirmé que je n'ai pas de fracture de la rotule, ce dernier a mentionné que j'ai encore des hématomes sous la peau, ce qui provoque une douleur insupportable au toucher. Il m'a dit que progressivement je pourrais arrêter les béquilles, ce qui me rassure. Parce qu'aller en cours avec une jambe douloureuse et ces cannes, c'est affreux. C'est pour ça que je n'étais pas au lycée pendant deux semaines. A mon ancienne école, tout le monde voulait m'aider, ce n'était pas pour moi, mais juste pour prendre l'ascenseur. Je suis persuadée qu'ici aussi, mais bon je préfère rester encore quelque temps dans le déni.

Quelle bande d'hypocrites.

– Alors, cette deuxième journée dans ta nouvelle école ? demande ma mère en cuisinant.

Nulle.

– Ça aurait pu être pire.

Elle sourit pour me répondre en ajoutant du sel au plat.

J'inspire un bon coup, me dirige vers l'évier de ma cuisine et attrape un verre dans le lave-vaisselle, je le remplis à ras-bords et avale une gorgée de liquide glacé. J'adore boire glacé, les tisanes ce n'est clairement pas pour moi.

Ma mère passe sa main au-dessus de mon épaule, elle récupère le torchon posé très proche du lavabo et s'essuie la main.

– Je vais dans ma chambre en attendant que le repas soit prêt.

Ma mère jette un œil à l'horloge présente dans le séjour et commence à ronger son ongle.

– Quand je t'appelle ne tarde pas à venir, me préviens-t-elle.

J'opine et lui promis de descendre rapidement.

Et puis remonte dans ma chambre, alias : mon bunker.

Mon carnet, je dois chercher mon carnet.

Je fouille ma commode blanche à la recherche de mon cahier, mais c'est impossible de mettre la main dessus. Je retourne toute ma chambre à cloche-pied, des vêtements volent, sur un coup de malchance, je glisse sur mon plaid gris j'espère ne pas me blesser plus que je le suis déjà, je me rattrape de justesse grâce à mes mains. Un « boum » retentit, et mon cœur s'accélère, c'est bon, tout va bien, ça va.

Tout.Va.Bien.

Je reste assise, recroqueville ma jambe non blessée contre ma poitrine et me mets à réfléchir.  Mes doigts agrippent mes cheveux et tirent dessus très fort, je suis sûre que j'en ai arraché, mais tant que mon crâne ne saigne pas, ça va, tout va très bien.

Je mords comme à mon habitude mes joues pour essayer de calmer mon anxiété, des larmes se glissent aux coins de mes yeux.

Aria, ne pleure pas pour ça, ce n'est rien.

Tu l'as mis dans ton sac de cours ! me hurle ma voix intérieure.

Je me dirige jusqu'à cette table de chevet à cloche-pied et attrape l'objet qui connaît toutes mes pensées. La pression redescend instantanément, maman ne sait pas que j'écris, papa et Jules non plus.

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