Ch3 : Alliance inattendue

1.9K 59 45
                                    

Jordan se tenait à l'entrée, pétrifié par la scène devant lui. Gabriel était au sol, prostré, avec des traces visibles de coups sur le visage. Stéphane, son agresseur, se tenait au-dessus de lui, essoufflé et enragé. La tension dans l'air était palpable, chaque seconde s'étirant dans une éternité de silence oppressant.

Jordan serra les poings, le regard noir. Il n'avait jamais été particulièrement proche de Gabriel, mais voir son rival dans un tel état de vulnérabilité éveillait en lui une rage profonde. Sans plus réfléchir, il s'avança dans la pièce, attirant l'attention de Stéphane.

- Qu'est-ce que tu fous là, toi? cracha Stéphane, surprenant Jordan par son agressivité immédiate.

- Tu vas t'éloigner de lui, maintenant. Dit Jordan d'une voix glaciale, en fixant son regard sur celui de Stéphane.

Stéphane éclata de rire, un rire dénué de toute joie, purement menaçant.

- Et tu crois que c'est toi qui va m'arrêter? C'est une affaire privée, dégage.

Jordan s'approcha davantage, son cœur battant à tout rompre. Il n'était pas certain de ce qu'il faisait, mais il savait qu'il ne pouvait pas reculer maintenant. Pas dans cette situation.

- J'ai dit éloigne toi de lui.

Stéphane se jeta sur Jordan sans prévenir, mais Jordan, grâce à l'adrénaline, réussit à esquiver le coup de poing et répliqua avec une force qu'il ne connaissait pas. Le combat fut bref mais brutal. Jordan réussit à mettre Stéphane à terre, le maintenant avec difficulté.

- Ça suffit. Appelle la police, Gabriel. Tout de suite.

Gabriel, encore sous le choc, hésita quelques instants avant de ramper vers le téléphone. Ses mains tremblaient tellement qu'il eut du mal à composer le numéro, mais enfin, il réussit.

- Allo.. Police... Venez vite, chez moi... Mon... mon compagnon m'a agressé... Dit-il d'une voix brisée.

Jordan maintenait fermement Stéphane, qui continuait à se débattre et à proférer des menaces. Les minutes s'étirèrent comme des heures jusqu'à ce que les sirènes de la police retentissent au loin, se rapprochant rapidement.

Les policiers entrèrent en force, prenant rapidement le relais de Jordan. Stéphane fut menotté et emmené hors de la maison, hurlant des insultes jusqu'à disparaître de la vue. Jordan, à bout de souffle, s'assit lourdement sur une chaise, observant Gabriel qui tremblait encore de peur et de choc.

Une policière s'approcha de Gabriel, lui parlant doucement, tentant de le calmer. Jordan observait, sentant la colère se transformer en une tristesse accablante. Gabriel ne méritait pas ça. Personne ne méritait ça.

Après de longues minutes, les policiers prirent les déclarations de chacun et transportèrent Gabriel à l'hôpital pour un contrôle. Jordan, ne voulant pas laisser son rival seul dans un tel moment, proposa de l'accompagner.

- Tu n'es pas obligé, murmura Gabriel en le regardant avec des yeux rougis de larmes.

- Je sais. Mais je veux le faire.

À l'hôpital, Gabriel fut pris en charge rapidement. Jordan resta dans la salle d'attente, réfléchissant à tout ce qui s'était passé. Il se demandait comment il n'avait jamais pu deviner ce que Gabriel endurait, pourtant il avait remarqué ses traces de coups au poignet. Ils avaient toujours été rivaux, mais Jordan se rendait compte maintenant que cela n'excusait pas l'indifférence à la souffrance de l'autre.

Quelques heures plus tard, Gabriel sortit enfin de la salle de consultation, le visage fatigué mais visiblement soulagé. Il s'approcha de Jordan, s'asseyant à côté de lui.

- Merci, murmura-t-il, incapable de trouver d'autres mots.

Jordan hocha la tête.

- Je pouvais pas rester sans rien faire. Tu ne mérites pas ce que Stéphane t'a fait subir.

Gabriel baissa les yeux, honteux.

- J'aurais dû partir depuis longtemps, mais... c'est compliqué.

- Je comprends, l'important, c'est que tu sois en sécurité maintenant. répondit doucement Jordan.

Le silence s'installa entre eux, mais cette fois, il n'était pas pesant. C'était un silence de compréhension, de solidarité naissante. Jordan regarda Gabriel, se demandant comment il pouvait l'aider davantage.

- Écoute, Gabriel. Tu ne devrais pas retourner chez toi tout de suite. Si tu veux, tu peux rester chez moi pour quelques jours, le temps de te remettre et de trouver une solution.

Gabriel leva les yeux, surpris.

- Je... je ne sais pas. C'est gentil, mais...

- Pas de mais. Tu as besoin de te reposer et de te sentir en sécurité. Chez moi, personne ne te fera de mal.

Gabriel finit par accepter, reconnaissant. Ils quittèrent l'hôpital ensemble, Jordan avait demandé de garder le secret medical pour ne pas rendre cet affaire publique, ça attirerait trop l'attention. Gabriel le ferais de lui même.
Jordan soutenait Gabriel qui avait du mal à marcher correctement. Une fois chez Jordan, l'atmosphère était beaucoup plus détendue. Gabriel s'installa de nouveau sur le canapé, cette fois avec un sentiment de sécurité.

- Merci encore, Jordan. Je ne sais pas comment je vais te rendre ça.

Jordan sourit doucement.

- Tu n'as rien à me rendre. Juste prends soin de toi, d'accord? On s'occupera du reste plus tard.

Les jours passèrent et Gabriel commença lentement à se remettre de ses blessures, tant physiques que psychologiques. Jordan, malgré leurs différences passées, s'efforçait de lui offrir un environnement stable et rassurant. Ils passaient de plus en plus de temps ensemble, découvrant des aspects de l'autre qu'ils n'avaient jamais pris le temps de connaître.

Malgré tout, ils devaient continuer a travailler sur leurs commissions.

Un soir, alors qu'ils étaient assis sur le canapé, une bouteille de vin à moitié vide entre eux, Gabriel brisa le silence.

- Tu sais, je n'aurais jamais imaginé qu'on se retrouverait ainsi, à discuter tranquillement.

Jordan sourit.

- La vie est pleine de surprises. Et parfois, elle nous pousse à voir les choses différemment. Je pense qu'on peut mettre nos différences de côté et... peut-être devenir amis, malgré nos opinions politiques

Gabriel hocha la tête, un léger sourire aux lèvres, mais incertain, pensant au conséquences que ça engendrerait.

- Oui, peut-être. Merci, Jordan. Pour tout.

Ils trinquèrent en silence, le regard tourné vers l'avenir. Un avenir où leur rivalité politique ne serait plus qu'un souvenir lointain, éclipsé par une amitié née des circonstances les plus inattendues. Gabriel savait qu'il avait encore un long chemin à parcourir pour se reconstruire, mais avec un ami a ses côtés qui savait tout, il se sentait prêt à affronter l'avenir avec une nouvelle force.

Le lendemain, ils se rendirent ensemble au commissariat pour finaliser les dépositions. Jordan soutenait Gabriel moralement, lui assurant qu'il ne serait plus jamais seul face à ses démons. Le chemin vers la guérison serait long, mais Gabriel n'avait plus à le parcourir seul. Ils avaient traversé une épreuve difficile, mais cela avait forgé entre eux un lien.

Et pour la première fois depuis longtemps, Gabriel se sentait optimiste quant à l'avenir. Il savait que, quoi qu'il arrive, il pourrait compter sur Jordan. Et cela faisait toute la différence.

Interdiction [ BARDELLA X ATTAL ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant