Après ces douloureux événements, la bande nouvellement formée s'était dirigée vers la taverne où Mathieu avait été repêché deux jours avant. Le tenancier leur avait alors proposé de leur laisser la grange désaffectée pour dormir. En contrepartie, ils ne devraient faire aucun bruit, ne pas se faire remarquer.
Dans la grange, chacun s'est installé son petit coin personnel pour dormir, esseulé et confortable. Au centre de cet habitat de fortune, un petit feu de camp illumine les visages fatigués des cinq camarades. Mathieu, allongé à la romaine, contemple Nicolas, cachant son regard avec les flammes.
Mathieu, l'interrompt alors Maxime, faisant sursauter le moustachus. D'où t'es venu cet amour de la musique ?
L'intéressé, désormais les yeux dans le vague, réfléchit. Il repense à sa famille sur les routes qui jouaient et chantaient lorsqu'il était enfant.
Ça me vient de mes parents. C'étaient des musiciens, ils ont été les précurseurs de leur art. Mais en arrivant ici, ils m'ont été enlevés. Je ne sais pas pendant combien de temps j'ai été seul comme ça, mais la dernière fois que je les ai vus, ils étaient au gibet. Ils ont été accusés de trahison à la couronne et pendu. J'avais une dizaine d'années à l'époque. Mais c'est comme si c'était arrivé hier. Je sais que mes parents étaient innocents de ce dont ils étaient inculpés. Quand j'ai vu les cordes se tendre sous le poids de leur corps, j'ai juré de ne jamais arrêter la musique. Ils me disaient toujours : "c'est la musique qui fait vivre les âmes", alors j'ai gardé cette philosophie. Je suis parti à mon tour sur les routes, avec les instruments de mes parents. Mais je les ai perdu en étant attrapé par la garde du régent.
Chacun l'écoute en silence, son histoire commençant à résonner avec la leur.
Je suis désolé Mathieu. Pour ce que je t'ai dit tout à l'heure. Et ce que tu as vécu.
Mathieu sourit à Nicolas. Celui-ci a déjà réfléchi à ce qu'il s'est passé. Il sait que c'est sur le coup de l'émotion de la perte de tout ce qu'il avait avant que l'homme-cigogne a agit ainsi.
Je t'ai déjà pardonné mon ami ! Et toi, c'est quoi ton histoire ?
Nicolas, pris au dépourvu, rougit aussitôt.
Oh tu sais, mon histoire n'est pas très palpitante comparée à la tienne...
Aller, dis nous, je suis certaine que c'est intéressant ! intervient Sabrina.
Bon, d'accord. Si la dame le veut.
Il s'assoit plus confortablement, arrangeant les blocs de paille autour de lui pour se faire un nid douillet pour l'homme cigogne qu'il est.
Alors moi j'ai toujours été soldat, dès mes seize ans. Mais quand j'étais enfant, la musique c'était le rêve de mes parents, et c'est devenu le mien. En entrant dans la garde, j'ai appris que le Gouverneur chassait les musiciens, comme quoi une prophétie disait que des musiciens serait la cause de la destruction de la ville. Mais d'après les plus anciens gardes, ce ne serait pas le Gouverneur qui aurait décidé ça mais il serait influencé par une force divine. Apparemment le Gouverneur apprécie beaucoup la musique.
C'est ce qu'on a observé aussi avec Sabrina, ajoute Killian.
Comment ça ?
Mes parents étaient chimiste pour le Gouverneur et ils ont toujours travaillé avec de la musique autour d'eux. Mais depuis quelques années, la musique a cessé. On a mené nos recherches avec Sabrina en allant interroger les nouveaux chimistes et magiciens ayant remplacé mes parents et eux aussi ont observé une présence divine visiblement néfaste auprès du Gouverneur.
Le silence s'installe entre les compagnons. Cela les inquiète et ils ne peuvent rien y faire. Sauf si...
Mais la musique ? intervient Maxime. Si elle a été arrêtée par la volonté de cette force divine, n'est-ce pas parce qu'elle pourrait l'arrêter elle même ?
Pardon ?
Eh bien oui, si quelqu'un arrête quelque chose, c'est parce que cela pourrait lui faire du mal. Enfin il me semble.
Tu as raison. Et tu veux mon avis ? Je pense qu'il est de notre devoir de détruire cette force obscure quelconque soit-elle !
Sabrina, toujours silencieuse, sourit. Elle pose sa main sur la vielle à roue nouvellement sienne. Un petit éclair se produit avant le contact de la main et du bois. Maxime, apercevant l'éclair souris intérieurement. Son chef-d'œuvre est enfin accompli.
C'est peut-être idiot comme question, mais comment vous vous êtes rencontrés Killian et toi ? On pourrait croire que vous êtes de la même famille tant vous vous ressemblez ! demande t-il alors.
Oh... eh bien disons que c'est un peu ça. J'étais servante auprès du cabinet de chimie et de magie de ses parents. On s'est rencontré lors de mon premier jour et on ne s'est plus lâché.
Sa main vient se poser involontairement sur celle de son camarade. Lorsqu'elle s'en rend compte l'instant suivant, elle tourne au rouge pivoine et la retire immédiatement. Killian esquisse un léger sourire à ce contact.
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La Maisnie Hellequin - Fanfiction
FanficRetournons aux origines fantastiques de ce superbe groupe de musique