02.07.24

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Est ce qu'écrire me donnera plus de force ? En attendant de trouver un journal plus approprié, je ressors Libre Office. Comme à une certaine époque, où mon inconscience était uniquement guidée par mon imagination. Une imagination débordante qui s'est montrée bien utile pour défier les assauts de la réalité. Cruelle, froide et terriblement juste, elle n'échappe à personne même si nous la fuyons toute notre existence.

Mais qu'est-ce qu'une réalité ?
De ce que j'ai compris des écrits de John Cowper Powys, toute réalité fût-elle tangible ou construite dans notre inconscient à tout à fait le droit de vivre, d'exister, et d'amener en mon sens, une chose essentielle pour survivre à la vie : l'espoir.

Ma réalité, aujourd'hui, est assez fade, plutôt coincé. Bloqué entre deux étapes de vie, une passerelle qui semble jusqu'alors infranchissable.

Durant 3 ans, je me suis émerveillé des richesses de l'indépendance, du moins du premier goût que j'ai pu tester. Ce fut un travail long, accompagné par une glorieuse personne qui, aujourd'hui doit encore avoir le ventre qui s'arrondit. Sans elle, je ne me serais pas retrouvé tel que je suis actuellement, pleinement moi. Quelle sensation étrange de se sentir libre de tout fardeau et chaînes du passé, et pourtant, notre véritable être reste bloqué, enlisé dans les roues du système de la vie. C'est comme si, malgré toute la volonté que j'ai acquis, l'indépendance que j'ai gagné, je reste bloqué par de stupides peurs fondamentales.

Jugement

Oubli

Échec

Car avoir le regard bienveillant d'une âme n'efface néanmoins pas les milliers d'autres que j'imagine me fixer à chaque action de ma vie. Mon corps en devient paralysé, les appréhensions des autres me brident dans mon expression. Ou bien est-ce moi, tout du long, qui me mets des barrières, refoulant mes véritables capacités ?

Pour la dernière fois dans cette ville, je vais boire un verre avec Matt - espérons que la politique ne soit pas le seul sujet de conversation - cela fait pourtant un mois que j'ai terminé ma licence, vacillant entre la gare, la cathédrale et mon propre lit.
Tout me semble fade et pourtant, je n'arrive pas à la quitter. Ma vie, je veux dire, cette vi(ll)e.

À mon retour, je devrais agir. Car la peur entraîne de l'inefficacité (comme le témoigne aussi mon écriture, plutôt que de faire les tonnes de choses encore dues).

Trier, emballer, charger, trouver, recommencer.

Une chose est sûre, l'indépendance se mérite, elle coûte cher mais c'est aussi la plus précieuse des choses qu'un être humain peut espérer. Car je vais continuer de garder la foi.

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C'était comme si chacun de nous ne voulait pas en finir avec l'autre. Après avoir déambulé dans les rues humides et sombres de la ville, nous nous sommes échoués chez lui. Il a joué de la guitare, j'ai chanté - enfin, dans ma tête, pour les voisins- il était si tard. Mais toute chose, qu'elle soit bonne ou non à une fin. Je l'ai enlacé, jamais nous nous sommes pris dans les bras l'un de l'autre avec tant de volonté. Le creux de son cou semblait un bon endroit pour y enfuir tous mes chagrins, car en cette pluvieuse soirée, je l'ai quitté, et ça m'a fait plus mal que prévue.

Après, j'ai lancé Meydei et ça allait mieux.

Journal de BordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant