Chapitre 8

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Gwenaël

- Putain Gwenaël, tu me rends fou.

J'essaye de ne pas trop montrer ma réaction pour ne pas alerter Vilem, mais vu notre proximité actuelle, je suis sûr qu'il a au moins aperçu le doute qui m'a envahi pendant quelques secondes. Alors pour cacher mon trouble, je me penche très légèrement pour déposer mes lèvres sur son front dans un baiser prolongé qui nous fait simultanément soupirer.

- Toi aussi, murmuré-je contre sa peau avant de caler mon menton sur sa tête.

- Alors pourquoi tu t'es détourné quand j'ai fixé tes lèvres un peu trop longtemps ? demande Vilem sur un ton boudeur.

- Parce que tu n'es pas vraiment en état, tu es vulnérable, tu viens juste d'avoir une crise de larmes contenues depuis je-sais-pas-quand et je ne veux pas abuser de toi d'une quelconque façon. Je ne veux pas prendre avantage de la situation quand tu ne vas pas bien, je veux juste être capable de prendre soin de toi pour une fois.

Un autre soupir me répond et je resserre mes bras autour de Vilem. Je ne voulais pas le blesser ou le contrarier, mais je ne pouvais pas non plus me résoudre à suivre mon envie en ignorant tous les signaux d'alarme qui s'étaient mis à clignoter dans ma tête quand je l'ai vu me regarder de cette façon-là. Je ne l'ai jamais vu paraître aussi vulnérable depuis la mort de son père.

- On peut continuer de regarder le film ?

- Bien sûr.

- Cool.

Vilem se penche vers la table basse pour reprendre le PC et se démerde pour le caler face à nous avant de se remettre tout contre moi, mais faisant face à l'écran cette fois. Je ne sais pas si je dois dire quelque chose ou pas, mais même si je le savais, je n'ai aucune idée de ce que je pourrai dire à cet instant ; je veux dire, Vilem a carrément ignoré tout ce que je viens de lui balancer tout en sachant que j'ai du mal à m'ouvrir aux gens en général, et à lui en particulier parce qu'il réagit tellement différemment de tout le monde que ça me donne envie de me confier et de lui balancer toute ma vie et mes secrets les plus profonds.

Vers les dernières minutes du film, Vilem s'est endormi et je me suis chargé d'éteindre son PC et de l'allonger sur le canapé dans une position plus confortable. Pendant quelques secondes, je reste debout, les bras croisés ; et je regarde Vilem. Son visage est crispé, il n'a pas l'air de dormir paisiblement comme d'habitude, non, quelque chose le tracasse et je crois que j'y suis pour grand-chose.

Soupirant lourdement, je finis par quitter le petit salon après avoir déposé un baiser sur la tempe de Vilem, ne pouvant pas atteindre son front. Je ferme la porte pour qu'il soit tranquille. Je redescends pour prévenir les autres qu'il s'est endormi et que je vais rentrer.

- Comment ça, il s'est endormi et tu pars ? demande Félice, les sourcils froncés.

- Bah, on regardait un film et il s'est endormi, et vu que j'ai pas mal de boulot, je préfère rentrer maintenant, expliqué-je doucement, essayant de ne pas juste lui tourner le dos et l'ignorer.

C'est tout de même Félice. Qui est un peu comme ma deuxième mère, et qui a toujours veillé sur moi quand la mienne ne le pouvait pas. Je ne peux pas juste l'ignorer et me casser.

- Gwen, tu es sûr que tout va bien ? Que vous allez bien ?

Il ne faut pas être un génie pour comprendre qu'elle parle de moi et Vilem, mais que dire ? Moi-même je ne sais pas si tout va bien pour nous. Si nous allons bien. Alors je hausse les épaules et tente un sourire sûrement peu convaincant.

- Ça va ouais !

- Tu sais que tu peux me parler, n'est-ce pas ? dit-elle en s'approchant de moi. Si quelque chose ne va pas et que tu n'as pas envie d'en parler à tes parents, je suis là moi aussi, et si tu ne veux pas qu'ils sachent, je te promets que je ne leur dirai rien sans ta permission.

RosadieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant