ii. si demain n'existe plus

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je suis un-e inconnu-e
je réside dans les mirages
ce soir il y a des nuages sur mes cils
ils vacillent et je pleure pour les faire disparaître
et je prends le ciel dans mes mains,
déployées comme les ailes des aigles,
creuses comme les roches des rivières
le ciel dans mes mains ne ressemble à rien
je suis son inconnu-e ; il ne me reconnaît pas
et le ciel, sans pitié, sans larmes, m'oublie aussi vite que je le garde entre mes mains closes
le ciel ne veut rien dire, il ne peut rien
je ne le regarde pas
je le sens rebondir sur le haut de mon crâne
et j'ai des nuages sur les lèvres
je les humidifie, les mords et ils disparaissent
je suis cet-te inconnu-e,
cellui qui dort dans le lit du grenier, enveloppé-e dans la couverture rouge
je suis les pas dans les graviers et je m'éloigne sans cesse
le ciel est dans ma main, il me tiraille, me fait jaillir de l'intérieur
le ciel, au fond, n'est que le bleu du sang
mais le sang n'est pas bleu ; j'ai besoin de comprendre
je ne crains pas la folie
je la réclame, la quémande, je vais la chercher à la source
la folie c'est de ne pas regarder le ciel qui s'abat sur nous, c'est faire comme s'il n'existait pas
ce soir, il n'y a pas de ciel et il ne fait nuit que dans mes yeux
ce soir, j'ai laissé tomber les clés de la maison et je me suis assise sur le trottoir
j'ai refusé de me faire entrer et le vide au dessus de ma tête n'a rien dit
ce soir, j'ai perdu la tête, j'ai changé de prénom et j'ai mis du soleil sur mes joues
ce soir, je suis tombé-e amoureux-se — de toi — et j'ai fait comme si cela n’arrivait pas tous les autres soirs

je me drape de ton souvenir Où les histoires vivent. Découvrez maintenant