Ce matin, un chant bien singulier m'a fait ouvrir les yeux. Cela faisait des années que je n'avais pas entendu ce crissement singulier venant des pins du Sud.
C'est comme une madeleine de Proust qui me ramène dans mon enfance. Je m'imagine assis sur une chaise, à l'ombre, sur la terrasse carrelée de la villa familiale, sous un grand feuillu. Le ciel est clair seulement tâché de quelques nuages éparses. Il fait chaud mais je ne transpire pas. Ma peau déjà bronzée par les premières chaleurs s'est habituée.
Puis je l'imagine, pointant son nez du haut de la colline, sa chevelure brune contrastant avec les blés secs autour de lui. Il est facile de le remarquer, à travers ces hautes herbes, il agite ses bras d'enfants avec enthousiasme. Je souris et saute de ma chaise pour le rejoindre, les blés fouettent mes mollets au passage. Main dans la main nous courrons vers notre innocence, rigolant devant les adultes contrariés par une réalité qui nous échappent encore. Leurs airs moroses nous semblent futiles face à la beauté du paysage et la chaleur du soleil.
Le soleil est chaud, je transpire à grosses gouttes, fatigué de la course. L'ombre d'un pin nous semble idéale, je m'allonge et lui à mes côtés. En fermant les yeux nous nous laissons bercés par le crissement des cigales. Ses cheveux sont chaud contre la joue, sa respiration lente, il dort.Quand j'ouvre à nouveau les yeux, les blés ont disparu, les pins n'ont plus d'aiguilles et il n'a plus dix ans. Chacun à plongé dans cette morose réalité d'adulte que nous prenions un plaisir à ignorer.
Et aujourd'hui les cigales chantent autour de moi. En fermant les yeux, je suis de retour à ses côtés à l'ombre du pin de Provence, notre insouciance collée au visage et nos rêves d'amour encrés dans nos esprits.
Que devient-il?
Écoute-t-il toujours les cigales ?
Pense-t-il à nous dans ces moments-là?...
Pense-t-il à moi ?
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Journal de Bord
De TodoPour moi un moyen de me souvenir, pour vous un moyen de vous divertir. Je suis Zach et...c'est ma vie.