Un Autre David

Chapitre 3 : Je joue pour la première fois avec la louange de Reims

17 h 30

On a continué à répéter toute l'après-midi jusqu'à ce que les jeunes nous rejoignent pour la réunion.

Le trac arrive, même si je sais que ce n'est pas moi qui importe, mais la louange qu'on va donner. Je me demande si Rébecca à ce genre de trac quand elle monte sur scène pour chanter devant un public pour la première fois. Probablement que non. Les forces mystiques qui émanent de leurs chansons leur donnent probablement une sensation de courage. OK, j'arrête de juger leur musique, surtout que je suis assez mal placé pour reprocher quoi que ce soit à qui que ce soit dorénavant. Et à tout jamais.

Ce n'est pas le moment d'être submergé par la culpabilité. Tu n'es pas responsable de l'accident de tes parents. Je me répète cela intérieurement pendant une vingtaine de secondes afin de rester focus sur la louange qu'on va donner.

*

18 h

On est sur scène, Allan conduit ces moments comme un professionnel, je suis assez impressionné ; il nous fait signe quand il veut que nous stoppions nos instruments, quand il veut que nous reprenions. On sort un peu de ce qu'on avait prévu lors des répétitions, mais c'est fait avec une telle précision de sa part que tout est fluide. La salle est beaucoup plus remplie que la dernière fois où j'ai assisté à la réunion. La plupart des jeunes doivent probablement se demander : « Qui est ce nouveau guitariste ? » Depuis que je suis dans cette église, c'est vrai que je fais profil bas, à part avec le groupe bien sûr. Je sais plus trop comment m'intégrer aux gens, j'ai l'impression d'être là, mais pas vraiment, et je n'ai plus trop l'énergie de faire des efforts.

Après la louange, on descend s'assoir près des jeunes et Isaac prend place devant nous avec un micro.

- Comment ça va, la jeunesse ?

Tout le monde répond un bref « Ça va ».

- Vous dormez ou quoi ? Ce n'est pas la louange qui vous a endormis quand même ? D'ailleurs, est-ce qu'on peut applaudir l'équipe de louange, s'il vous plaît ?

Tout le monde applaudit, certains se tournent même vers nous.

- Je ne sais pas si vous avez remarqué, continue Isaac, mais on a un nouveau dans l'équipe. David, tu peux te lever, s'il te plaît ?

Je vois des têtes qui se tournent à droite et à gauche, cherchant la personne qui se manifestera. J'hésite un quart de seconde, puis Marc, assis derrière moi, me tape sur l'épaule.

- Allez, David, ne fais pas ton timide, dit-il.

Je me lève doucement et fais un signe de la main à la foule.

- OK, les sœurs, on se calme, laissez-lui au moins le temps d'arriver, plaisante Isaac en voyant des filles au premier rang rigoler. Merci, David.

Je me rassieds en souriant.

- J'espère que tu te plairas dans notre église, et sache que si tu es là aujourd'hui, ce n'est pas par hasard.

Ah ça, c'est clair, j'ai précisément fait en sorte de continuer mes études dans la ville d'enfance de mes parents. Donc je suis 100 % d'accord avec lui sur ce coup !

- Je suis persuadé que Dieu t'a placé ici pour une raison précise, poursuit-il, et qu'il a des plans extraordinaires pour toi et les gens qui t'entourent.

Des plans qui malheureusement n'incluaient clairement pas mes parents...

- Ce soir, on va parler des « coïncidences ». J'ai besoin de trois volontaires pour m'aider à illustrer une situation, s'il vous plaît. Lauren, Ophélie et Marc, venez un peu par ici, vous serez mes cobayes ce soir.