Après une agréable nuit dans leur nouvelle cachette, le nouveau groupe se retrouve dans la pièce de vie. Nicolas s'est habillé de manière à s'accorder à ceux qu'il a libéré : il porte une tunique pourpre proche du corps qui tombe jusque sur ses genoux, un capuchon bleu et des bas proche du corps accompagné de chaussures fermées fines.
Mathieu et Nicolas sont les premiers levés, en profitant pour préparer le petit déjeuner pour leurs camarades : des jus de fruits, du lait et du pain. Peu de temps après qu'ils aient fini, Sabrina et Killian les rejoignent.
Bonjour ! commence Nicolas. J'ai quelques choses à vous proposer. Je vous ai fait libérer pour que vous me fassiez devenir musicien comme vous... mais que sont des musiciens sans instruments de musique ? Pour répondre à cette problématique, je vous propose que nous allions chez mon ami qui tient la forge-menuiserie.
Et en quoi ça nous aiderait ? l'interroge Killian.
Je te laisserai en juger sur place !
Sans plus attendre, ils enfilent leurs chausses et suivent Nicolas à l'arrière de la maisonnette. Il les emmène vers un bâtiment en deux parties, un peu plus imposant que la maison qui les accueille.
Le premier morceau du bâtiment est la forge. C'est un espace de travail plutôt grand et ouvert vers l'extérieur. L'enclume semble avoir vu plus d'un million de coups de marteau et les soufflets sont fatigués. Les différentes caisses et armoires portent pour l'un les divers matériaux et l'autre chaque outil utilisé par le forgeron à l'œuvre.
L'autre morceau de ce bâtiment est l'atelier de menuiserie. Ici, grands coffres ou petits objets du quotidien prennent vie. Contrairement à la forge, l'atelier de menuiserie est un espace totalement fermé, avec uniquement une ouverture dans le toit de chaume pour offrir la lumière naturelle d'un puits de lumière. L'établi de travail est jonché de sciure de bois et de tasseaux mal coupés.
Le tenancier du lieu arrive enfin, sortant d'une pièce joignant les deux espaces de travail sous une tourelle qui pourrait correspondre à sa propre habitation. C'est un homme aux longs cheveux noirs retenus en chignon. Une courte barbe et la moustache associée couvrent le bas de son visage. Il apparaît torse nu face au groupe, venant de préparer la forge pour être utilisée. Un pantalon ample, un sarouel à ce qu'il semble être, couvre ses jambes. Il accueille son ami et les nouveaux venus avec un grand sourire.
Bonjour Nicolas !
Bonjour Maxime !
En un regard ils se comprennent tous deux. Maxime fait entrer le petit groupe dans l'espace de l'atelier de menuiserie et ferme la porte, apposant de nombreux cadenas à celle-ci.
Tu connais mon amour pour la musique, commence Nicolas, alors voilà... J'ai fait sortir ses musiciens de prison. Leurs instruments leur ont été retirés quand le Gouverneur à commandé leur mise en cellule. Tu pourrais nous montrer tu-sais-quoi ?
Je peux, bien sûr.
L'homme regarde de haut en bas chaque prisonnier nouvellement libéré pour cerner leur personnalité. Il fait quelques mouvements avec ses mains au niveau de ses hanches, semblant étirer une pâte invisible.
Je vais avoir besoin de prendre des mesures sur chacun. Toi aussi Nicolas maintenant.
Il commence par Sabrina, l'invitant à le suivre dans l'antichambre des deux ateliers sous la tourelle. C'est un espace assez restreint. La fixant dans les yeux, il pose ses mains sur ses hanches pour jauger la taille de celle-ci. Il la lâche ensuite et se retourne brusquement. Il semble choisir quelque chose derrière lui que Sabrina ne voit pas. Puis, une fois choisi, il lui présente une vièle à roue comportant de beaux ornements. Conquise, Sabrina la prend dans ses bras pour en caresser les touches du piano.
Par la suite, chacun se voit confier un instrument par l'artisan : Mathieu est doté d'une nyckelharpa, un bouzouki est donné à Killian, Nicolas se voit attribuer une cornemuse et Maxime se choisit un davul. Mathieu commence à entonner une douce mélodie de sa nouvelle compagne. Tous sont envoûtés par la mélopée.
Des sons d'armures à l'extérieur de l'atelier viennent l'interrompre. On frappe à la porte et Maxime vient recevoir à sa porte.
Nous sommes à la recherche de trois prisonniers en fuite et d'un soldat dénommé Nicolas ayant fait acte de désertion.
Désolé, je ne connais personne de ce nom. J'espère pour vous que vous retrouverez vite ces musiciens damnés.
Et il ferme sa porte. Une faible odeur de brûlé commence à humecter l'air ambiant. Sans que le forgeron-menuisier ne s'en rende compte, les soldats sont en train de mettre le feu au bâtiment. Maxime s'est trahi : les soldats n'avaient pas dit que les fuyards étaient musiciens.
C'est quand Sabrina et Killian se mettent à tousser que l'odeur leur parvient enfin. Maxime a alors une expression de panique qui vient creuser son visage.
Non... Pas l'atelier...
Sidéré, il n'est plus capable de bouger, fixant avec désespoir les premières flammes grignotant le bois. Il ne réagit pas, même quand Nicolas le secoue par les épaules pour lui dire de fuir. Mathieu a, pendant ce temps, trouvé une sortie de secours. Tous se précipitent à sa suite sans plus attendre.
Assez vite, ils se retrouvent du côté de la maisonnette de Nicolas. Ils la découvrent fumante elle aussi. Le propriétaire en est estomaqué, tombant sur ses genoux.
C'est pas vrai... c'est pas possible... Non !
Il reste de longues minutes ainsi à regarder les flammes dansantes qui engloutissent l'habitation qu'avait construite son arrière-grand-père il y a de nombreuses années. Un trésor familial partant en fumée, tombant en cendres.
Les yeux emplis de haine, il se tourne brusquement vers les anciens prisonniers. Accroupi, il prend son élan pour plonger sur Mathieu, s'étendant de toute sa longueur dans son extension, tel un félin.
C'est de ta faute ! C'est uniquement de ta faute ! Si tu n'avais pas été musicien, personne n'aurait brûlé la maison de mon aïeul !
Furieux, il lance coups de poings et coups de pieds dans les côtes du musicien à moustaches. Mais Mathieu ne répond pas, il se défend seulement pour atténuer les coups. Il se protège avec des parades de ses bras ou tente d'esquiver les quelques coups au visage. Il accepte la colère de son libérateur, il sait qu'il est en partie responsable de cette destruction, même si c'est totalement involontaire.
Maxime vient enfin leur porter secours, saisissant l'homme-cigogne par la taille pour le soulever et l'écarter de Mathieu. Sabrina vient auprès de l'homme à terre pour lui porter secours, s'inquiétant qu'il soit blessé. Étonnamment, il n'a rien excepté quelques égratignures. Encore au sol, il souffle à son assaillant :
Nicolas, je suis sincèrement désolé pour ta maison, la maison de ta famille. Si je pouvais, nous la construirons ensemble. Mais nous n'avons plus rien, et la garde a le souhait de nous capturer. Je pense que nous sommes voués à devoir nous cacher. Comme pour Maxime, il ne nous reste plus qu'une chose, nos instruments de musique.
Nicolas, encore bouche bée, regarde Mathieu comme un Saint apparaissant à lui. La musique, n'est-ce pas ce qu'il avait toujours voulu faire ? Certes, les circonstances sont atténuantes, mais il peut enfin faire ce dont il a toujours rêvé.
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La Maisnie Hellequin - Fanfiction
FanfictionRetournons aux origines fantastiques de ce superbe groupe de musique