Un Autre David

Chapitre 4 : Je parle de Jésus à mon colocataire

Mercredi 4 octobre

Je n'ai pas eu cours cette après-midi, donc depuis 15 h, je répète les différentes chansons qu'on va être amenés à jouer pour le mariage, j'essaye de m'approprier les accords, les retenir. Ça s'annonce plus difficile que prévu, car sur dix, j'en connais quatre : trois chants d'Hillsong et un de Dan Luiten. Donc j'ai vraiment besoin de répéter, et avec mon planning au Quick, je ne vais pas pouvoir jouer avec les autres tous les dimanches.

Vers 18 h, j'entends Maxime qui passe la porte. Il a l'air un peu énervé ; il me salue rapidement et entre dans sa chambre. Il ressort cinq minutes plus tard, allume la télé, branche sa Xbox et s'affale à l'autre bout du canapé.

— Ça va ? demandé-je en espérant qu'il ne me déblatère pas ses déboires avec Jessica, car je dois aller travailler dans quinze minutes.

— Ouais, c'est les cours, ça me soûle ! Et Jessica aussi ! J'en étais sûr ! Elle me fait du chantage émotionnel pour que je ne passe pas à autre chose.

— Elle n'aurait pas de quoi te faire du chantage émotionnel si tu arrêtais de coucher avec elle, tu ne crois pas ?

J'ai rassemblé toutes mes forces pour n'émettre aucune opinion personnelle dans mon ton, mais il commence à me connaître, car il interrompt son jeu et se tourne vers moi.

— C'est facile à dire, David, c'est elle qui me colle sans arrêt. Je lui dis non pendant dix minutes, mais je ne suis qu'un homme. On est faibles, nous, les hommes.

Il se reconcentre sur son jeu, puis ajoute :

— Excepté toi, clairement. Toi, tu sais résister aux filles. Tu es sûr que tu n'es pas gay ? Il n'y a pas de problème, juste, dis-le.

— Non, je ne suis pas gay, je t'ai dit que j'ai eu une copine, c'était du sérieux entre nous. Ça s'est fini, mais c'était très sérieux.

— Ah oui, c'est vrai. Isabelle ? rigole-t-il.

Je regrette vraiment de lui avoir parlé d'Isabelle.

— Non, pas Isabelle, Manon. Ça devrait être facile à retenir pour toi, vu que tu cours derrière une fille qui a le même prénom.

— Wow, fait-il, faussement offusqué. Déjà, je ne cours derrière personne, je l'ai dans mon viseur et donc, j'établis une stratégie pour qu'elle attrape les signaux que je lui envoie.

— Aaaah, d'accord.

— Et du coup, c'est qui Isabelle déjà ? La fille de ton église que tu apprécies ? Ou alors c'est Anna ? Tu devrais passer la seconde avec l'une des deux, mec.

Mais pourquoi je lui ai parlé d'Anna ? Je me le demande.

Non, je ne devrais pas « passer la seconde », j'ai d'autres soucis en tête que de passer la seconde avec des amies. Enfin, Isabelle est mon amie ; Anna ne m'adresse jamais la parole, donc bon... Si les choses doivent se faire entre Isabelle et moi, ça se fera selon la volonté de Dieu. Je ne vais absolument rien tenter, rien dire et laisser les choses se faire. Et pour Anna... J'ai dû échanger cinq phrases avec elle depuis que je la connais. Sérieusement, je ne sais vraiment pas pourquoi je l'ai mentionnée à Maxime.

— Je préfère laisser les choses se faire. La fameuse Anna ne m'adresse jamais la parole et Isabelle est peut-être déjà avec quelqu'un, expliqué-je en pensant à sa proximité avec Marc.

— Demande-lui !

— Non, je ne préfère pas. Ce n'est pas ma priorité, les relations, pour l'instant.

Je commence à ranger ma guitare pour partir.

— David, je peux te poser une question un peu bizarre sur Dieu ?