Amalia
Je me réveille en sursaut, le cœur battant à tout rompre, ma respiration saccadée. Pendant un instant, je crois encore sentir la chaleur des larmes qui ont coulé toute la nuit, mais mon visage est sec, marqué seulement par une sensation de tiraillement désagréable. La lumière du matin traverse à peine les rideaux tirés, comme si le soleil lui-même hésitait à entrer dans cette chambre où la douleur s'est installée.
La pièce est petite, modeste, et baigne dans une atmosphère oppressante. Au mur, des photos de famille sont accrochées, des souvenirs lointains de jours plus heureux. Je me concentre sur l'une d'elles, une image d'Elio et moi au bord de la mer, souriants, insouciants. Comment avons-nous pu en arriver là? L'ombre de son absence semble étouffer l'espace, remplissant chaque coin de cette chambre trop silencieuse.
Le lit où je suis encore assise est défait, les draps en désordre, comme si je m'étais battue contre un cauchemar toute la nuit. Sur la table de chevet, une vielle lampe en métal éclaire à peine un carnet où sont griffonnés des souvenirs, des pensées confuses. Un verre d'eau a moitié vide y est posé à côté, l'eau devenue tiède, comme oubliée.
Au sol, mes vêtements d'hier traînent en boule à coté d'une paire de baskets usées. Tout semble morne, figé dans un désordre qui reflète l'état de mon esprit. Même la petite fenêtre à peine entrouverte laisse entrer un filet d'air, mais il n'apporte aucune fraîcheur, seulement une sorte de mélancolie, comme si même l'extérieur était accablé par la même douleur que moi.
Je m'assois sur le bord du lit, passant une main tremblante dans mes cheveux emmêlés. Une nouvelle journée, une de plus sans Elio. Une de plus où je dois supporter ce vide immense qu'il a laissé derrière lui.
Comment est ce possible ? Lui, mon frère, mon pilier dans cette vie d'ici bas, s'est "suicidé".
Tout en moi rejette cette idée. Elio ne se serait jamais donné la mort. Il y a quelque chose qui ne va pas, quelque chose que je dois découvrir.
" ¡Vamos Amalia! " ( Allez, Amalia ) Je me parle a voix basse, comme pour me forcer à bouger, à ne pas me laisser engloutir par cette douleur lancinante. " Tu dois continuer, tu dois trouver la verité."
Je me lève, mes jambes lourdes et ankylosées. Chaque pas vers la salle de bain me demande un effort monumentale, mais j'avance, parce que je n'ai pas le choix. Sous la lumière crue du miroir, je me fixe longuement. Mes yeux sont rouges, gonflés, entourés de cernes profondes. On dirait presque une étrangère.
Pourtant, cette étrangère, c'est bien moi.
Je tourne le robinet, plongeant mes mains sous l'eau glacée avant de l'appliquer sur mon visage, espérant qu'elle me réveillera, qu'elle me sortira de cet état d'étourdissement dans lequel je suis plongée depuis l'annonce de la mort d'Elio. Mais ca ne suffit pas. Rien ne suffira.
" Mierda, comment tu vas tenir la journée comme ça ? " ( Merde ) Mes propres mots résonnent dans la petite salle de bain, amers, presque accusateurs.
Je m'habille mécaniquement, enfilant un jean usé et un pull ample, comme pour me protéger du monde extérieur, de ces regards qui me rappellent constamment ce que j'ai perdue. Je n'ai aucune envie d'aller a l'université aujourd'hui, mais je dois. Je ne peux pas rester ici, à me noyer dans mon chagrin.
Je me dirige vers la porte, mon sac en main. Avant de sortir, je m'arrête un instant, la main sur la poignée. Une dernière respiration.
"Coraje, tu peux le faire. T'as pas le choix de toute façon." ( Courage ) Je murmure ces mots comme un mantra, une dernière tentative pour me convaincre que je tient encore debout.
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vanganza
Mystery / ThrillerAmalia, déterminée à découvrir la vérité sur la mort de son frère, se lance dans une quête obsessionnelle de justice qui la mènera au cœur sombre et impitoyable du cartel mexicain. Entre intrigue palpitante, relations interdites et révélations choqu...